Pour la première fois dans l’histoire des Olympiades, la plus stricte parité sera observée parmi les 10.500 athlètes qualifiés aux Jeux de Paris 2024. 124 ans après l’ouverture de la compétition aux femmes (déjà à Paris où elles étaient 22 participantes), elles seront cet été 5250 à prendre part aux 32 sports représentées. Une inclusion qui passe également par la tenue d’épreuves ouvertes au grand public.
Enfin à égalité ?
Elles étaient déjà 48,8% des athlètes engagés à Tokyo : désormais, elles seront 50%. Un pas en avant vers le reflet olympique de la société moderne comme l’entend Samuel Ducroquet, Ambassadeur pour le Sport détaché du Ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères ? À nuancer. D’une part parce que cette parité ne concerne pas les Jeux paralympiques, pourtant sciemment associés par le comité d’organisation sous l’appellation « JOP 2024 », pour des questions structurelles « liées au vivier et à la sensibilisation autour de ces para-disciplines ». D’autre part parce qu’il s’agit d’une égalité globale sur l’Olympiade et non par discipline : la lutte gréco-romaine reste par exemple réservée aux hommes, de même que la gymnastique rythmique demeure strictement féminine. Cette parité enfin n’est pas encore atteinte aux niveau de instances dirigeantes, quand bien même la progression est notable. Lors de la tenue des derniers jeux en 2021, les femmes représentaient 21% des membres du CIO contre 40% pour Paris 2024, mais seulement 26% des postes à responsabilité. Autres efforts réclamés par l’organisation, chaque comité national doit déclarer au moins une femme dans la délégation, et l’objectif de 30 % d’arbitres femmes a été fixé en partenariat avec chaque fédération.
L’emblème de Paris 2024 est par ailleurs un savant mélange entre une médaille d’or, la flamme olympique et le visage de Marianne, allégorie de la République française et de ses valeurs qui sont les mêmes que celles qui ont forgé l’esprit olympique : liberté, fraternité et égalité.
Deux points d’amélioration sont cependant notables : la place des femmes parmi les entraîneurs (elles n’étaient que 13% des coachs présents à Tokyo !) et surtout la visibilité médiatiques des épreuves féminines. Souvent programmées à des horaires moins favorables que leurs équivalentes masculines, à défaut d’être mises en valeur sur des critères sexistes (la polémique sur les tenues du beach-volley féminin poursuit chaque olympiade depuis 1996), les compétitions des sportives souffrent d’un manque criant de volonté de médiatisation et par voie de conséquence de reconnaissance. Et pour les Jeux de Paris, de véritables avancées ont été actées : le marathon féminin sera l’épreuve reine de clôture de la quinzaine olympique, le lendemain du marathon masculin, sur un parcours hautement symbolique : l’itinéraire de la marche des femmes du 5 octobre 1789 de l’Hôtel de Ville à Versailles. Le calendrier des épreuves veille également à un équilibre des sessions aux heures de grande écoute des téléspectateurs : les finales de football et de tennis de table féminin seront disputées et retransmises à des horaires jusque là réservés au sport masculin.
Reste à ce que le traitement médiatique (et journalistique, essentiellement assuré par des hommes), suive le même chemin. Pour une délégation nationale comme la nôtre, où le nombre d’athlètes est restreint et les performances les plus notables souvent accomplies par des femmes ces dernières années (Xia Lian Ni, Patrizia Van der Weken, Christine Majerus entre autres), il est probablement plus aisé de traiter les sportives internationales avec autant d’investissement et de couverture médiatique que leurs homologues masculins. Ce n’est pas forcément le cas de manière générale, à en croire les conclusions des rapports et guides des bonnes pratiques édités dans le cadre du programme « All in Plus : Promoting greater gender equality in sport » du Conseil de l’Europe, même si la dernière décennie a vu une véritable prise de conscience des médias sur le traitement À condition que les diffuseurs jouent le jeu sur les épreuves collectives autant que sur les épreuves individuelles, comme cela semble s’être engagé sur cette XXXIIIe édition des Jeux modernes, pourtant initiés par un misogyne notoire : Pierre de Coubertin était le premier à critiquer vertement l’introduction contre son gré des femmes dans les épreuves olympiques, qu’il qualifiait d’« impratique, inintéressante, inesthétique, et – ne craignons pas de l’ajouter – incorrecte »…
La révolution en marche
Des arguments que le comité a probablement entendus aussi quand il a fallu se positionner pour la tenue d’épreuves au grand public. Des milliers d’athlètes amateurs en rêvaient, Paris 2024 l’a pourtant fait : le 10 août, sur le modèle de l’Étape du Tour de France, le comité organise deux courses à pied dans les conditions des épreuves olympiques !
