Ce début janvier marquait le retour aux affaires pour Racing Experience. L’écurie luxembourgeoise, active en sports mécaniques depuis 2000, a fait son retour à la compétition dans le cadre de la Prototype Winter Series. Nous en avons profité pour échanger avec son emblématique Team Principal, Christian Hauser. Il est revenu avec nous sur sa grande passion pour les sports moteurs et les perspectives pour son Team.
Monsieur Hauser, il est impossible de dissocier sport mécanique luxembourgeois de votre nom de famille. Pouvez-vous nous rappeler comment tout a commencé pour vous ?
J’ai commencé par la moto, quand j’avais 16 ans. Puis je suis passé à l’automobile avec les courses de côte, le slalom et le circuit. Tous les championnats auxquels j’ai participé, je les ai gagnés au moins une fois. Mais, mes plus belles performances, c’était déjà en endurance. J’ai terminé, en 1991 et 1992, deux fois dans le Top 10 avec une BMW M3 aux 24h de Spa. En 1991, on a même remporté notre catégorie, en terminant devant les BMW d’usine. Mais tout cela, ce n’était pas grand-chose, comparé à ce qu’on a réussi à créer aujourd’hui.
Vous faites évidemment allusion à l’écurie Racing Experience. C’est une belle histoire de famille…
Le but était de donner à mes enfants, David et Gary, la possibilité de pratiquer leur passion. Et puis, petit à petit, on s’est développés. Nos premiers succès ont été obtenus en formule Renault BeNeLux (2006 et 2007). Gary y avait obtenu une 3e place finale et il détient encore aujourd’hui le record de Spa avec ce type de véhicule. Ensuite, on a continué en F3 allemande. Puis, en 2013, Gary a été champion pilote et tout le team champion constructeur avec une GP2 en BOSS GP. David, lui, s’est consacré à la course de côte où il a signé des podiums en championnat d’Europe et été sacré Champion de Luxembourg. En 2014, il a glané la médaille de bronze aux FIA Hill Climb Masters. Après, on s’est lancés en endurance, d’abord en Ligier et maintenant en Duqueine.
Pourquoi avoir fait ce choix de l’endurance ?
Les voitures d’endurance sont celles qui se rapprochent le plus des monoplaces. Piloter en GT demande d’autres qualités que de piloter des Prototypes ou des Monoplaces. Les GT sont plus lentes et l’appui aérodynamique y est quasi inexistant. C’est pourtant exactement la gestion de l’appui aérodynamique qui donne au pilote les meilleures sensations. Les différences entre les pilotes sont bien plus marquées en endurance.
Vous avez inscrit le Team pendant une saison (2021) en European Le Mans Series. Quel souvenir en gardez-vous ?
Pas très bon, à vrai dire. C’était certainement la pire saison qu’on ait connue en tant qu’équipe. Rien n’allait. On a tellement sous-performé par rapport à ce qu’on est capables de faire. C’était très décevant. J’aimerais beaucoup avoir l’occasion de refaire ce championnat pour prouver notre valeur. Mais à l’heure actuelle, ce n’est pas à l’ordre du jour.
Justement, à l’ordre du jour, on a les Prototype Winter Series. Après Estoril et Portimao, vous êtes 5e au général. Est-ce que cette place correspond à vos attentes ?
Ce n’est pas dans cette compétition que le classement est le plus important. C’est plutôt le championnat idéal pour préparer sa saison. On y participe avec un pilote Bronze, Wolfgang Payr, qui cherche à se perfectionner, et un tout jeune pilote de 18 ans, Mathias Bjerre Jakobsen, élu talent de l’année au Danemark en 2024. Celui-ci apprend extrêmement vite et il réalise des temps au niveau des pilotes Gold, c’est-à-dire ceux qui participent aux 24h du Mans et qui sont capables de les gagner. Mais en plus d’être rapide, il a un pilotage très soigné.
Comment avez-vous déniché un tel talent ?
Il a participé à notre shootout. C’est un concours que nous organisons pour dénicher les jeunes talents. On a eu des inscriptions venues de partout dans le monde. Le concours se dispute en partie sur le simulateur et en partie sur la piste avec la LMP3. Les critères d’évaluations ne reposent pas uniquement sur la performance, mais sur d’autres facteurs comme la constance dans les chronos, la conduite soignée ou tout simplement le rapport humain avec les mécaniciens. Le vainqueur a alors obtenu le droit de piloter pour nous dans le Prototype Winter Series. C’est ainsi que Mathias Bjerre Jacobsen a obtenu son baquet chez nous pour ce début de saison.
À seulement 18 ans, a-t-il déjà suffisamment d’expertise pour la gestion des réglages de la voiture ?
C’est en effet la compétence dans laquelle il a encore la plus grande marge de progression. Il est issu du championnat scandinave de F4. Entre la F4 et la LMP3 il y a un monde de différence. Il est capable de donner son ressenti sur la voiture, là, aucun problème. Mais comprendre quel paramètre il faudrait modifier, c’est dans ce domaine qu’il va encore progresser. C’est un long process et il en est encore à ses balbutiements.
Il reste encore 2 courses en Prototype Winter Series, Aragon et Barcelone, début mars. Quelles seront les échéances suivantes ?
Pour le moment, notre programme est encore ouvert. On a des rendez-vous avec des pilotes dans les prochaines semaines pour voir ce qui sera faisable cette saison. Ce sont les pilotes et leurs partenaires qui apportent les budgets pour participer aux différents championnats. À l’heure actuelle, trouver des partenaires n’est pas très simple. On doit donc s’armer de patience.
Sur le plus long terme, est-ce que vous continuerez dans le domaine des prototypes ou est-ce que vous essaierez autre chose ?
Notre avenir est bien dans les Prototypes.
Propos recueillis par Andy Foyen
Mental Médias SARL
15 Rue Emile Mark
L-4620 Differdange LUXEMBOURG
m : moien@mental.lu