Rout Léiwen : 2024, année à oublier ?

10 minutes
Rout Léiwen
©Jules Regrenil

Elle avait pourtant de quoi bien commencer : un match pour entrer dans la légende contre la Géorgie en mars, deux confrontations face aux voisins géants avant l’été, et une campagne de Nations League pour surfer sur la nouvelle dimension prise par ces Rout Léiwen. Un poids trop lourd à porter pour les anciens petits poucets ?

Du printemps des rêves…

On ne refera pas le passé, même si la demi-finale de barrages à Tbilisi a laissé un goût plus qu’amer (2-0). Sur fond de polémique avec la VAR, l’arbitre annule l’égalisation méritée de Gerson Rodrigues et revient sur une faute de Maxime Chanot aux abords de la surface opposée, lui valant une expulsion prématurée qui précipitera la sélection vers l’élimination. Un coup du sort, un fait de jeu, et la fin des rêves d’Euro, douchés par le doublé de Zivzivadze dans la foulée.

La victoire à domicile lors du matchs des perdants face au Kazakhstan (2-1) n’atténuera pas la déception, ni les valeureux combats face aux Bleus (3-0) et aux Diables Rouges (3-0), perdus avec panache malgré les absences de taille. Et notamment celle de Léo Barreiro, fraîchement arrivé au SL Benfica, qui avait alors préféré s’entraîner avec son nouveau club plutôt que rejoindre la sélection. Un premier caillou dans la chaussure de Luc Holtz.

…aux sanglots longs de l’automne

Bientôt suivi d’une énième affaire Gerson Rodrigues, écarté du groupe pour raisons disciplinaires lors de la réception à domicile en septembre de la Biélorussie (0-1). Une défaite qui faisait tache après le non-match à Belfast (2-0) et laissait le Luxembourg lanterne rouge de son groupe en Nations League. Octobre et son double déplacement à l’est prenait des allures d’urgence pour renouer avec la victoire et surtout avec un fond de jeu, désespérément laissé à l’abandon depuis la fin de campagne des qualifications pour l’Euro. Le sélectionneur le concédait : les forces à sa disposition ne permettaient guère que de jouer en transition, pour pallier les absences de Vincent Thill et Yvandro Borges. Auxquelles il fallut ajouter le départ précipité de Chanot à peine arrivé à Plovdiv pour une genou douloureux. Ou une blessure diplomatique selon les versions.

Car la situation donna lieu à une passe d’armes par communiqués de presse interposés où le défenseur du Los Angeles FC et son coach national se sont livrés à des règlements de compte qui ont fini par écarter définitivement l’homme aux 11 années en charnière des Rout Léiwen de son pays d’adoption. Sans égratigner au passage le capitaine Laurent Jans ou caresser dans le sens du poil une fédération étrangement muette sur le sujet, en cas de changement à prévoir à la tête de la sélection… Et les nuls concédés en Bulgarie (0-0) puis face au Belarus (1-1), s’ils ont eu le mérite de voir la relève confirmer (Korac, Curci) ou marquer des points (D’Anzico, Moreira), ont encore davantage fragilisé un Luc Holtz qui paraissait presque abattu voire résigné en conférence de presse.

Danel Sinani ©Jules Regrenil

Y a-t-il un pilote dans l’avion ?

À tel point qu’après un nouveau revers à domicile contre des Bulgares (0-1) bien plus prompts au pressing et à la récupération, le sélectionneur ne pouvait balayer l’idée selon laquelle il arrivait peut-être à la fin d’un cycle. Il faut dire qu’avec la blessure d’Anthony Moris, l’affaire Chanot qui quoi qu’on en dise a forcément impacté les esprits et de nouvelles frictions avec Gerson Rodrigues en Bulgarie, la tension était palpable à Mondercange comme dans l’opinion publique. Même le débonnaire et traditionnellement discret président de la FLF ne pouvait botter en touche : « Quand une campagne se termine, il y a un bilan à faire, où chacun doit prendre ses responsabilités et tirer les conclusions nécessaires ».

