Rayan Philippe : « Au football, tout seul tu ne fais rien »

9 minutes
© Anouk Flesch

Sensationnelle, c’est le mot qui résume le mieux la saison de Rayan Philippe. Tout juste auréolé du titre de meilleur joueur de la saison, l’ailier français s’est confié sur une année rocambolesque, lui qui a été décisif comme aucun joueur ne l’avait été auparavant en BGL Ligue.

Qu’est-ce que ça fait d’être élu meilleur joueur de la saison ?

C’est une fierté, un plaisir. Ça vient récompenser une année de travail et une sacré saison, que ce soit sur le plan individuel ou collectif avec le titre et toutes ces victoires.

Tu es arrivé au Luxembourg, il y a bientôt deux ans. Est-ce qu’avant de signer, il y a une petite hésitation de ta part de signer dans un championnat que toi, et globalement le public étranger, connaissent si peu ?

Non ça a été sans hésitation. Ma priorité, à ce moment-là, c’était de retrouver le plaisir de jouer au football et des sensations. Je savais que c’était ce que je voulais et au final, je ne suis pas du tout déçu de mon choix.

Est-ce qu’à ce moment-là, tu t’es dit que tu faisais un pas en arrière dans ta carrière et que le monde professionnel s’éloignait ?

Oui, pour être tout à fait honnête, entre le championnat de France et la BGL Ligue, il y a un monde d’écart et on peut percevoir ça comme une marche en arrière, mais il faut parfois mieux faire cette marche en arrière pour mieux remonter, plutôt que de chercher plus haut et de risquer de se casser les dents. C’est une étape de ma carrière et je suis très content d’avoir fait ce choix-là et d’être resté ici pendant deux saisons.

Qu’est-ce qui fait que ça a fonctionné à Hesperange et que ça n’a pas marché à Dijon ou à l’AS Nancy Lorraine ?

L’âge a joué pour beaucoup. j’ai commencé très tôt, très jeune et je n’avais peut-être pas encore compris tous les mécanismes du monde professionnel et ce que ça engendrait. Et ce qui a beaucoup changé depuis c’est que j’ai trouvé mon véritable poste, qui est ailier. C’est là que je me sens le mieux, que j’utilise pleinement mes capacités et que je me sens le plus épanoui et le plus en confiance le week-end.

Ta première saison sous les couleurs du Swift a été mitigée (14 apparitions), avec des périodes où tu n’apparaissais parfois pas sur la feuille de match. Comment l’as tu vécue ?

Je dirais que ça a été une année d’adaptation. Je découvrais un nouveau championnat, un nouveau pays, donc j’ai appris, j’ai vu comment fonctionnait le club, les entrainements… Il a fallu quelques temps pour m’adapter et à partir de la deuxième partie de saison, j’ai joué, j’ai marqué quelques buts et j’ai enchaîné. En repartant sur ma deuxième saison, je savais comment travailler. Avec un groupe de qualité et le nouveau coach, Pascal Carzaniga, qui m’a aussi mis en confiance, j’ai pu m’épanouir à 100% cette année.

Après ce premier exercice, ton souhait est de rester pour t’imposer ou tu envisageais éventuellement de partir ?

Je voulais rester. J’avais besoin de prouver que j’avais le niveau et que je pouvais réaliser de belles choses dans ce championnat. Il ne faut pas chercher à partir dès qu’il y a un coup de moins bien et j’avais envie de montrer que j’avais les capacités de m’imposer. C’est ce que j’ai fait cette saison et je suis content.

En fin de compte, tu réalises une saison exceptionnelle avec 31 buts et 26 passes décisives (à la 29e journée). Est-ce qu’il y a eu un déclic ?

Le déclic, chez un footballeur, c’est souvent la confiance. Les qualités intrinsèques, elles n’apparaissent ou ne disparaissent pas du jour au lendemain, c’est la confiance qui joue beaucoup dans ta capacité à les exploiter ou non. Je l’ai retrouvée et j’ai pu montrer mon potentiel au maximum. Et chaque but, chaque passe décisive et chaque match gagné a renforcé cette confiance. C’est ce qui a fait la différence entre la saison dernière et cette saison.

Est-ce que le fait qu’il n’y ait pas de véritable numéro neuf t’a aidé à occuper le rôle d’attaquant et à améliorer tes statistiques ?

Oui et non. Sur les buts, peut-être, mais sur les passes décisives, avec un véritable numéro 9 j’en aurais eu encore plus ! On a joué dans ce dispositif, ça nous a réussi et si on avait joué avec un autre attaquant ça aurait certainement été différent, mais décisif, je l’aurais sans doute été aussi.

Ton coéquipier en attaque, Dominik Stolz, a lui aussi réalisé la meilleure saison de sa carrière…

C’est sûr que sans mes coéquipiers, je n’aurais pas pu faire tout cela. Au football, tout seul tu ne fais rien, on n’est pas des super-héros. Mais le moins qu’on puisse dire, c’est qu’on a eu une équipe extraordinaire cette saison, et Dominik en a fait partie et s’est aussi distingué avec d’énormes statistiques.

