Raphaël, à quelques semaines des Jeux olympiques, est-ce que le stress commence tout doucement à monter ?
Oui, ça s’intensifie ! Les enfants – mes deux filles – grandissent très vite, elles changent beaucoup en ce moment. Il y a aussi le travail à côté, l’entraînement… On a fait un stage qui s’est très très bien passé. Et là, maintenant, les compétitions arrivent. Sportivement, tout se passe bien, mais je suis content qu’on aborde la dernière ligne droite.
Quel est le programme pour les semaines à venir ?
Mercredi, on part à Rome pour une grande compétition internationale ; ensuite, il restera les championnats le week-end du 10 juillet, dans trois semaines. Et enfin, le lendemain, je pars pour Tokyo, le camp d’entraînement et le stage à Fuji. Et après une semaine là-bas, on retournera à Tokyo. On sera isolés, on se retrouve avec la Suisse et le Liechtenstein pour ce stage ensemble.
Comment, malgré la charge de travail qu’implique votre sport et ces entraînements répétés, parvenez-vous à garder votre motivation intacte ?
Parce que j’ai une femme incroyable (rires), il faut l’avouer. Mon entourage proche m’aide beaucoup, ils sont vraiment là pour me soutenir. Sans eux, je n’en serais pas là… Et au niveau du travail, mon patron m’accorde beaucoup de liberté pour le moment, donc je peux vraiment me préparer le mieux possible à affronter tous ces défis. Je suis soulagé, parce que c’était vraiment une crainte de savoir comment allait se dérouler la logistique, etc. C’est pas toujours facile, mais tout se goupille bien, je peux souffler et être content d’avoir toutes ces personnes autour de moi.
Ces changements au niveau professionnel, cela n’a pas non plus été facile à gérer ?
Le fait d’avoir décalé d’un an les JO a tout changé pour moi. La vie privée, malgré la crise sanitaire, a continué, les enfants étaient en route, la construction de la maison aussi… Il y a des prêts à payer, etc. J’étais prêt à arrêter l’année dernière, mais avec ma femme, on a fait le choix de continuer, on en a discuté tous les deux et elle m’a dit : « Tu es qualifié, tu dois y aller. »
Tout ce contexte fait donc que votre manière d’aborder ces JO est complètement différente par rapport à vos précédentes expériences olympiques ?
C’est différent, oui. Déjà, je sais que ce sont les derniers, et j’aimerais en profiter le mieux possible. C’est une année qui a été extrêmement difficile. Ce n’était pas tous les jours facile. Depuis la naissance des filles jusqu’à avril-mai, elles n’ont pas fait leurs nuits. J’ai recommencé à travailler en février, et ça a été trois mois compliqués au niveau du sommeil. Quand je ne travaillais pas, je pouvais faire des siestes, ma femme était là et on se relayait. Mais quand j’étais au travail et elle seule à la maison, c’était chaud pour tous les deux.
Il sera impossible pour les spectateurs étrangers de venir aux JO au Japon, c’est une déception que la famille ne puisse pas venir assister à vos compétitions ?
De toute manière, quand on avait regardé l’année dernière pour le voyage, les prix étaient ahurissants. On avait quand même fait en sorte de préparer le coup, mais avec le Covid, c’est juste pas possible. Ce ne seront pas des JO comme on les connaît, parce qu’il n’y a pas que l’aspect sportif. Il y a aussi pas mal de choses à voir, à regarder, les festivités, le village olympique, la relation entre les athlètes, la vie en dehors compétitions… Les deux semaines que l’on vit aux Jeux olympiques, c’est difficilement explicable, c’est à chaque fois magique. Mais cette fois, ce sera différent. Ça me fait de la peine pour ceux qui y participent pour la première fois et peut-être la dernière. C’est pas donné à tout le monde non plus d’y aller plusieurs fois, et si c’est leurs seuls JO… Ils y seront, mais ce ne sera pas la même chose.
J’imagine que vous avez également suivi les résultats des autres sportifs luxembourgeois engagés dans la qualification pour Tokyo ?
Oui, on en a beaucoup parlé pendant notre stage. Certains font de belles performances, comme Charles Grethen, qui est très constant course après course. Sarah De Nutte s’est aussi qualifiée, et j’ai vu que Jeff Henckels aurait pu se qualifier aussi. J’ai tout suivi (rires).
Le mot d’ordre pour ces JO, ce sera de se faire plaisir et de profiter ?
J’ai quand même des ambitions. Il faut voir ce que je fais pendant les prochaines compétitions. Comment est la forme, parce que là, je commence à atteindre mon poids optimal, ma récupération est meilleure, tout est en place, c’est vraiment bien. J’ai envie de me tester et de voir ce que je vaux pour l’instant. Mais bon, si je ne fais pas 1’59’’ comme il y a deux ans, je ne le fais pas et puis c’est tout, ce ne sera pas un drame non plus. Mais j’ai envie de bien nager.
Julie Meynen sera présente chez les filles pour représenter la natation luxembourgeoise, mais chez les garçons, vous serez le seul, c’est un petit regret ?
Pour la natation luxembourgeoise, plus on est nombreux, mieux c’est. Il ne faut pas oublier que les JO, ça exige des temps très rapides, des normes A. En 2008, on était quatre ; en 2012, on était deux ; la dernière fois, on était trois… Mais bon, avec les normes B, c’était différent.
Il y a de jeunes nageurs au Luxembourg qui commencent à se montrer performants, quels conseils leur donnerais-tu afin qu’ils puissent eux aussi réaliser leur rêve olympique ?
Moi, je suis à fond derrière eux ! Il y a Rémi Fabiani, João Carneiro, Ralph Daleiden… J’ai la chance de m’entraîner avec Rémi et João. Il y a d’autres candidats pour 2024, comme Max Mannes, qui pourrait être très fort, et j’espère que d’autres s’ajouteront d’ici là. 2028, on ne sait pas encore, mais j’espère qu’ils se qualifieront, j’espère qu’ils apprendront à côtoyer le très haut niveau, pas seulement participer aux championnats d’Europe ou aux championnats du monde, mais aussi d’aller chercher une norme A, d’aller en demi-finale mondiale ou européenne… Vraiment vouloir faire partie du grand plateau et battre des records en championnat, c’est beau.
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