Roby Langers: « Le Paris Saint-Germain me voulait absolument »

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Voilà désormais connu le récipiendaire de la première élection du Dribble d’Or, organisée par nos soins. Et c’est Roby Langers qui a le privilège d’ajouter un nouveau trophée à une carrière déjà bien remplie entre la France, l’Allemagne, et le Luxembourg, ou il l’aura entamé et achevé. L’ancien joueur de l’Union et du F91 s’est confié à nous pour l’occasion.

Roby, notre jury vous a élu comme le meilleur joueur ayant évolué au Luxembourg ces trente dernières années, tout d’abord félicitations!

Oui j’étais un peu étonné de l’apprendre, car j’ai joué au Luxembourg au début de ma carrière lorsque j’avais 17-18 ans, et puis deux ans à la fin de ma carrière. Donc je n’ai pas passé énormément de temps dans le championnat luxembourgeois, mais je pense que les gens ont aussi jugé ma carrière internationale et considéré mon parcours à l’étranger, ou j’ai marqué pas mal de buts.

Parmi notre collège de votants, vous avez des affinités avec certains d’entre eux?

Je connais Henri Bossi, je connais aussi Marc Thomé avec qui j’ai joué en sélection, et je connais Albert Krier le photographe. Enfin je les connais presque tous de vue, et quelques uns de nom. Mais il m’arrive de les voir quand je vais regarder des matches de foot au Luxembourg, mais nous ne sommes pas en contact quotidien.

En parcourant le listing des cinquante joueurs sélectionnés, cela vous a rappelé des souvenirs?

Oui il y a des sacrés pointures tout de même! Il y a de très très bons joueurs qui ont évolué au Luxembourg. Mais cela fait toujours plaisir d’être reconnu pour ce qu’on a fait, même si c’était trente ans en arrière.

Pour qui vous auriez voté si vous aviez fait partie du jury?

Si je devais donner des noms, je pourrai vous en citer une demi-douzaine! Je ne veux pas en sortir un maintenant, car le choix était très large, et c’est difficile de désigner le numéro un.

Pour l’ancien attaquant que vous êtes, quel est celui qui vous impressionne le plus au Luxembourg ou parmi les joueurs luxembourgeois actuels?

Dans le championnat luxembourgeois, à vrai dire pas trop. Mais ce que je peux vous dire c’est que j’avais déjà prédit une grande carrière il y a quelques années à Danel Sinani. Quand je commentais les matches sur RTL lorsque Dudelange s’est qualifié en Coupe d’Europe, j’étais sur qu’il allait se révéler au niveau international. Il y a aussi évidemment Gerson Rodrigues qui a montré ses dernières années de quoi il est capable, et je pense qu’il peut encore gravir d’autres échelons. Mais cela ne dépend que de lui-même, et de la façon dont il va évoluer.

De quoi êtes-vous le plus fier quand vous analysez votre longue carrière?

Au moment ou je jouais c’était difficile, car on avait le droit qu’à deux étrangers sur la feuille de match, trois lorsque je terminais ma carrière. Mais j’ai tout de même réussi à me faire un nom même si c’était la plupart du temps en deuxième division française. Aujourd’hui depuis l’arrêt Bosman il n’y a plus ce problème des joueurs étrangers.

Au moment de votre retraite sportive, à 38 ans, avez-vous eu un regret en particulier?

Oui. Le plus grand regret, c’est lorsque j’avais marqué 17 buts dans une saison avec l’OGC Nice, et 5 lors des barrages, le Paris Saint-Germain me voulait absolument. Malheureusement cela ne s’est pas fait, et ça c’est le plus grand regret que j’ai eu dans ma carrière. Parce que financièrement et sportivement, j’aurai pu y franchir une étape de plus dans ma carrière.

« Être dans l’équipe du siècle m’a fait chaud au coeur »

Quand on parle de retraite sportive, on utilise souvent le terme de « petite mort », c’est quelque chose que vous avez ressenti?

Disons que je me serai bien vu directeur sportif dans un club professionnel, ou même manager général, ou à la fédération, mais cela ne s’est pas fait et c’est un autre regret. Mais être entraîneur, non cela ne m’intéressait pas.

Avec quels anciens coéquipiers avez-vous gardé le contact?

En France il y a Luis Fernandez et José Bray avec lesquels j’ai joué à Cannes. J’avais le numéro de « Zizou » aussi mais il en change tout les six mois. En Allemagne, il y a Lothar Matthäus dont j’ai encore les coordonnées. Et puis surtout parmi les anciens niçois.

L’OGC Nice ou avez d’ailleurs été élu parmi l’équipe du siècle!

Oui cela m’a fait plaisir. Avec Hugo Lloris, Nenad Bjekovic, José Cobos… J’ai appris ça quand je suis descendu pour le dernier match au stade du Ray, cela m’a fait chaud au coeur. Et être derrière le grillage avec les supporters j’en ai eu des frissons.

Votre reconversion, comment s’est elle opérée?

Quand j’ai vu que je ne pouvais pas m’orienter vers un poste de directeur sportif, on a décidé avec mon épouse de renter au pays. Pour les écoles, pour mon fils et après ma fille, c’était mieux le Luxembourg pour l’éducation. Et puis on a notre famille ici. Je pense que j’avais plus de possibilités pour ma reconversion ici, et cela m’a réussi.

