Cela avait fait l’effet d’une bombe. Il y a quelques mois, la firme japonaise Konami annonçait la fin de sa série de PES, pour la renommer e-Football. Au-delà du crash monumental de son nouveau jeu soi-disant next-gen, c’est toute une part d’histoire qui s’est achevée avec la fin d’une des séries les plus cultes des jeux vidéos.
Master League, patch et jouabilité mythique
Castolo, Miranda, Valeny ou encore Ximelez… Ces noms, s’ils créent en vous une émotion immédiate, sont de ceux qui en disent long sur comment vous occupiez votre temps libre dans la première décennie du troisième millénaire. Joueurs fictifs d’une Master League inoubliable, tous ces joueurs fictifs ont berné notre jeunesse et fait chauffer nos cartes mémoires, manettes et consommation électrique. Ce mode éternel a probablement été responsable d’échecs scolaires et engueulades avec des parents énervés de nous voir encore debout à 02h du matin. Alors que l’online était tout sauf démocratisé, le jeu en solo était la norme et dans ce domaine, la Masters League, diablement chronophage était LA référence.
En cette époque révolue, PES était intouchable. La franchise FIFA battait sévèrement de l’aile et souffrait énormément de la comparaison avec Pro Evolution Soccer, aussi connu sous le nom Winning Eleven au Japon. Tant pis si le jour de l’achat, personne ne jouait réellement, bien trop occupé à patcher le jeu pour éviter de jouer avec Ziderm, Roberto Larcos, Moldani ou encore Naldorinho. Il en allait de même pour les clubs, avec des Merseyside Red, Ile-de-France, ou North London. Avec l’éditeur de Konami, les premières journées étaient donc passées, comme tout passionné, à chômer de longues heures à apposer aux joueurs et clubs tous les noms corrects.
Ces soucis de licence, dans le fond, personne ne s’en souciait. Car le jeu proposait un tel plaisir, d’édition en édition, que ses petits défauts devenaient hors-sujet. Rarement l’immersion n’a t-elle été aussi puissante manette en main. Avec une attention particulière accordée à la tactique, qui devait être mise en place à la perfection afin d’optimiser au maximum son effectif, l’analyse des flèches de forme, et plusieurs styles de jeu développables, PES était la bible.
Un yo-yo constant.
Là où son rival encourageait des but rapides et actions au rythme constant, PES ralentissait les choses, récompensant le jeu d’approche patient et les passes nettes, facilités par une approche révolutionnaire de la tactique. Pourtant, cet âge d’or du début des années 2000 va sérieusement vaciller avec le passage sur Playstation 3. Faisant le choix étrange de favoriser un jeu arcade plutôt que la classique simulation qui faisait sa signature, Konami va soudainement décider de copier tout ce que les gens critiquaient chez FIFA. En faisant une fixation sur les graphismes, en particulier la modélisation des visages des joueurs, PES s’est tiré une balle dans le pied et la sanction a été immédiate. De concurrent direct, la série japonaise n’est alors devenu qu’une alternative de niche.
Le passage sur PS4 n’aura pourtant pas été mauvais, loin de là. Renouant avec ses valeurs d’un gameplay réaliste et de mouvements extrêmement similaires à un vrai match de football, la série a alors retrouvé de sa splendeur d’antan. Mais, dépassé par un marketing impressionnant par la franchise FIFA et son polémique FUT, Konami n’a jamais réussi à réduire l’écart dorénavant trop large entre les deux « géants ».
Alors que bien du monde s’attendait au passage sur next-gen comme l’occasion de se rapprocher encore une fois de son meilleur ennemi, l’annonce de la fin de la série a choqué à travers la diaspora du ballon rond. Et les réactions, extrêmement sincères ont été un formidable témoignage du plaisir que ce jeu nous a offert au fil des années. Hommages, douleurs, remerciements : tous et chacun avaient leur mot à dire sur la fin d’une époque, souvent brillante, parfois ratée, mais qui a laissé une myriade de souvenirs mythiques à tous ses anciens et actuels utilisateurs. À défaut d’avoir trôné là, tout en haut, PES restera à jamais dans l’imaginaire collectif comme, par moment, la plus grande simulation de football de tous les temps. Un titre que personne, pas même FIFA ne pourra jamais lui voler.
Encadré : e-Football, un fiasco déjà mythique.
Le 30 septembre dernier, Konami lançait donc son nouveau produit, sobrement intitulé e-Football. Si l’inquiétude était de mise, les previews et bêtas entrevues jusque-là fort inquiétantes, personne ne pouvait imaginer un tel désastre. Avec des graphismes au niveau de la PS2, une jouabilité absolument chaotique et une absence de contenu, E-Football s’est crashé avec brio. Après avoir tout de même évité de sortir un nouveau jeu l’an passé pour travailler sur ce soi-disant bébé prometteur, le choc a été total. Et les moqueries sont arrivées à vitesse grand V. En une semaine, la simulation de football devenait le jeu le moins bien noté de l’histoire de la plateforme Steam. Les captures d’écran de visages déformées, d’arbitre tombé littéralement sous le sol ou de joueurs en lévitation ont vite fait le tour des réseaux sociaux, plongeant Konami dans l’embarras. Ce dernier avait essayé de réagir en annonçant une mise à jour au 11 novembre. Las, la dite update a été reporté à Printemps 2022 (!) Et la firme japonaise a décidé de proposer à nouveau du contenu sur PES 2021, signe d’un énorme raté.
La sérié était déjà largement distancée depuis quelques temps par la franchise FIFA, et n’était plus qu’une maigre alternative malgré un gameplay largement supérieur. Mais il est difficile aujourd’hui de savoir à quel point ce lancement dévastateur pourrait signifier la fin pour Konami. Il est profondément compliqué de comprendre comment un tel fiasco a pu se produire, et pourquoi la destruction d’un jeu pourtant mythique n’a pas été anticipée au sein de la firme japonaise.
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