Est-ce que vous pouvez vous présenter ?
Tom Holtzinger : Moi c’est Tom. J’ai 28 ans, j’habite au Luxembourg depuis quatre ans, je suis marié et j’attends une petite fille qui va arriver fin mai. Je suis chef de projet informatique dans une boite au Luxembourg spécialisée dans la logistique. Et à côté de ça, j’ai toujours été passionné de sports et d’entrepreneuriat.
Luc Holtzinger : Je suis Luc, j’ai 23 ans. Je suis à mon compte dans la vidéo en tant que monteur vidéo. J’ai fait une école de commerce avant ça, et j’ai commencé le golf il y a un an environ.
Quand et comment est née l’idée de TwoBrothers ?
L.H : À la base, je suis remonté au Luxembourg pour un projet vidéo avec Tom sur un tournoi. Et on s’est retrouvé un peu par hasard tous les deux sur une voiturette avec une caméra, des drones. De suite, on s’est dit « Putain, c’est vraiment kiffant de faire ça. On est ensemble, l’ambiance autour est au top, c’est génial. » C’est à ce moment que l’on s’est dit que lorsque je remonterais au Luxembourg à la fin de mes études, pourquoi ne pas faire quelque chose ensemble ? On a regardé un peu le monde de youtube, qui produisait du contenu, comment cela s’agençait… Et on est vite arrivé à la conclusion qu’avec nos qualités en vidéos, et le fait que nous soyons un duo assez atypique dans ce monde, deux frangins, ça pouvait peut-être marcher. Et sans grande ambition on a fait une première vidéo.
T.H : On s’est vraiment lancé sans pression, par passion. On a calé un trépied derrière le premier swing. On a galéré comme pas possible à faire tout ce parcours (rires).
L.H : Plus de quinze heures de montage (rires) !
T.H : Et au final, on a eu un retour positif très rapidement, avec une communauté qui a vite répondu présent. Et maintenant, ça fait un an et demi, et sincèrement, c’est l’éclate tous les jours.
Et en quoi consiste exactement TwoBrothers ?
T.H : C’est une chaîne YouTube où on joue au golf. On n’est pas professionnel, on ne donne pas de cours ou de conseils sur comment bien jouer. Les gens ne viennent pas nous regarder parce qu’on joue bien, mais parce qu’on s’amuse énormément en le faisant. On se filme sur des parcours avec pleins d’invités, de très bons golfeurs, certains moins bons. Au final, l’important ne réside vraiment pas dans notre niveau de jeu, mais bien dans la passion pour ce sport que l’on a et transmet.
L.H : Exactement. Le but est aussi de montrer à la population sportive francophone que le golf, c’est un vrai sport, et non pas quelque chose simplement pour les vieux et les riches le dimanche matin en voiturette. Une fois qu’on est piqué, on y reste, et il y a toujours cette recherche de la performance qui est je dirais presque addictive.
T.H : Ce qu’on veut montrer, c’est que ce sport est une compétition à tout moment, contre soi-même. Que cela soit à un niveau professionnel ou loisir, la passion est instantanée.
Combien de temps cela a t-il pris entre le jour où l’idée a germé et la première vidéo ?
T.H : En novembre, Luc est arrivé au Luxembourg pour son stage de fin d’étude chez Adada. On était ensemble, et je pense qu’on commençait à se poser des questions. Mais au Luxembourg en hiver, jouer en golf ça n’est pas le plus simple (rires) ! Donc on a pu avoir le temps de laisser le projet germer, et on a fait notre première vidéo en tout début février. Mais entre le moment où on a réellement décidé de le faire et la première vidéo, il y a eu au grand maximum une semaine. Pour la petite anecdote, on avait tellement galéré à la monter qu’on s’est dit « Si ça ne fait pas mille vues au bout d’un mois, on s’arrête la. C’est trop de travail ». Et au final, les 1000 vues sont arrivées.
L.H : On a d’ailleurs repensé à ça récemment, en voyant que nos vidéos aujourd’hui atteignent les 1 000 vues en une ou deux heures. Ça nous permet de nous rendre compte du chemin accompli.
Entre vos débuts et aujourd’hui, à quel point les choses ont-elle évolué ?