Vous avez évolué un an aux côtés de Zinédine Zidane à Cannes. Vous avez une anecdote à nous raconter à son sujet?

J’étais plutôt en fin de carrière, et lui commençait la sienne. On a joué ensemble en Coupe d’Europe, en championnat de France, et on voyait déjà qu’il avait du ballon, mais qu’il ne le lâchait pas! Vous savez quand on est jeunes on veut dribbler, on veut tout montrer, et au début cela n’allait pas trop. Jamais on aurait pensé qu’il allait faire une telle carrière. Je me souviens d’une rencontre à domicile contre Saint-Etienne, on a perdu le match. Il dribblait, il dribblait… Et à un moment dans la tribune principale, certains spectateurs se sont mis à le siffler. Et puis il s’est retourné vers eux, et il leur a adressé un doigt d’honneur! (Rires). Déjà à l’époque il avait son caractère, je crois d’ailleurs qu’il a eu une amende de la part du club. Mais je dois dire que c’est un gars adorable. Quand je l’ai revu il y a cinq ans au Luxembourg à l’occasion du gala de ELA, on a discuté, et on pas mal rigolé. Il est resté le même, il n’a pas pris la grosse tête, toujours super sympa. Ia toujours gardé la même femme, ils ont quatre enfants ensemble, c’est un modèle.

Comment c’était le football luxembourgeois au début des années 80, et à la fin des années 90, est-ce si différent qu’aujourd’hui?

C’est différent dans la mesure ou quand j’ai commencé dans les années 80, on avait droit à un étranger dans l’équipe, et maintenant c’est l’inverse on a un seul luxembourgeois dans l’équipe (rires). Je dis ça pour plaisanter mais c’est presque vrai. C’est complètement différent, et il y a certains clubs ou il y a beaucoup d’argent, même si ce n’est pas toujours très bon. Notamment quand on voit ce qu’il se passe à Hesperange, c’est pas beau, ce n’est pas beau à voir. Je crois que nous à l’époque on avait autre chose en tête que l’argent.

Si il y avait un mot pour définir Roby Langers?

Je dirais persévérant.

« Avant les matches on jouait au tarot! »

Dans les vestiaires de football il y a toujours des caractères différents. Vous aviez plutôt l’âme d’un meneur d’hommes, ou vous laissiez cela à d’autres coéquipiers?

Cela dépendait. En équipe nationale, on avait un groupe avec Carlo Weis, Guy Hellers, et moi, ou nous étions le squelette de l’équipe. Et dans les autres clubs ou j’ai joué, c’est normal que lorsque l’on est attaquant, que l’on marque des buts, que la presse parle de vous. Mais je n’ai jamais eu ce sentiment d’être un leader. Le « leader maximo » comme à Cuba, non je ne l’étais pas. Mais j’étais parmi différents leaders oui.

Un moment que vous aimeriez revivre dans votre carrière?

Le moment ou je marque quatre buts en première mi-temps avec Nice lors des barrages face à Strasbourg. Il y a eu aussi le tour d’honneur à la fin du match avec Christian Estrosi, l’actuel maire, mais qui était déjà là à l’époque, aux côtés Jacques Médecin. C’était super, et personne n’a oublié cela.

Vous êtes encore reconnu dans la rue à Nice de nos jours?

Chaque fois que je descends des gens me reconnaissent, et veulent faire des photos, c’est beau. Une partie de mon coeur est resté à Nice, c’est sûr.

L’entraîneur qui a le plus compté pour vous?

Il y en a beaucoup mais parmi les trois il y a certainement Paul Philipp. On a joué ensemble en sélection, et ensuite il en est devenu l’entraîneur pendant une quinzaine d’années. Ensuite à Orléans il y a eu Jacky Lemée, et également Jean-Noël Huck que j’ai connu à Nice aussi.

Une chose a beaucoup changé depuis votre époque, ce sont les rapports entre les joueurs et les médias, avec l’apparition des réseaux sociaux etc… Vous pensez quoi de tout cela?

Je trouve que ce n’est pas trop bien. Aujourd’hui quand les joueurs arrivent au stade, ils ont leurs écouteurs dans les oreilles… Nous on était plus concentrés, plus près des supporters. Maintenant ils se prennent tous pour des stars, ils sont chacun sur leur téléphone portable. Ils ne communiquent plus ensemble comme nous à l’époque. Avant les matches on faisait des parties de cartes tarot, on se parlait tu vois! Maintenant cela a changé, et je n’aime pas trop c’est bizarre. Pour moi la vieille école reste la meilleure.

Vous avez fêté vos soixante ans en août dernier, un âge-charnière ou on approche de la retraite, la deuxième en ce qui vous concerne après celle de footballeur. Quels sont vos projets pour la suite?

Oui j’en parlais avec mon directeur il y a cinq minutes (rires). Je pense que je vais arrêter à 62 ans. Et après je vais rester proche du foot et de l’équipe nationale. J’ai l’occasion d’aller voir des matches en France, j’ai toujours des invitations, et le foot reste une partie de ma vie. Et puis j’ai encore de belles années devant moi, je me sens bien, je fais encore du sport trois fois par semaine. Touchons du bois qu’on vaincra ce Covid. En tout cas j’ai des idées en tête, mais rien de bien défini à l’heure actuelle.

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