Quelle est aujourd’hui la politique sportive de la ville de Differdange ?
C’est de mettre à disposition les diverses infrastructures sportives, de promouvoir le sport et la santé pour tous les habitants afin qu’ils puissent développer une activité sportive, bouger, et de bien manger aussi. On veut également encourager les jeunes et les enfants pour qu’ils aient un bon équilibre physique et mental. Il y a en outre un enjeu d’intégration, on sait très bien que le sport est un des meilleurs moyens : sur un terrain, on s’entend tous et on peut jouer dans la même équipe quelle que soit notre couleur de peau, et développer une dynamique de groupe.
Vous mettez beaucoup l’accent sur le sport chez les enfants. Comment cela se manifeste-t-il concrètement ?
On a développé un projet qui s’appelle Spodi (Sport à Differdange). On était confrontés à une situation où l’on se demandait comment les enfants pouvaient aller de nos maisons relais au lieu où pratiquer une activité sportive. On a finalement proposé à nos clubs (que la ville finance en partie avec des subsides) de se rendre directement dans les maisons relais pour encadrer l’activité sportive des enfants avec leurs propres animateurs et professionnels. Dans ce cadre-là, on a énormément de retours positifs depuis la mise en œuvre du projet il y a un peu plus d’un an, notamment de la part des clubs qui parviennent à susciter des vocations et à gagner de nouveaux licenciés.
Il faut aussi savoir que la ville rembourse jusqu’à 100 euros une carte membre aux familles lorsqu’elles inscrivent un enfant dans un club sportif. On prend en charge environ 50 % de l’inscription. Nous soutenons donc également les parents financièrement.
Quelle est la relation aujourd’hui entre la ville et les clubs sportifs ?
Elle est extraordinaire. On est très présents au niveau des subsides que l’on détermine en regardant si le club est actif sur plusieurs paramètres, sportifs, mais aussi dans leur implication sur ce que propose la ville en matière d’événements et d’animations.
Où en est Differdange en matière d’infrastructures et d’équipements ?
On a onze terrains de football, cinq halls sportifs (dont deux en rénovation ou en construction), sans parler des terrains de chasse et du terrain pour les chiens, donc on est quand même pas mal. Il faut savoir que Differdange a été élue ville européenne du sport en 2018. On compte aujourd’hui 45 clubs sportifs. Et le dernier venu, je trouve cela exceptionnel, c’est le cricket !
On a également une très bonne entente avec les directeurs de lycées et on peut souvent compter sur eux pour la mise à disposition de leurs salles afin de trouver des créneaux supplémentaires pour les clubs.
Vous essayez aussi de valoriser le sport à travers plusieurs événements, comme la Nuit du Sport, dont la deuxième édition s’est déroulée le 13 mai dernier. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?
Oui, cet événement permet de mettre en évidence l’offre sportive sur la ville. On demande à tous les clubs d’être présents pour transmettre l’information et offrir la possibilité aux participants de tester tel ou tel sport en toute convivialité, au milieu de concerts et de plusieurs animations, et c’est un succès. On a eu 600 participants pour cette deuxième édition, dont 340 enfants. Et ceux qui participaient à au moins cinq ateliers gagnaient deux tickets pour l’Aquasud. J’en profite pour dire que l’Aquasud est une infrastructure très importante pour Differdange, ainsi que les deux clubs qui y évoluent, la plongée et la natation.
Vous travaillez régulièrement avec Lunex. Quelle est la nature de vos échanges ?
On met à disposition nos infrastructures, ce qui est très important pour qu’ils développent leurs activités. De l’autre côté, on travaille avec eux pour plusieurs études. La dernière que l’on a faite est une étude sur la mobilité ; c’est d’ailleurs à partir de là que l’on a créé le projet Spodi. On voulait déterminer quel était le meilleur moyen pour les enfants de se rendre des maisons relais aux clubs sportifs. Et on s’est rendu compte que c’était assez compliqué, d’où notre conclusion de plutôt faire directement venir les clubs au sein des maisons relais.
Considérez-vous que Differdange est une ville sportive ?
Absolument. La ville s’est beaucoup développée sportivement ces dernières années. Et puis si on regarde les résultats de nos clubs, c’est évident ! Le Progrès, deuxième de BGL Ligue et qui va jouer l’Europe, le FC Differdange en finale de la Coupe et qui jouera aussi l’Europe en cas de victoire, le Handball Red Boys qui est champion, Kordall, champion de Nationale 2 et qui remonte en Luxembourg Basketball League, le badminton finaliste de la Coupe, les amateurs de chiens champions par équipe, le FCD 03 champion de futsal et de la Coupe, etc. Je pense que cette énumération parle d’elle-même. Et je précise quelque chose : mes services des sports doivent être à disposition de nos clubs et pas l’inverse !
En politique justement, le sport est rarement une priorité, notamment dans les programmes et les discours au moment des élections. Qu’en pensez-vous ? Le sport doit-il prendre une place plus importante ?
Naturellement, mais pas seulement à l’échelle locale. Au niveau national, il y a un grand manque, et là je formule une vraie critique. On attend davantage de l’État, qui a une grande responsabilité, que ce soit au niveau des moyens humains ou financiers, ainsi que sur le plan des infrastructures. Je prends un exemple avec une question : veut-on que le football au Luxembourg reste à un niveau amateur ? Plus globalement, le sport doit être davantage encouragé chez les jeunes et les enfants, dès le plus jeune âge. À l’école, il doit être plus central.
Quelles sont les ambitions de Differdange sur le long terme en matière de politique sportive ? Quel horizon souhaitez-vous tracer ?
Ma vision est d’avoir une synergie au niveau local, entre les clubs, la ville, les habitants, que tout le monde vise les mêmes objectifs. Je veux continuer à travailler là-dessus, rassembler tout le monde et que l’on travaille ensemble. Il y a également la question du bénévolat ; on sait que les clubs ont aujourd’hui de plus en plus de mal à trouver des bénévoles. Une des solutions est d’impliquer davantage les parents, de faire en sorte que chacun soit acteur… J’ai un exemple personnel : mon fils est dans un club de basket. La première fois où l’on m’a dit que c’était mon tour de laver les affaires de toute l’équipe, cela m’a surpris et je me suis dit : « Bon, je paye quand même une carte de membre… » Et finalement, cela me permet d’être plus impliqué dans le club, avec mon fils, et ça fait de nous des acteurs à part entière. Je crois que c’est une très bonne chose.
Propos recueillis par François Pradayrol.
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