Courir sur le même parcours que les cyclistes professionnels sur des routes 100% fermées, en toute sécurité et dans les conditions réelles de nos idoles, c’est le pari insensé que s’était lancé le Tour de France en 1993, via son organisateur A.S.O. Forte de son succès, cette année vivra la 32e édition de cette épreuve cyclosportive ouverte au grand public et qui a fait des émules parmi le comité national olympique et paralympique Paris 2024. Cet été en effet, les coureuses et coureurs du dimanche âgés de 16 ans ou plus disputeront les épreuves pour tous imaginées en Île-de-France pour sublimer un peu plus la magie des jeux.
Avec le Marathon pour Tous, l’expérience des Olympiades est révolutionnée : les amateurs de plus de 20 ans vivront de nuit le même itinéraire que les athlètes qualifiés, un parcours de 42,195km dans les rues de Boulogne-Billancourt, Sèvres, Avray, Versailles, Viroflay, Chaville, Meudon, Issy-les-Moulineaux et bien évidemment Paris avec le départ à l’Hôtel de Ville et l’arrivée aux Invalides. Une première historique aux JO, marquée par la participation de 20.024 engagés, autant d’hommes que de femmes.
L’aller-retour de Paris à Versailles est pourtant loin d’être une partie de plaisir : au programme, juste après le pont de Sèvres (kilomètre 15), une montée progressive et par paliers mais longue de 5km qui culmine dans la forêt de Fausses-Reposes. Après avoir longé le Château de Versailles (kilomètre 23) puis emprunté une descente et un faux-plat jusqu’à Chaville, l’obstacle majeur du parcours se dresse alors : la côte du Pavé des Gardes, environ 1km à 8 % avec des portions atteignant les 10 %. S’ensuit une longue descente très raide jusqu’à la Seine (kilomètre 32) avant les dix dernières bornes pour rejoindre l’arrivée sur l’esplanade après être passé par la Tour Eiffel (kilomètre 38). Avec au total un dénivelé positif de 436 mètres, un dénivelé négatif de 438 mètres et une inclinaison maximale de 13,5%, autant prévenir que ce Marathon pour Tous sera à la hauteur des sites inestimables parcourus : exigence et excellence seront de mise.
Un format plus court, plus accessible que le marathon et ouvert aux personnes en situation de handicap, est également proposé à un nombre identique de dossards : le parcours de 10km se fera en intégralité entre les murs de la capitale, avec un départ des 20.024 participants âgés de 16 ans ou plus depuis l’Hôtel de Ville, un itinéraire de nuit parmi les monuments emblématiques de la ville-lumière, avant de franchir la ligne d’arrivée aux Invalides.
Loin d’être en marge des compétitions olympiques, l’événement se déroulera entre le marathon masculin, dont le départ est programmé le samedi 10 août à 8h, et le marathon féminin le lendemain. Une véritable expérience immersive pour les plus de quarante mille chanceux qui auront eu la chance de se voir attribués par tirage au sort ou jeu-concours l’un des dossards tant convoités. Le départ sera lancé par vagues de 21 heures à 22h30, avec une limite de six heures pour respecter les conditions de tenue de l’épreuve finale des femmes au petit matin.
Une attraction pour les runners comme pour les noctambules habitués des soirées parisiennes : l’ambiance promet d’être festive pour encourager les 40.048 participants qui marcheront dans les traces et ouvriront la voie aux athlètes les plus iconiques des Jeux Olympiques.
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