Quel est le match qui t’a le plus marqué ici au Luxembourg ?

Le match qui m’a le plus marqué, c’est le retour contre Dudelange, quand on gagne 4-3 après être revenus de très loin. Il restera dans nos mémoires pendant un bon moment, en tout cas dans la mienne c’est sûr. Après, si je dois retenir un match clé, ce serait le premier match de la saison, contre le Progrès Niederkorn. On est menés au score avant de tout renverser en sept minutes en fin de match et de gagner 4-2. Je pense que si on perd ce match-là, la saison n’est pas du tout la même. Mentalement, on s’est dit qu’on avait toutes les cartes en main et qu’on allait être injouables.

Au fil des mois et de tes statistiques qui grimpaient en flèche, on a remarqué que beaucoup de médias étrangers s’intéressaient à toi. Est-ce que tu t’attendais à recevoir une telle exposition alors que tu avais quitté le monde professionnel ?

Oui, quand ça a commencé, je dois dire que ça m’a un petit peu surpris (rires). Mais entendre parler de soi en bien ça fait toujours plaisir. Mais j’ai pris ça assez tranquillement, je garde la tête sur les épaules, ça reste seulement des interviews et ce qui m’importe le plus, c’est le terrain, j’ai continué à jouer de la même façon. Mais ça m’a forcément permis d’avoir de la visibilité et de mettre aussi en lumière un championnat qui n’est pas reconnu à sa juste valeur.

Deux ans après être parti du monde professionnel, tu te sens mieux armé pour le retrouver ?

On va dire que physiquement, j’ai toujours été prêt pour le haut niveau. La différence, elle est mentale. En plus d’avoir trouvé mon poste, j’ai pris conscience de pas mal de choses et je pense être bien plus prêt que je ne l’avais été auparavant.

Tu vas sans doute repartir du Luxembourg au mercato d’été. Quel est ton souhait pour ton futur projet ?

Je n’ai pas forcément d’envie particulière. Si je dois revenir en France, je reviendrai en France, mais ça peut aussi se faire dans un autre pays. Ce qui est sûr, c’est que j’ai envie de retrouver les sensations du haut niveau, et ça passera par des étapes. Ma priorité, c’est de trouver un projet intéressant, où je me sens épanoui comme je me suis senti épanoui ici, à Hesperange, et de continuer à évoluer petit à petit. Aujourd’hui, ma seule envie, c’est de prendre du plaisir, de jouer et de montrer que j’ai les qualités pour jouer plus haut.

Rayan Philippe, homme à tout faire

Meilleurs buteurs de BGL Ligue sur une saison 

1 – Zachary Hadji (2020/2021) – 33 buts

2 – Dave Turpel (2017/2018) – 32 buts

3 – Rayan Philippe (2022/2023) – 31 buts

4 – Pierre Piskor (2008/2009) – 30 buts

5 – Aleksandr Karapetyan (2017/2018) – 29 buts

6 – Dominik Stolz (2022/2023) – 28 buts

7 – Omar Er Rafik (2016/2017) – 26 buts

8 – Daniel Da Mota (2006/2007) – 26 buts

9 – Julien Jahier (2015/2016) – 25 buts

10 – Pierre Piskor (2006/2007) – 25 buts

Meilleurs passeurs de BGL Ligue sur une saison 

1 – Rayan Philippe (2022/2023) – 26 p.d.

2 – Dejvid Sinani (2021/2022) – 17 p.d.

3 – Dominik Stolz (2022/2023) – 16 p.d.

4 – João Magno (2022/2023) – 14 p.d.

5 – Dejvid Sinani (2022/2023) – 14 p.d.

6 – Clément Couturier (2021/2022) – 14 p.d.

7 – Sébastien Thill (2017/2018) – 14 p.d.

8 – Mayron de Almeida (2021/2022) 13 p.d.

9 – Dominik Stolz (2020/2021) – 13 p.d.

10 – Mario Pokar (2016/2017) – 13 p.d.

70

En l’espace de deux saisons, Rayan Philippe a participé à 46 rencontres sous le maillot du Swift Hesperange et a été décisif à 70 reprises (39 buts et 31 passes décisives). Au total, il a donc été décisif une fois toutes les 51 minutes.

Décollage imminent ? 

Après deux saisons passées du côté du Swift Hesperange, le départ de Rayan Philippe semble inévitable. Le natif de Nice, qui a déjà connu le monde professionnel avec des passages au Dijon FCO (où il a été formé) puis à l’AS Nancy Lorraine, devrait ainsi retrouver le très haut niveau.

58%

C’est le pourcentage de participation de buts de Rayan Philippe en championnat cette saison avec le Swift Hesperange. Le tout récent champion de Luxembourg est de loin la meilleure attaque de cet exercice 2022/2023 et avec 31 buts et 26 passes décisives, l’attaquant français est impliqué dans près de 6 buts sur 10. Son coéquipier en attaque et DRIBBLE! d’Argent, Dominik Stolz, n’est impliqué ‘’que’’ dans 45% des buts de son équipe, avec 28 buts et 16 passes décisives.

admin

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