Un bilan qui « dépend des résultats » selon Paul Philipp : or, l’exploit d’être revenu au score devant son public contre l’ogre nord-Irlandais après avoir été mené de deux buts (2-2) semblait donner un sursis à un Luc Holtz sur la sellette. Mais de son propre aveu après le match : « on ne le méritait pas », contrairement à la défaite trois jours plus tôt où il avait trouvé son équipe « fantastique dans le contenu ». À sa décharge, l’émergence de Seid Korac en véritable patron de la défense, les encourageants débuts de Tomás Moreira et le miracle d’avoir réussi à garder concernés tous ses joueurs, à l’instar d’un Enes Mahmutovic entré en cours de jeu lors du dernier match après avoir essuyé le banc depuis Belfast… Ou d’un Tiago Pereira, condamné au rôle de doublure avant de se voir propulsé dans les cages suite au forfait de Moris. 

Au final, la dernière place du groupe 3, un double match de barrage contre Malte prévu en mars 2026 pour rester en Ligue C, et une fin d’année qui aura fait couler bien plus d’encre sur les aléas extra-sportifs que sur notre enthousiasme à regarder les matchs. Si bien que le public ne semblait plus croire en Luc Holtz pour rester l’homme de la situation et mener une nouvelle campagne. Qu’à cela ne tienne, le contrat court jusqu’en décembre 2025 et il sera bien à la tête des Qualifiers pour le Mondial 2026 et devra composer avec les forces en présence et des dynamiques variées selon les postes et les profils.

Place aux jeunes

Seid Korac, Tomás Moreira, Kevin D’Anzico, Alessio Curci, Tiago Pereira : la relève a les dents longues et ne s’est pas fait attendre pour briller et récolter les lauriers lors de prestations parfois impressionnantes. Korac s’est imposé au sein d’une charnière centrale prometteuse aux côtés de Carlson, y allant même de son premier but au mental qui a sonné la révolte de Lions rouges jusque là endormis face à l’Irlande du Nord. Tomás Moreira pourrait être à 19 ans le futur dépositaire du jeu.

En support, Kevin D’Anzico a montré des qualités encourageantes en central comme en latéral et Alessio Curci a prouvé qu’il pouvait porter le danger par ses appels et ses courses en relais. Tiago Pereira enfin, qui a dû remplacer au pied levé lors des deux dernières rencontres un Moris irréprochable, a prouvé à 18 ans qu’il était capable de relever le défi du très haut niveau et se relever après l’échec. La jeune génération n’a pas de quoi rougir pour reprendre les rênes avant les qualificatifs pour le prochain Mondial.

Tiago Pereira ©Jules Regrenil

La mine basse

Et derrière, ça stagne… Mathias Olesen, Leandro Barreiro, Christophe Martins : cette campagne de Nations League aura fait des dégâts au milieu. Un Leo fantomatique, passant à côté de ses matchs et avec un temps de jeu réduit drastiquement depuis que le SL Benfica a changé d’entraîneur. Un Kiki Martins avec des hauts et des bas, semblant chercher sa place sur le terrain en fin d’année : il a tant manqué de cet allant qui l’avait caractérisé la saison précédente. Un Olesen utilisé à contre-emploi dans un rôle de 10 au pressing haut voire d’ailier, multipliant les courses inutiles et se tuant à une tâche qui n’est pas dans son ADN.

Pendant ce temps, le jeune Moreira a profité de ses premières capes pour marquer l’esprit de son sélectionneur, impatient de retrouver des profils rapides à la Yvandro Borges et Vincent Thill. Qui fera les frais de cette éclosion et du retour des fils prodigues ?

L’heure de la retraite ?