L.H : On a déjà la chance d’être soutenu par Puma, qui nous apporte beaucoup de crédibilité dans le monde du golf, mais aussi globalement dans la diaspora du sport. On a aussi eu le privilège de travailler avec une entreprise luxembourgeoise, Eurogolf, qui nous a soutenu et cru en notre projet dès le début. Tout ça nous permet aujourd’hui d’avoir la chance de recevoir des invités de plus en plus reconnus, des bons joueurs, des très bons joueurs même. On peut même se retrouver avec des personnalités, ou des acteurs d’autres sports.
T.H : On commence aussi à être reconnu, ce qui la première fois fait très très bizarre (rires) !
L.H : Pour tout vous dire, la semaine dernière, j’étais à Mimizan dans un golf. Et un des pros est venu me demander une photo !
T.H : Le pro joue quand même dix fois mieux que lui !
L.H : Quinze fois mieux (rires) ! « J’adore trop vos vidéos, continuez les gars, ça change l’image du sport ». Ça touche énormément, et donne vraiment la sensation que l’on fait du bon boulot.
T.H : Après je dirais que la chose qui a le plus changé en un an, c’est qu’aujourd’hui, on n’a plus besoin de batailler avec les clubs pour expliquer ce que l’on fait, notre démarche etc… Tout doucement, comme cela prend de l’ampleur – et je ne parle pas que de nous, beaucoup de youtubeurs débarquent aujourd’hui sur le golf – et que le marché se développe, cela facilite la tâche.
L.H : En guise d’exemple, il y a un an, on devait être une quinzaine de vlogeurs francophones. Aujourd’hui, il doit y en avoir approximativement soixante. Ce sont des chiffres quand même vraiment impressionnants. Et je pense que cela va continuer. Plus il y a de contenu, plus il y a de gens qui s’intéressent, et se lancent aussi. C’est un véritable cercle vertueux.
Le golf est considéré comme un sport assez traditionnel, old school. Avez-vous senti une défiance de l’intérieur vis-à-vis de votre approche ?
T.H : Franchement oui. On nous regardait de haut, on ne comprenait pas trop ce qu’on essayait de faire. Il faut se rappeler que l’âge moyen du golfeur au Luxembourg tourne entre 55 et 60 ans. C’est donc une population qui n’a généralement pas baigné dans le digital. Et nous, on a débarqué, 100% digital, deux jeunes qui voulaient taper fort…
O.H : Sans bien jouer (rires).
T.H : Oui, voilà. Et dans certains clubs, cela détonnait, c’est certain. Dans quelques clubs, c’est d’ailleurs encore le cas aujourd’hui, il y a toujours un gros décalage entre ce que l’on veut développer, l’image que l’on veut apporter, et l’ancrage traditionnel de ce sport.
L.H : Et je veux juste être parfaitement clair vis à vis de tout ceci : notre but n’est pas de dénaturer le golf. On ne se mettra jamais torse-nu ou ce genre d’imbécilités. Par contre, avoir ce côté jeune, moderne, apporter des petites touches qui peuvent amener le golf dans une nouvelle génération, ça oui.
Vous arpentez les terrains de golf en France, mais aussi ceux du Luxembourg. Est-ce que vous sentez une différence en terme de réception, d’ouverture ?
T.H : Oui, clairement. L’exemple le plus simple c’est que l’on arrive plus facilement à travailler avec la Fédération Française de Golf, qui rassemble 500 000 personnes qu’avec celle luxembourgeoise ! Mais pour nous c’est une vraie volonté. Aujourd’hui, je me considère tout simplement luxembourgeois. Je suis résident, j’ai ma maison, ma femme, ma fille va être luxembourgeoise. Et j’ai envie de développer ce projet ici. C’est un vrai objectif de travailler avec les clubs luxembourgeois, la Fédération, pour essayer, comme le président le dit, d’aller toucher les jeunes, faire de la performance, être dynamique et récupérer un nouveau public. On pense profondément que le golf peut-être une vraie école de vie pour les jeunes ou moins jeunes. Donc il faut au moins essayer, s’ouvrir au plus de monde possible.
Qu’est-ce qui explique à vos yeux cette réticence au changement, ce petit blocage encore aujourd’hui ?
