Le 17 juin prochain, le Luxembourg affrontera le Liechtenstein dans le cadre des éliminatoires pour l’Euro 2 024. Focus sur ce petit pays de football de 39 000 habitants, coincé entre la Suisse et l’Autriche.
Au vu de sa position géographique, on pourrait plus se tourner vers les sports d’hiver que vers le ballon rond pour trouver un engouement sportif certain au Liechtenstein. C’est d’ailleurs le ski alpin qui a permis au micro-État de se faire connaître sur la carte sportive, au-delà de son simple statut d’ancien paradis fiscal, notamment grâce aux performances de ses athlètes aux Jeux olympiques d’hiver. En 1980 d’ailleurs, lors de l’édition de Lake Placid, le Liechtenstein devint, grâce à Hanni Wenzel, le plus petit pays à remporter une médaille d’or.
Un micro-État qui a su préserver son indépendance
La petite principauté du Liechtenstein ne compte en effet que 39 000 habitants pour une superficie de 160 km2 (le 4e plus petit pays d’Europe derrière Saint-Marin, Monaco et le Vatican). Comment un si petit pays est-il parvenu à préserver son indépendance au fil des siècles ? Pour le comprendre, il faut se tourner vers l’Histoire. Le Liechtenstein est d’abord le fruit d’un jeu politique des princes de la maison du Liechtenstein qui, après avoir acquis les comtés de Schellenberg et de Vaduz, parvinrent à convaincre l’empereur Charles VI de les unifier pour que le Liechtenstein devienne un État souverain du Saint-Empire romain germanique. Le nouveau pays traversera les époques ainsi que les guerres napoléoniennes du XIXe siècle grâce à un habile jeu diplomatique. Une habileté qui lui permettra de préserver son indépendance, tout en étant étroitement lié avec ses voisins autrichien et suisse, au point de conclure une union douanière et monétaire en 1919 avec cette dernière.
Un football au Liechtenstein au fort accent suisse
Le football est une intéressante grille de lecture pour comprendre à quel point l’influence de ses deux grands voisins est importante. Ainsi, le 1er club du Liechtenstein créé en 1932, le FC Vaduz, dispute sa première saison dans un championnat régional autrichien, avant de finalement se tourner par la suite vers les ligues helvètes. La Suisse restera un partenaire majeur du football liechtensteinois, notamment après 1945, puisqu’une convention est signée entre les fédérations de football de Suisse et du Liechtenstein pour que les clubs du petit pays jouent dans les championnats suisses. Ainsi, les 7 clubs liechtensteinois ne concourent pas au sein d’un championnat national, mais dans une ligue d’un autre pays. Ce cas de clubs « expatriés » n’est pas unique, puisque l’on peut également citer les cas de l’AS Monaco en France, du San Marino Calcio en Italie, du FC Andorra en Espagne ou encore du Derry FC en Irlande.
En revanche, ce qui est unique, c’est que les clubs du Liechtenstein ne sont pas membres de la fédération suisse de football et ne peuvent prétendre à une qualification en Coupes d’Europe sous le drapeau suisse. La seule manière pour les clubs du Liechtenstein de concourir dans ces compétitions est de remporter leur Coupe nationale, mise en place depuis 1945. Le FC Vaduz, seul club pro du pays, impose sa domination avec 49 titres en 77 éditions. Le club est ainsi régulièrement qualifié (et assez vite éliminé) dans les tours préliminaires européens, comme un match de prestige face au PSG lors de la Coupe des Coupes 1995-1996. Mais c’est surtout en cette saison 2022-2023 que Vaduz a fait connaître son petit pays à toute l’Europe, en devenant le 1er club du Liechtenstein à se qualifier pour les phases de groupe de la Conference League.
Une « petite » sélection qui aime battre le Luxembourg
L’équipe nationale, surnommée les Bleus-Rouges, n’a quant à elle connu que peu de succès. Depuis son 1er match officiel en 1994, elle n’a réussi que quelques exploits en matchs officiels, notamment lors des éliminatoires pour la Coupe du monde 2006, où elle est parvenue à faire match nul contre la Slovaquie et le Portugal. C’est aussi à l’occasion de ces qualifications que la sélection liechtensteinoise remporte son plus grand succès international : le 13 octobre 2004 au stade Josy-Barthel, avec une victoire 4-0 contre le Luxembourg grâce à leur buteur providentiel Mario Frick.
Depuis, le vent a bien tourné puisque le Liechtenstein est la 199e nation FIFA alors que l’équipe luxembourgeoise ne cesse de progresser et a atteint la 91e place FIFA. Les Bleus-Rouges sont d’ailleurs en régression, puisqu’ils ont terminé les derniers éliminatoires pour la Coupe du monde 2022 avec 9 revers et un bilan de 2 buts inscrits pour 34 concédés. Pire, ils ne sont pas parvenus à engranger le moindre point dans leur groupe de Ligue des nations, pourtant composé des modestes équipes de Lettonie, de Moldavie et d’Andorre. Les qualifications pour l’Euro 2 024 sont pour l’instant la continuité de cette triste série avec des défaites 4-0 et 7-0, respectivement contre le Portugal et l’Islande.
Des résultats décevants qui s’expliquent selon Martin Stocklasa – sélectionneur de l’équipe nationale et ex-international –, car « quand nous étions à notre meilleur classement FIFA, nous avions 13 ou 14 joueurs qui jouaient au football professionnellement. Cela nous manque pour le moment. Notre équipe se compose actuellement de plus de 90 % de joueurs amateurs ». L’équipe du Liechtenstein est donc loin du niveau où elle était une « petite » équipe accrocheuse, mais les Luxembourgeois devront prendre garde. Lors de leurs 4 dernières confrontations, les Lions rouges ne sont jamais parvenus à battre le Liechtenstein. Leur dernière victoire remonte d’ailleurs au 7 octobre 2020, et c’était face à une certaine sélection… du Luxembourg.
Kevin Veyssière
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