Même si le Grand-Duché est sur la bonne voie pour poursuivre son développement dans l’esport, il continue de souffrir de plusieurs obstacles structurels et de reconnaissance officielle.
L’esport au Luxembourg, en pleine expansion, a longtemps souffert d’un manque de structuration. Jusqu’à récemment, la coexistence de deux entités – la Luxembourg Esports Federation (LESF) et la Fédération Luxembourgeoise d’Esport (FLES) – constituait un frein à une reconnaissance officielle.
Cependant, les présidents des deux associations, Joe Hoffmann (LESF) et Jeremy Chiampan (FLES), travaillent désormais de concert pour unir leurs forces et faire rayonner l’esport dans le pays. Cette collaboration a pour ambition de poser les bases d’une structure unique qui représenterait plus efficacement le secteur auprès des institutions. Une fédération commune pourrait être la clé pour légitimer l’esport luxembourgeois, non seulement sur le plan national, mais aussi dans des compétitions internationales. Avec environ 5.000 joueurs actifs et jusqu’à 90.000 personnes intéressées par l’esport au Luxembourg, selon les estimations de Forward, la discipline possède un potentiel indéniable.
Grâce à sa position centrale en Europe, le Luxembourg pourrait jouer un rôle clé dans la structuration de l’esport au niveau européen. Situé à la croisée des grands marchés que sont la France, l’Allemagne et le Benelux, le pays dispose d’atouts pour devenir un carrefour des compétitions et des échanges dans ce domaine. Ce positionnement stratégique permettrait au Luxembourg de se démarquer des divisions régionales souvent imposées par les éditeurs de jeux, qui tendent à l’assimiler au Benelux.
Pour les responsables des fédérations, il s’agit de convaincre les partenaires européens d’intégrer davantage le Luxembourg dans leurs projets, que ce soit via des championnats transfrontaliers ou des collaborations avec des structures établies en France et en Allemagne. Cela pourrait également contribuer à attirer des investissements étrangers et des événements d’envergure internationale.
Le développement de l’esport nécessite des investissements conséquents pour offrir aux joueurs un environnement professionnel et compétitif. Les ressources actuelles restent insuffisantes pour permettre une structuration complète du secteur. À titre d’exemple, les entreprises de télécommunications telles que POST, Orange et Tango figurent parmi les rares acteurs à soutenir activement cette discipline à travers des initiatives comme les POP Esports Masters ou la Tango High School Cup. Ces efforts, bien qu’encourageants, ne suffisent pas à structurer un écosystème capable de rivaliser avec les grandes nations de l’esport. Une mobilisation plus large des entreprises locales et un soutien renforcé des institutions publiques pourraient transformer le paysage esportif luxembourgeois.
L’esport a récemment gagné en visibilité sur le plan politique, notamment lors des élections législatives d’octobre dernier, où certains partis ont évoqué la discipline dans leurs programmes. Pourtant, aucune mesure concrète n’a été mise en œuvre dans le cadre du nouveau gouvernement. L’enjeu principal réside dans l’affiliation d’une fédération unique au Comité Olympique et Sportif Luxembourgeois (COSL), une étape cruciale pour intégrer pleinement l’esport dans le cadre institutionnel sportif du pays.
Si le chemin reste semé d’embûches, les efforts conjoints des fédérations laissent espérer des avancées majeures en 2024. Une fusion ou la création d’une entité qui chapeauterait les deux structures actuelles pourrait être la solution idéale pour offrir à l’esport luxembourgeois une visibilité et une légitimité accrues, à la fois sur le plan national et européen.
Louis Kirner
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