T.H : Le changement, dans n’importe quel domaine, pas que dans le golf, c’est compliqué. Quand on veut modifier les choses, beaucoup de gens ont tendance à se dire « cela fonctionne en ce moment, alors pourquoi changer ? ». Mais il y a une vraie problématique aujourd’hui dans le sens où le golfeur moyen est en train de vieillir. Et donc, si le golf ne se réinvente pas… Ok, aujourd’hui, ça fonctionne. Mais dans cinq ans ? Dix ans ? Cela risque d’être difficile. Et ça n’est pas dans dix ans qu’il va falloir réagir. Il faut être dans l’anticipation. Et ça passe par des passages dans les écoles élémentaires, chez les jeunes, le digital, etc… Donc je ne sais pas si on peut considérer cela comme de la réticence à proprement parler. C’est juste cet état d’esprit un peu court-termiste qui est de se dire « Aujourd’hui ça va, alors pourquoi changer quelque chose ?». Sauf que demain arrive.
Comment fait-on pour concilier la vie professionnelle et cette activité on imagine chronophage en même temps ?
L.H : J’ai l’avantage d’être à mon compte. Cela me permet de me libérer et de créer mon emploi du temps en fonction de mes impératifs. A la base j’avais prévu de continuer mon entreprise, mais c’est vrai que petit à petit, avec nos ambitions et il faut le dire résultats, on s’est dit qu’il fallait continuer dans cette voie, développer, accélérer, aller chercher une plus grande communauté. Cela demande donc évidemment beaucoup de temps. Mais on a d’excellents retours, qui nous permettent de continuer.
T.H : Pour moi c’est sûr que c’est un peu plus compliqué. J’ai pas soixante heures de congé par an. Il faut faire des choix. Le soir, le week-end… On a tout de même la chance d’être deux, ce qui nous permet de diviser les tâches. Mais le but à moyen-terme est en effet de monétiser l’activité pour que l’on puisse en vivre. Voire même, en utilisant les compétences de Luc dans la vidéo, proposer nos services de couverture photos et vidéos aux sponsors, clubs et évènements. Ce sont des pistes qu’on exploite.
L.H : Oui. On ne pense pas nécessairement à vivre simplement des rentrées d’argent de Youtube, mais plutôt de toute la communauté qui en découle.
Sur un plan personnel : se lancer en business avec un membre de sa famille, ce n’est pas compliqué ? Vous n’avez pas eu peur ?
L.H : On avait déjà crée une entreprise ensemble où tout s’était vraiment bien passé entre nous. On est très complémentaires, et on a des compétences distinctes qui nous permettent d’évoluer rapidement. Et puis, sincèrement, c’est le gros kiff ! De pouvoir se déplacer ensemble, jouer ensemble, c’est vraiment génial.
T.H : Exactement. Et si on est honnête : tu ne fais jamais plus confiance à quelqu’un que ton frangin. Un truc tout con, mais dans la création de l’entreprise il n’y aura pas de 49/51, pas de questionnements sur qui est majoritaire. On sait déjà que ça sera 50/50 et c’est tellement plus agréable ainsi. On sait très bien que sur certains points ça va être Luc qui décidera et d’autres moi. Alors oui, il y a d’autres problématiques, mais on s’entend réellement à merveille. Et quand les choses fonctionnent bien, c’est absolument fantastique.
Avez-vous des désaccords ici et là ?
T.H : On se prend la tête de temps en temps (rires) !
L.H : Honnêtement, de travailler ensemble nous a permis de découvrir quelques petites choses sur l’un comme sur l’autre. On a vite réalisé que j’étais un peu plus perfectionniste. J’ai énormément de mal à poster une vidéo si quelque chose me dérange, comme…
T.H : Un faux-raccord.
L.H : Oui voilà exactement, ce genre de trucs tout bête, que le viewer ne va peut-être même pas voir mais qui va moi m’embêter. Alors que Tom lui a tendance a plus être dans une optique de « contenu, contenu, contenu ». Et au final, cela crée un bon équilibre. Car si j’avais été tout seul, je n’aurais jamais posté de vidéo.
T.H : Et moi je n’aurais pas réussi à la faire (rires) ! Donc au final, c’est vrai que c’est plus des discussions que des désaccords. Après, on est comme tout le monde, dès fois on ne se comprend pas, on se prend la tête. Mais deux heures plus tard, on écoute ce que l’autre a à dire et tout s’arrange.
