Il convient de rappeler encore une fois, que nous vivons depuis maintenant près d’un an une période absolument unique. C’est bien le monde entier qui vogue en eaux inconnues, et qui essaye de se maintenir à flot. En cela, le football ne déroge pas à la règle. Mais, à l’opposé de nombreux pans de notre vie, le football luxembourgeois avait, de par sa reprise décalée, de nombreux exemples à suivre pour relancer le championnat en toute quiétude. Pourtant, malgré des exemples à suivre et d’autres à éviter, la BGL Ligue n’a pu reprendre aujourd’hui, faute de plan de route clair, et s’est tirée une balle dans le pied qui ne peut qu’inquiéter sur la capacité du système organisationnel à offrir une trajectoire claire.
Retour en arrière : alors que le championnat doit reprendre samedi passé, la commune de Differdange, légitimement choquée par l’absence de mesures sanitaires dévoile ses cartes : par le biais d’un communiqué, la municipalité annonce refuser d’offrir ses pelouses et stades aux acteurs de la BGL Ligue, faute de tests PCR obligatoires pour joueurs et staffs des différents acteurs du championnat. Alors qu’une telle riposte aurait pu – et dû – être anticipé, les instances organisationnelles, prises de court par cet uppercut n’ont eu d’autres choix que de rendre les armes et annuler, en toute dernière minute, la reprise du championnat. Si le timing tardif de cette annonce par la municipalité de Differdange peut-être soumise à débat, le bon sens de l’initiative est lui inattaquable. Alors que tout un pays – pour ne pas dire continent – soumet sa population à des mesures drastiques, le monde du football au Grand-Duché a décidé, pour des raisons qui dépassent l’entendement, de ne pas rendre les tests COVID obligatoires mais plutôt sur base de volontariat.
Il n’est pas compliqué, en se penchant sur le sujet de comprendre pourquoi une procédure aussi laxiste est adopté. Mise sous pression par l’UEFA qui requiert d’atteindre au moins une moitié de championnat pour valider les résultats, la FLF ne veut pas prendre le risque de voir des matchs annulés dus à l’apparition de cas positifs lors de tests. Alors qu’essayer de contourner les procédures dans le but d’aller au bout était déjà assez lâche et indigne en soi, il convient de rappeler que cette politique court-termiste était absolument vouée à l’échec.
Au vu des entretiens réalisés ce dernier week-end avec divers acteurs du championnat, l’on ne peut que constater qu’eux aussi demeuraient dans l’incompréhension d’un protocole si permissif. A force d’entendre partout que « le plus important, c’est la santé », il est facile de ne voir en cette déclaration qu’une phrase clichée réchauffée à toute occasion et sans véritable sens. Pourtant, bien que rabâchée, elle n’en reste pas moins réelle. Et les joueurs du championnat ne pouvaient qu’être circonspects, si ce n’est plus de l’absence réelle de mesures préventives pour ne pas attraper une maladie qui, depuis maintenant un an ravage notre quotidien. Et tout ceci ne prend pas encore en compte la vox populi. A l’image de la population japonaise farouchement opposée à la tenue des Jeux Olympiques de Tokyo, comment peut-on attendre d’une population cloisonnée depuis des mois un silence sur des acteurs du sports soudainement libres de toute contrainte ?
Tout aussi inquiétant est bien le balayage de main de la fédération qui aurait pu – et dû – regarder plus longuement sur ce qui se passait autour d’elle dans le monde du football, à des niveaux de professionnalisme et de revenus bien plus élevés et constater que, malgré ces réalités financières chères aux actionnaires, une rigueur farouche était de mise. Comment ne pas réaliser alors que, malgré des enjeux monstres, les grandes institutions mondiales du football assuraient-elles aussi un protocole rigoureux qui se devait d’être aussi appliqué à plus petite échelle.
Ainsi, près de trois mois après son arrêt, la reprise du championnat a, encore une fois, du être décalée. Si les décisions de reporter dans le passé pouvaient être entendues, l’absence de sérieux, de ligne directrice et de poigne auront cette fois été la cause du fiasco. Une belle preuve des limites de l’amateurisme dans des périodes troubles ou un professionnalisme et un plan de route clair doivent être de mise.
Alors que le football nous manque à tous, et que la reprise de BGL Ligue est dorénavant attendue ce mercredi, l’absence à l’heure où ces lignes s’écrivent de protocole carré et strict ne peut qu’amener à un sentiment de doute et scepticisme. À la Federation de tirer les leçons de cette débâcle et nous faire mentir pour nous redonner ce que l’on attend tous : du football.
Tendai Michot.
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