Le week-end dernier se déroulait la manche inaugurale du Championnat du Luxembourg des Rallyes avec le Rallye des Ardennes, organisé par l’écurie Bayard dans la région de Dinant. Le tenant du titre chez les pilotes, Benjamin Schmitt, a frappé fort d’entrée en prenant une improbable 5e place avec sa Citroën C2. Le premier Luxembourgeois est Sam Weimerskirch : avec sa Mitsubishi EVO VIII, il termine 14e et prend la 2e place du championnat.
Particularité du règlement de cette saison, les pilotes et copilotes inscrits à notre championnat national de rallye peuvent marquer des points à des épreuves non répertoriées au calendrier, moyennant un coefficient pénalisant. Ainsi, au moment de démarrer la première épreuve du championnat, un pilote était déjà classé. Avec sa 19e place finale (6e de catégorie) à Kempenich, Steve Jung comptait déjà 29,4 points au compteur. Mais absent de cette manche inaugurale, il offrait à ses rivaux l’opportunité de le dépasser. Ils ne se sont pas faits prier.
À Dinant, les spectateurs se sont sans aucun doute déplacés pour voir Jos Verstappen à l’œuvre. Le papa de Max, reconverti au rallye ces dernières années, faisait office de grand favori face au local Bastien Rouard et à l’expérimenté Bernd Casier. C’est d’ailleurs exactement ce trio, dans cet ordre, qui composait le podium final.
De notre côté, les pilotes qui nous intéressent étaient plus bas dans le classement. Mais pas beaucoup plus bas non plus puisqu’on retrouvait en 5e place le champion en titre, Benjamin Schmitt. Avec à sa droite Jonas Decker, à bord d’une Citroën C2 sur-vitaminée, il a dominé de la tête et des épaules la catégorie NAT2. C’est simple, ils n’ont jamais quitté le top 3 de catégorie dans les temps de spéciales, signant par ailleurs 8 meilleurs temps. Au classement scratch, ils n’ont jamais quitté le top 10, à l’exception de la toute première spéciale. Avec un 5e temps sur l’ultime épreuve chronométrée, ils ont réussi à se hisser à la même position au classement général final. Pas mal pour une voiture dont le numéro de départ était le 39…
Le premier Luxembourgeois qu’on retrouvait au classement était Sam Weimerskirch. Avec Yves Freichel, sur la Mitsubishi Lancer EVO VIII, ils ont connu une touchette, mais sans lourdes conséquences sur la suite de leur rallye. « Tout fonctionnait à merveille. Je pouvais me concentrer entièrement sur le pilotage. Dans ces conditions optimales, on prend confiance. Parfois un peu trop et on fait des bosses », plaisantait le pilote. « Heureusement, c’était un endroit assez lent. Virage à 90°. Le revêtement était gravillonné, on a perdu l’adhérence et on est venus lécher le mur. Les dégâts étaient uniquement cosmétiques. On a pu continuer comme si de rien était. » L’équipage luxembourgeois a oscillé tout le rallye entre la 12e et la 23e place de spéciale. Ils n’ont jamais quitté le top 20 et terminaient à la 14e place finale. C’était très serré, puisqu’à cinq secondes près, ils auraient pu gagner 2 places au classement général. Ils se consoleront avec une victoire de catégorie.
Les autres engagés dans notre championnat ont connu des fortunes diverses. Leon Brochhausen et Katja Pleß ont amené leur Honda Civic Type-R en 26e place, 7e de catégorie NAT2. Les Belges Jean-Claude et Michel Nizette ont signé une 3e place en historique 2 avec leur Ford Escort RS MKII, terminant 33e du rallye. En historique 1, c’est Philip Waterschoot, associé à la Championne du Luxembourg copilote en titre, Annick Folschette, qui s’est emparé des lauriers, aussi avec une Ford Escort RS MKII. L’équipage luxembourgeois a terminé en 38e place finale. En revanche, Maximilian Voigt et Alizée Dieckmann n’ont pas pu amener leur VW Golf sur la ligne d’arrivée.
Au classement de notre championnat, c’est le jackpot pour l’équipage Schmitt-Decker. Sa 5e place lui vaut 22 points, auxquels il faut ajouter 30 points multipliés par un coefficient de 3 (!!!) pour la victoire finale dans une catégorie qui compte plus de 8 participants. À ces 112 points, on ajoute encore 10 points pour la participation à une épreuve du calendrier et on obtient un total de 122 points. Si nos calculs sont corrects, l’équipage allemand devancerait Sam Weimerskirch et Yves Freichel, 2e avec … 52 points. Ceux-ci seraient à égalité avec Jean-Claude Simon. Trois points derrière eux, on retrouverait Leon Brochhausen. Enfin Philip Waterschoot et Annick Folschette suivraient avec 40 points. Steve Jung rétrograderait en 6e place. Voigt fermerait la marche avec 10 points.
D’où vient une telle différence ? Sam Weimerskirch, qui a lui également remporté sa catégorie voit son contingent de points de catégorie multiplié par un coefficient … 1 (contrairement à 3 pour Benjamin Schmitt), car il y avait strictement moins de 4 participants. Le voilà donc avec un écart abyssal de 70 points au classement, après une seule et unique manche. Tout cela pour une simple différence de 9 positions au classement général final (puisqu’ils ont tous les deux remporté leur catégorie). On peut évidemment comprendre qu’une plus grande adversité doit amener plus de points. Mais de là à multiplier les points par 3… Si l’objectif est de rendre l’issue notre Championnat national entièrement dépendante de la liste de départ des différents rallyes qui le constituent, et non de la performance en tant que telle de nos pilotes, force est de constater qu’il est atteint.
Mais puisque les pilotes et copilotes peuvent s’inscrire à d’autres manches, ils n’ont qu’à participer à celles où la catégorie de leur voiture est mieux représentée ? Pas si simple. Imaginons que Sébastien Ogier soit inscrit à notre championnat (on le lui recommande vivement, d’ailleurs). En remportant le Monte-Carlo 2025, il aurait inscrit 32 points pour sa victoire finale, ainsi que le triple de 30 pour sa victoire de catégorie, ce qui lui aurait rapporté 122 points. Mais attention, ce total serait ensuite multiplié par un coefficient pénalisant de 0,6. Ce qui lui vaudrait un total de 73,2, soit une bonne cinquantaine de points de moins que le total récolté par le duo Schmitt-Decker sur le Rallye des Ardennes.
À la lumière de tout ceci, il semble très difficile pour les pilotes engagés dans les catégories moins représentées de rivaliser. Même en s’inscrivant à des rallyes de renommée internationale pour bénéficier du coefficient 3 dans le classement de classe, ils perdraient tout le bénéfice de celui-ci avec le coefficient de 0,6 appliqué à leur contingent. Si la base du championnat semble cohérente, le caractère extrême des coefficients choisis vient tout plomber.
Andy Foyen
Mental Médias SARL
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