Vous voyez une amélioration depuis vos premières vidéos ? Et vous savez ce que vous souhaitez développer ou améliorer en particulier ?
L.H : Pour ce qui est de l’amélioration depuis nos débuts, c’est un grand oui. Quand on regarde notre première vidéo, on se rend compte qu’avant tout nous sommes plus à l’aise devant la caméra, donc ça aide beaucoup à offrir quelque chose de plus attrayant pour le public. Et aussi, sur un plan technique, je pense que l’on filme mieux. On a plus de facilités à utiliser la bonne caméra, le bon angle, etc…
T.H : Je dirais aussi dans l’approche globale. Comment préparer une vidéo, comment maîtriser les codes youtube, comment approcher les clubs et expliquer notre démarche. Tout va plus vite, et est plus efficace aujourd’hui.
L.H : Tout à fait. Et pour ce qui est des améliorations futures, on est toujours dans l’optique d’avoir la meilleure qualité possible. Il y a des youtubeurs américains qui sont réellement au sommet en terme d’editing, qualité, matériel, etc… Mais bon, ils ont deux vidéastes à temps plein qui les filment, c’est encore un autre niveau. Ça fait rêver, mais on se doit d’y aller étape par étape. On garde les pieds sur terre. On fait déjà ce qu’on peut avec ce qu’on a et on réfléchit à comment encore améliorer cette qualité.
On voit généralement un format vidéo comme le votre réservé à l’élite, des joueurs au niveau très élevé : pourquoi pensez-vous que votre approche, en tant que golfeur « amateur » fonctionne t’elle ?
T.H : Pour moi c’est simple : si tu veux regarder un driver à 330 mètres milieu de fairway, tu regardes Canal + et le Master ou le PGA le weekend. Si tu veux regarder un mec qui joue comme toi et rigoler, voir comment il se débrouille sur un parcours : tu peux nous matter.
L.H : On remarque beaucoup de gens qui, avec la création de notre chaîne ont commencé ou repris le golf. Des débutants qui nous envoient des messages sont très heureux de progresser avec nous, d’avoir des gens avec qui s’identifier. Il y a un vrai côté « entertainment » qui permet de tenir les gens et leur dire « vous voyez, nous aussi on loupe des coups, on balance des balles dans l’eau, mais on est là et on rigole ».
Depuis combien de temps jouez-vous au golf ?
T.H : Depuis 2014. La première année j’ai énormément joué. J’étais totalement piqué par le jeu. Malheureusement, je suis entré en école de commerce ensuite et ai beaucoup voyagé donc j’ai eu beaucoup moins d’opportunités de pratiquer. Et en 2020, avec la chaîne de la création Youtube, on est reparti sur un rythme très très soutenu.
L.H : J’avais obtenu ma carte verte il y a cinq ans de ça, mais juste en touchant un club une fois. Ensuite, comme Tom, pendant mes écoles de commerce je n’ai pas pratiqué. Et je suis reparti de zéro vraiment avec la création de la chaîne en 2020.
Quel est votre handicap ?
L.H : Je suis à 25.1.
T.H : Et moi je suis 12.
Quel sport pratiquiez-vous avant ?
L.H : On a fait du rugby, à plus ou moins haut niveau. On était en structure professionnelle, en sport étude au centre de formation.
T.H : Je peux pas dire qu’on était capable de faire une carrière pro, mais on a tout de même pu voir ce qu’était le niveau professionnel, de jouer avec les sélections nationales de jeunes. Une petite découverte du haut-niveau.
Passer du rugby au golf, c’est assez original comme transition. Cela s’est fait comment ?
L.H : (rires) C’est vrai, mais au final on a rencontré pas mal de rugbyman qui kiffent le golf.
T.H : Il y en a énormément en effet. Pour ce qui est de mon arrivée dans le golf, c’est un très bon ami qui m’a emmené une fois et ça a tout de suite été un coup de foudre. Il m’a suffi d’une balle un peu bien tapée pour choper le virus.
L.H : Pour moi c’est mon frère qui m’a totalement mis dedans.
Avez-vous des joueurs de références ?
