Pourquoi avez-vous accepté le poste de président du Fola ?
Cela fait deux ans que je suis proche du club, j’occupais en quelque sorte un rôle de conseiller. On m’a demandé à de multiples reprises de prendre ce poste de président, mais je préconisais quelqu’un qui vient du sud et qui connaît les responsables des autres clubs. Après beaucoup de discussions, Pascal Welter, Gilbert Goergen, Josy Dilk et Jean-Paul Gennari m’ont persuadé d’accepter. Ce n’est pas quelque chose que je voulais absolument, mais le club a besoin de transformations et j’ai promis de le faire.
Champion il y a deux saisons, le Fola est désormais en grande difficulté en bas de tableau. Quel bilan tirez-vous de cette situation ?
Cette situation n’a eu aucune influence sur nos discussions. Elle est difficile, pas seulement du point de vue sportif, mais aussi en matière de trésorerie. On voit qu’à l’avenir, deux ou trois clubs vont virer en tête, avec des moyens financiers pour jouer le titre. Ce sera difficile pour les autres de trouver chez des sponsors les moyens financiers pour être compétitifs. Ces dernières années, l’argent de l’UEFA jouait le rôle de partenaire principal du Fola. Sans ça, le club n’aurait jamais pu construire cette équipe qui jouait les premiers rôles ces trois dernières saisons. On ne peut l’obtenir qu’en jouant les qualifications pour une Coupe d’Europe ; quand on passe le premier tour en Ligue des champions, la saison est plus que payée. Le Fola n’a plus la possibilité de jouer la première place et ne peut qu’espérer jouer la Conference League, en terminant deuxième ou troisième de BGL. Il y a aussi la possibilité d’accéder au deuxième tour de qualification de cette compétition en remportant la Coupe du Luxembourg, avec ainsi une meilleure prime. Sans cet argent, il faut un mécène ou un président qui a les moyens. Mais quand quelqu’un investit, il attend des résultats, et le football au Luxembourg pour devenir champion coûte beaucoup d’argent.
Dès votre arrivée, le comité a pris la décision de se séparer de Miguel Correia, après une série de six défaites consécutives. Pourquoi avoir pris cette décision au bout de seulement 9 journées ?
On a examiné la situation. On a essayé de comprendre ce qui s’est passé et pourquoi : comment la saison a débuté, pourquoi on a perdu la qualification en Conference League à Saint-Marin… La décision a été prise d’un commun accord. L’équipe a pris beaucoup de buts, en a peu marqué, on a perdu contre deux promus (Mondercange et Käerjeng). Certains de nos meilleurs joueurs de la saison passée n’en font plus vraiment beaucoup. C’était peut-être une affaire de motivation. L’entraîneur était au club depuis quatre ans, peut-être connaissait-il les joueurs depuis trop longtemps. Certains, qui faisaient de très bons matchs la saison dernière, devaient se battre pour être dans le onze, alors que cette saison, la concurrence n’est plus la même. On doit tirer les leçons de ce début de saison pour remettre l’équipe sur orbite.
Vous appréciez cette citation d’Albert Einstein : « La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent. » Que voulez-vous mettre en place, quels sont vos objectifs ?
Si l’on fait toujours la même chose, on ne peut pas s’attendre à d’autres résultats, c’est clair. On a décidé au mois d’avril qu’il fallait changer quelque chose. On voit avec les résultats actuels que l’avenir que l’on imagine est en train de se produire : Dudelange et Hesperange ont déjà beaucoup d’avance. On a décidé de réinvestir dans la jeunesse – du Fola, naturellement – et de mettre en avant des jeunes formés au club ou ailleurs, qu’on fait venir ici. Ça va permettre de réduire les coûts. On savait naturellement que l’on n’obtiendrait pas de résultat immédiat de cette façon. On a été surpris de prendre sept points sur les trois premiers matchs, c’était largement au-dessus de nos attentes. Maintenant, on est largement en dessous de ce que l’on attendait. Les joueurs ont des qualités, mais ils n’ont pas la réussite. Ça va certainement venir. On a encore des discussions pour savoir ce que l’on peut améliorer et comment. Le cadre qui est là a été décidé depuis le mois d’avril avec des joueurs plus anciens pour encadrer nos jeunes, comme Bensi et Runser, qui ont un certain âge, mais restent motivés. On doit construire là-dessus.
Vous avez permis au Progrès de monter en BGL il y a quelques années. Comment permettre au Fola de retrouver sa place ?
C’est difficilement comparable. Après beaucoup de succès dans les années 70-80, le Progrès a joué pendant presque quinze ans en Promotion d’Honneur, en milieu de tableau, avec peu de succès. En mai 2000, j’ai accepté le rôle après un voyage à Rotterdam pour la finale de la Coupe d’Europe. On a décidé d’entrer dans le comité avec quatre copains. On est arrivés en novembre, on a essayé de motiver mentalement les joueurs. En fin de saison, on a validé la montée à Schieren, à deux montées de la fin. Les joueurs n’étaient pas devenus meilleurs parce que nous étions arrivés, c’était simplement dans la tête. Henri Bossi était d’ailleurs l’entraîneur et faisait de l’excellent travail. Il est de Niederkorn, c’est aussi lui qui m’a proposé de venir le rejoindre. Au Fola, ce n’est pas pareil, le club joue toujours l’Europe depuis une dizaine d’années. La culture du club est totalement différente. Les joueurs aussi sont très différents. Le football a également beaucoup évolué depuis les années 2000.
Vous avez été président de la Fédération luxembourgeoise de handball (2008-2012). En quoi cette expérience peut-elle vous servir aujourd’hui ?
Une fédération, c’est une autre envergure. Elle s’occupe du volet national et n’a aucune influence sur ce que les équipes font. On participe aux assemblées générales. Le but est de représenter les meilleurs joueurs du pays à l’international. C’est plus une administration qu’un club.
À 63 ans, qu’est-ce qui vous anime dans ce nouveau défi ?
J’ai toujours fait partie du foot, déjà quand j’étais petit, à Mertzig. Ça a toujours été ma préoccupation. Même quand j’étais président de la Fédération de handball, j’étais également président du Groupement des divisions supérieures du football luxembourgeois, le prédécesseur de la LFL. Ces deux dernières années, j’étais proche du Fola. Je donnais des conseils et j’apportais mon expertise en matière de sponsoring, de marketing, pour les maillots notamment. Je n’étais pas au premier plan, mais plutôt à l’arrière-plan. Pascal Welter, le directeur sportif, a insisté pour que je prenne le poste. Il n’y avait plus de président depuis juillet 2021 et depuis, on me demandait de prendre la relève. Ce n’est pas quelque chose que j’ai cherché, j’aurais pu vivre sans ça, mais j’ai déclaré que j’étais prêt à le faire. Ils sont devenus des collègues, des copains, et je veux les aider.
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