La rencontre entre Canach et Käerjeng est à rejouer. Après 47 minutes de jeu où la Jeunesse menait les débats à domicile (2-0), l’arbitre s’est blessé, et personne n’a été en mesure de reprendre le sifflet. Canach conteste et réclame la victoire par forfait. Explications.
Arbitre est un métier dangereux si l’on en croit ce week-end sur nos pelouses : M. Daniel Da Costa (arbitre cadre A) s’est blessé aux ischio et a dû être remplacé à la 66e minute par le 4e officiel Rafal Gruszecki (arbitre cadre B) lors du match Wiltz-Pétange en BGL Ligue… L’assesseur Joaquim Da Silva aurait même pu prendre le sifflet, lui qui est assistant FIFA comme le confirme la FLF. Malheureusement ce n’était pas le cas des deux assistants de M. D’Angelo (arbitre cadre B) qui officiait sur la rencontre Canach-Käerjeng en Promotion d’Honneur. Ainsi, quand l’arbitre central s’est blessé, la question s’est posée de savoir qui prendrait sa place.
Stade de la Rue de Lenningen, dimanche 30 mars, 17h03.
Le match entre le 2e et le 4e de PH tourne à l’avantage des locaux : la Jeunesse Canach a inscrit deux buts en première période. Au retour des vestiaires, l’arbitre Luca D’Angelo semble souffrir. Après une minute et trente secondes seulement, on le voit se tenir l’intérieur de la cuisse sur un trot. Touché aux adducteurs, il profite d’un ballon en touche pour interrompre la partie. Le soigneur de l’équipe locale s’occupe de lui et le jeu peut reprendre (48′).
Mais sur l’action suivante, on distingue nettement que M. D’Angelo est dans l’incapacité d’accélerer et il doit de nouveau demander aux 22 acteurs un temps de récupération. Cinq minutes plus tard, le ballon est enfin en jeu. Cela ne durera guère qu’un petite minute. Sur une course en arrière, la douleur l’emporte et l’arbitre est contraint d’abdiquer. Après 18 minutes d’attente et une réunion à huis-clos entre M. D’Angelo et les deux capitaines, le verdict tombe : match définitivement interrompu.
Mais alors, que s’est-il passé ? Pourquoi l’un des deux assistants de Lucas D’Angelo n’a-t-il pas repris le sifflet comme le prévoient les textes ? En effet, si l’on s’en tient rigoureusement aux Statuts et Règlements, l’article 12 des Règlements Internes sportifs (classeur II) précise dans son chapitre sur le Règlement sur l’organisation du Championnat (III,2) : « Si, en cas d’absence de l’arbitre désigné, deux arbitres-assistants officiels sont présents, l’assistant le plus ancien en rang dirige la rencontre. » (p.14). En théorie, la procédure exigeait donc que l’arbitre avec le plus d’ancienneté entre M. Garrido et M. Spencer reprenne le cours du jeu au sifflet, même avec un seul assesseur.
C’est ce que la Jeunesse Canach entend faire valoir en portant une contestation officielle pour « Règlement non respecté concernant la poursuite du match » : en effet, le comité estime que « dans le cas présent, un arbitre assistant officiel était bien présent et volontaire pour reprendre la direction du match. Cette solution a été explicitement proposée par l’observateur d’arbitres, Monsieur Krüger, mais refusée par le capitaine de l’UN Käerjeng 97, sans fondement règlementaire. »
Une version que tempère le principal concerné, Alex Krüger, Président du Comité des Arbitres Fédéraux (CAF), nommé comme Observateur du trio arbitral pour cette rencontre et donc présent au stade de la Rue de Lenningen. Contacté par nos soins, M. Krüger juge que face au « manque d’expérience des deux assistants au centre, il aurait été irresponsable de les faire reprendre le match. » Et il s’appuie sur deux arguments qui viennent soulever la nécessité urgente de revoir les statuts, pour lui qui est également à la Commission des Statuts de la FLF :
Car c’est peut-être le plus ubuesque : si les avertissements donnés au cours de la rencontre compteront bien dans le championnat, c’est également le cas des joueurs ayant purgé leur suspension à l’occasion de ce demi-match ! La confrontation ne pouvant se dérouler ce mercredi (Käerjeng joue déjà en match en retard de la 21e journée contre Rumelange : une semaine anglaise allégée d’une mi-temps pour le dauphin de Mamer), les joueurs blessés seront même probablement de retour pour le 9 avril (au mieux).
Alex Krüger en a conscience : les statuts doivent être révisés, a minima « pour pouvoir rejouer à partir de la 47e minute ». Une telle refonte des règlements avait été proposée mais rejetée en bloc par les clubs. Parce que le texte prévoyait de jouer cette suite avec exclusivement les mêmes joueurs que sur la feuille de match initiale. Emile Weber le rappelle : « la proposition ne tenait pas la route, en deux semaines, il peut y avoir trois blessés… Les clubs veulent une refonte des statuts, mais le texte n’était pas cohérent. »
Enfin, la question de l’accord des capitaines ne passe pas pour le membre du comité de Canach : « Je me demande ce qui a conduit à demander l’avis des capitaines pour décider de la poursuite ou non du match. De quel droit les deux capitaines peuvent prendre une décision ? Tout s’est fait très vite dans les vestiaires, sans demander l’avis aux délégués ou au club. » Pour Alex Krüger, « l’idée était de trouver un compromis protecteur, dans l’intérêt du jeu et des arbitres, en s’assurant que les deux équipes acceptaient cette solution exceptionnelle. Cela ne doit en aucun cas être interprété comme une substitution à l’article 12 du règlement, mais comme un cadre de précaution humaine et sportive. » Pour la Jeunesse Canach, « le refus du capitaine de Käerjeng de poursuivre la rencontre constitue un abandon de match injustifié, et la responsabilité de l’interruption définitive leur revient intégralement. » Le comité a donc saisi le Tribunal fédéral en demandant la victoire par forfait 3-0, une décision que le TRF pourrait rendre dès cette fin de semaine.
Mental Médias SARL
15 Rue Emile Mark
L-4620 Differdange LUXEMBOURG