T.H : Forcément, Bryson Dechambeau. C’est un joueur qui faisait déjà partie du top mondial et avant la pandémie, il a eu pour projet de prendre 20 kilos de muscle pour taper beaucoup plus fort et beaucoup plus loin. Beaucoup de gens ont été dubitatifs, pour ne dire que ça, sur sa transformation physique. Il faut dire que 20 kilos en plus en un an, ça se voit. Mais au final, aucun débat : une augmentation de puissance fulgurante. On a alors décide de prendre cette transformation comme modèle et créer le « Bryson Challenge ». Une fois par semaine, et ce pendant un an, soit 52 épisodes, on essaye de voir si taper plus fort permet à des amateurs de mieux jouer.
L.H : Après, évidemment, il y a les autres légendes : Tiger Woods, Rory Mcllroy… Victor Perez chez les français qui est très bon. On attend, et on espère aussi avoir bien vite un grand golfeur luxembourgeois, parce qu’on sait qu’il y a ici l’envie, les structures, les possibilités de réussir quelque chose de grand.
Quel est votre golf préféré au Luxembourg ?
L.H : Pour moi, sans hésiter le golf de Belenhaff à Junglinster.
T.H : Pour moi aussi. C’est le club où je suis membre depuis trois ans. En termes de tracé, entretien, parcours, c’est vraiment du très grand travail. Tous les coups sont différents, chaque trou a sa spécificité.
L.H : On peut aussi mentionner le LuxGolf Center où on passe aussi beaucoup de notre temps pour s’entraîner. Il n’y a pas de parcours mais le terrain de practice est vraiment parfait.
Et à travers l’Europe ?
T.H : Ce n’est pas nécessairement la beauté du cadre autour qui me fait rêver. Ce que je préfère, c’est vraiment la beauté du parcours en lui-même, la difficulté qui en découle. Et dans ce cadre, celui qui est absolument impressionnant, c’est l’Albatros à Paris. J’en ai des frissons rien que d’en parler. Et toi ?
L.H : Il me vient en tête parce que j’en reviens, mais le golf d’Illbarritz… Sur les côtes, avec vue sur la mer, là c’est quelque chose d’absolument extraordinaire. J’y étais le jour de mon anniversaire, absolument grandiose.
Qu’est-ce que vous aimez le plus dans le golf ?
L.H : Taper fort ? (rires)
T.H : (rires) Non, je dirais la compétition.
L.H : Oui je suis d’accord. C’est sur que cela peut paraitre contradictoire par rapport à notre niveau, mais on a toujours le désir de progresser, chercher les bons outils…
T.H : Ce qui est magique avec le golf, c’est que tu peux commencer à 5 ans, 15, 40, 70… Et à 70 ans, tu pourras même être meilleur qu’à 40 ans, car il y a d’autres facteurs, d’autres facettes du jeu qui rentrent en compte. Il y a des nouvelles manières d’aborder le jeu. Et sur chaque parcours, que tu l’aies fait une ou 200 fois, chaque coup est différent. Le vent, ce qui te passe par la tête, une légère douleur à l’épaule… tout peut jouer un rôle sur ton résultat. Et ça c’est juste extraordinaire.
Vous avez passé beaucoup de temps à montrer l’intérieur d’un sport souvent opaque à un public large. Quels messages recevez-vous le plus souvent de ce public ?
T.H : Généralement, il y a trois types de messages qu’on reçoit. Le premier c’est des gens qui n’ont jamais joué et qui ont découvert grâce à nous. Ils nous contactent pour nous dire « je n’avais aucune idée que le golf, c’était comme ça. Ça a l’air fun, ça a l’air marrant, j’ai essayé, j’ai accroché et je joue ». La deuxième catégorie, c’est des gens qui nous disent « punaise, j’avais oublié à quel point c’était super ce sport. Vous m’avez donné envie de m’y remettre. Ça fait dix ans que je jouais plus. J’ai repris, et je suis de nouveau accro. Merci, ou vous faîtes chier les gars parce que maintenant je passe ma vie au golf »(rires). Et la troisième catégorie, c’est les bons ou très bons joueurs qui nous disent « grâce à vous j’ai repris des cours, j’ai commencé à aller à la salle de sport, j’ai pris un coach mental ». Et aussi, on a eu notre premier hater récemment.
L.H : On considère ça comme une belle victoire (rires) ! Tant que tu n’as pas de haters sur ta page tu n’as pas réussi. Mais plus sérieusement : c’est pas notre objectif de plaire à tous, mais c’est extrêmement agréable d’avoir un retour positif de 99% de gens qui ont été infecté par le virus du golf. Rien que moi, autour de moi, j’ai dû mettre une bonne dizaine de mes amis au golf.
