Pétange, l’Union stable

Auteur d’une très belle saison 2022/2023 avec notamment le record de points de l’histoire du club, Pétange veut continuer de grandir. Pour cela, le dernier quatrième du championnat a misé sur la stabilité, avec un cadre largement conservé, et des ambitions toujours présentes.

Presque un mois tout pile. Voilà le temps de vacances que s’est vu accordé l’effectif de l’Union Titus Pétange après sa saison 2022/23, conclue à une belle – mais frustrante – quatrième place. Des congés particulièrement appréciés par Yannick Kakoko, vainqueur du Dribble d’Or 2023, fortement usé par une année éreintante. « Je voulais avant tout faire des belles vacances (rires) ! C’était ma première année complète comme coach principal. Je me suis rendu compte que c’était un job qui demande énormément d’énergie » confirme le technicien.

Une débauche énergie qui a payé ses frais, puisqu’avec 59 unités au compteur, l’UTP a réalisé la meilleure saison de son histoire en termes de points au sein de l’élite. De quoi créer une réelle fierté, mais aussi des regrets, après être passé proche de la qualification continentale. « Bien sur qu’il y a des regrets. On n’attendait rien de Pétange en début de saison. Le podium n’était même pas dans nos pensées. Mais quand tu as atteint le dernier quart du championnat et que tu vois que les trois premières places sont accessibles, forcément, tu es déçu si tu n’y arrives pas »confirme Valentin Steinmetz, avant de tempérer. « Mais bon, on a vite relativisé en se rappelant chacun qu’on a fait une saison exceptionnelle ». Même son de cloche du côté de son entraîneur : « Je suis un compétiteur, tout comme mes joueurs. Quand tu fais une saison extraordinaire comme l’an passé, tu as envie de terminer avec une place européenne. Mais on est tous conscient que le bilan demeure extrêmement positif et c’est cela qu’on veut retenir ».

Pour repartir de l’avant cette saison, le club de Pétange peut avant tout compter sur un cadre largement conservé. Hormis Patrick Teixeira, parti du côté de Strassen, toute l’ossature du groupe, ainsi que les éléments les plus indispensables sont restés du coté de l’Union. Une réelle satisfaction, tant pour le milieu de terrain que son coach. « Cette stabilité, c’est quelque chose de bien. » confirme Steinmetz. « Les joueurs qui étaient en fin de contrat ont prolongé, ce qui permet de conserver une bonne base. On a des automatismes avec un projet de jeu huilé mais compliqué. Repartir avec des mecs qui connaissent tout ça, cela fait gagner du temps. L’an dernier, il a fallu un peu de temps pour que la mayonnaise prenne, et c’est peut-être là que s’est joué l’Europe ». Une opinion partagée par son coach : « Je suis satisfait de voir que la grande majorité est restée. On a pu prolonger des joueurs qui ont commencé le projet avec nous. Cela prouve une vraie maturité et un changement par rapport aux années précédentes à Pétange ». Et le technicien de se dire satisfait des recrues jusqu’à présent : « On a pris Demba Seck qu’on voulait absolument, qui a un profil qui apporte encore plus d’options offensivement. On a aussi recruté Sabotic, capitaine de l’équipe nationale en U19. Et on regarde évidemment si on peut encore ajouter quelques joueurs ». Un ajout de profondeur nécessaire aussi pour le milieu de terrain, qui rappelle les difficultés en fin de saison l’an passé. « On a vu en fin de saison qu’on a eu pas mal de pépins, il nous a manqué du monde, et cela nous a couté. Je pense donc qu’on a besoin de se renforcer pour avoir plus de profondeur ».

L’Europe ? Non, mais…

Un cadre potentiellement plus élargi qui pourrait alors permettre à l’Union de faire mieux que la saison passée. Mais précisément, avec une quatrième place et un record de points, cela signifie-t-il débuter la saison avec des ambitions européennes ? Pas selon l’avis de Kakoko, qui répète à plusieurs reprises l’objectif : « Prendre les matchs les uns après les autres, et rentrer sur le terrain avec l’envie de gagner. Je suis très chiant avec cette réponse, j’en suis conscient, mais c’est ma vision de penser » avant de développer un peu plus : « On veut être proche du Top 3. Si on a la possibilité d’aller chercher ces places européennes, évidemment, on jouera le tout pour le tout ». Un peu plus loquace, Steinmetz abonde néanmoins dans le meme sens. « On ne peut pas parler d’objectif européen. On est expérimenté, on sait que ce qu’on a fait l’année dernière était très beau, mais confirmer va être encore plus dur. On va être bien plus attendu ». 

Il est certain que le statut d’équipe surprise ne colle plus nécessairement à la peau de l’Union, qui se sait attendu au tournant cette saison. « Je m’attends à des matchs plus compliqués cette année, car ils auront eu le temps de nous analyser. C’est maintenant mon rôle et celui du staff de trouver les solutions, de travailler encore plus dur, utiliser l’expérience acquise pour continuer de progresser et confirmer » explique Kakoko.

Si, malgré quelques sollicitions ici et là, ni le joueur ni l’entraîneur ont pensé quitter le club cet été, Steinmetz l’assure : un départ de son coach aurait pu changer sa réflexion : « Si on m’avait annoncé que Yannick partait, c’est sûr que cela m’aurait mis un coup. Le plaisir que je prends sur le terrain provient de ses idées, de ses principes, de tout ce qu’il met en place au quotidien. Sa gestion humaine… S’il avait quitté le club, cela m’aurait fait mal, c’est certain ». Un entraîneur validé par son groupe, et bien au fait de la situation à l’heure actuelle de certains clubs en BGL Ligue, en proie à de sérieuses difficultés financières. Un constat qui n’empêche pas le lauréat du Dribble d’Or 2023 de ne pas y prêter plus d’attention que cela : « Je n’ai pas à coeur de commenter ce qu’il se passe ailleurs » confirme-t-il.  « J’aime parler de choses sur lesquelles j’ai le contrôle. On a notre projet de jeu, sur et en dehors du terrain, et c’est là dessus qu’on veut progresser pour atteindre nos buts. Les problématiques des autres, je ne peux pas m’attarder dessus». Cette fois, -enfin, serait-on tenté de dire – la vision diffère un tant soit peu entre coach et joueurs, avec un Valentin Steinmetz bien conscient que les difficultés de certains peuvent jouer en la faveur de Pétange. « C’est factuel. L’an dernier, avec Dudelange et Hesperange, tu n’avais plus qu’une place européenne de disponible. Cette saison, peut-être que le F91 en sera – j’ai vu un recrutement cohérent – mais c’est moins une garantie que l’an passé. Il y a en effet un petit coup à jouer. Mais on ne va pas se mettre de pression inutile. L’insouciance, ne pas calculer, c’est ce qui a fait notre force l’an dernier, et il faut garder cette ligne de conduite ».