T.H : C’est un sport qu’on ne découvre pas tout seul. Si un ami ne t’y amène pas, c’est très difficile de s’y mettre tout seul.
Malgré vos vidéos, quels clichés vous paraissent encore tenaces ?
L.H : Sport de riche.
T.H : Clairement, oui. L’idée d’un sport inaccessible financièrement. Attention, je ne dis pas, cela a un coût. Mais pour 70 euros par mois tu peux avoir accès à un golf. 70 euros par mois c’est un abonnement à une salle de sport, un gros resto, c’est faisable. Et c’est tellement un sport passion que ça peut changer une vie. Alors oui, c’est sur que ce n’est pas du foot où on achète une paire de crampons et go. Mais c’est faisable.
L.H : Et après on retrouve le classique combo de « sport pour personnes âgées » qui se transforme en « ce n’est pas vraiment un sport ». Ça revient pas mal, les gens qui disent « il n’y a pas de dépense physique ».
T.H : Même nous quand on parle à des potes et qu’on leur dit « ouais on fait du golf » ils nous répondent « mais c’est pas un sport ça ».
L.H : « T’as remplacé le rugby par du sport ? Ah ouais t’as tout arrêté en fait ». C’est classique d’entendre ça. Alors que croyez moi, sans entraînement, sans préparation, il manquera forcément quelque chose.
Votre objectif est d’améliorer l’image du golf, et c’est très louable. Mais ne pensez-vous pas que de l’intérieur, il n’y ait pas quelques efforts à faire ?
T.H : Oui, il faudrait être plus ouverts. Plus ouverts aux changements. Les générations qui arrivent n’ont plus les mêmes codes que celle d’il y a quarante ans. Donc il s’agirait de comprendre ces nouveaux codes. Que certains clubs exclusifs gardent leur dress-code, ok, pourquoi pas… Mais que le golfeur récréationnel puisse venir s’entraîner en t-shirt, ça ne me parait pas choquant. Et pourtant, on peut encore être refusé pour cela. Les instances doivent s’ouvrir, penser à ne pas dénaturer le sport tout en intéressant une nouvelle génération.
Quel serait votre message à passer pour convaincre des gens d’essayer le golf ?
L.H : Franchement… Il suffit d’une balle.
T.H : Il en suffira d’une. Une seule bien tapée au centre de votre club, et qui part…
L.H : La sensation de voir la balle décoller est assez folle. Satisfaisante.
T.H : Même addictive.
L.H : Oui clairement. Et c’est communément admis. On dit souvent que le but pour un débutant c’est d’aller chercher « l’effet Waouh ». La sensation de fierté, de réussite.
T.H : Oui c’est ça. Et ça peut venir en dix minutes. Taper une balle ne serait-ce qu’à 80 mètres et se dire « waouh ». Et vous pouvez en rater quinze derrière, vous aurez toujours le souvenir de la sensation de la balle tapée parfaitement. Et vous aurez envie de continuer, et retrouver ce sentiment d’extase.
L.H : Au-delà de ça, le cadre est magnifique.
T.H : Et il ne faut pas oublier le côté social du sport. La terrasse après le parcours avec vos potes, le voyage pour combiner vacances et joli golf. Les golfeurs ne partent plus en vacances sans prendre en compte les coins qui ont de joli parcours.
Et le message à passer aux golfeurs et institutions du pays pour réussir à attirer plus de public ?
T.H : Encore une fois, soyez ouverts. Et surtout d’associer les actes à la parole. C’est bien de dire « On veut toucher aux jeunes, on veut rentrer dans le digital ». Mais il n’y a rien qui est fait derrière.
L.H : Le projet est présenté. Mais le but est de passer à l’action. Proposer le golf aux plus jeunes, aux collèges, aux lycées, faire des journées d’initiations. Certains golfs le font, comme Christnacht qui tente des choses, mais je pense que cela doit être un mood général. Quelque chose qui part des instances, tout la haut, et qui ruisselle vers les clubs…
T.H : Et les membres ! Ramène un pote avec toi le week-end, ton cousin, ta cousine, ton neveu. Partage ce bonheur.
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