Car les places sont chères. Pour certains, le temps de faire ses adieux est choisi (Ralph Schon), pour d’autres imposé (Maxime Chanot). Si bien qu’on en vient à se demander si quelques cadres n’arrivent pas en bout de course. On pensera à Mica Pinto, méconnaissable depuis son retour de blessure qui aurait dû valoir un rouge à Zivzivadze, ou à Lars Gerson, à la peine à Belfast et depuis relégué au rang de coiffeur. À contre-coeur, Laurent Jans fait également partie du wagon de queue : malgré une motivation intacte et une cote de sympathie qui n’a jamais diminué, le capitaine du SK Beveren, 7e de deuxième division belge, va puiser à chaque match dans ses derniers retranchements pour avoir les cannes.

Enfin, il faudra bien se pencher une bonne fois pour toutes sur le cas Gerson Rodrigues : entre ses affaires extra-sportives, ses écarts de conduite, son exil en Chine où il a peu joué et un rendement sur le terrain pour le moins décevant, le meilleur buteur de l’histoire de la sélection doit-il encore écrire son avenir en rouge ? Réponse dès le mois de mars avec le match amical à domicile contre la Suède !

2024 en chiffres 

5 : Nombre de buts marqués en 10 rencontres sur l’année civile : un bien piètre rendement offensif… 4 ont été marqués dans le jeu et à domicile (2-1 face au Kazakhstan et 2-2 face à l’Irlande du Nord), 1 sur pénalty (1-1 à l’extérieur contre la Biélorussie). Un ratio d’1 but toutes les 180 minutes. 

553 : En compétition officielle, le but de Seid Korac ce 18 novembre a mis fin à 553 minutes de disette dans le jeu. Les Rout Léiwen n’avaient en effet plus marqué hors pénalty depuis la victoire au Liechtenstein un an auparavant, jour pour jour (le 19/11/23)

16 : Nombre de buts encaissés (seulement 9 en compétition officielle, mais cela reste trop sur 7 rencontres).

1 : Une unique victoire sur l’année civile, lors d’un match de « gala » sans enjeu contre le Kazakhstan. C’est 4 de moins qu’en 2023.

0 : Nombre de rencontres en 2024 pour lesquelles Luc Holtz a pu compter sur l’intégralité de ses cadres. Jamais l’effectif des Rout Léiwen n’a été en mesure de répondre au complet, entre les blessures, les suspensions ou les sanctions disciplinaires.

Rétrospective

21/03 : Géorgie 2-0 Luxembourg
(Zivzivadze 40’, 63’ // )

26/03 : Luxembourg 2-1 Kazakhstan
(Gerson Rodrigues 24’, Sinani 45’ // Sadybekov 2’)

05/06 : France 3-0 Luxembourg
(Kolo Muani 43’, Clauss 70’, Mbappé 85’ // )

08/06 : Belgique 3-0 Luxembourg
(Lukaku s.p. 42’ 57’, Trossard 81’ // )

05/09 : Irlande du Nord 2-0 Luxembourg
(McNair 11’, Ballard 17’ // )

08/09 : Luxembourg 0-1 Biélorussie
( // Gromyko 76’)

12/10 : Bulgarie 0-0 Luxembourg

15/10 : Biélorussie 1-1 Luxembourg
(Politevich 54’ // Gerson Rodrigues s.p. 78’)

15/11 : Luxembourg 0-1 Bulgarie
( // Kraev 23’)

18/11 : Luxembourg 2-2 Irlande du Nord
(Korac 72’, Gerson Rodrigues 75’ // Price 19’, Bradley 50’)

Marco Noel

09 janvier 2025

Le Luxembourg affrontera la Suède en mars 

9 janvier 2025 par
Boris Saint-Jalmes

Mathis Lemeray : « Au sein du vestiaire, on ne parlait pas de résultat ni de performance »

8 janvier 2025 par
Boris Saint-Jalmes

Chester Kieffer passe à la vitesse supérieure !

8 janvier 2025 par
Marco Noel

Un championnat cosmopolite 

8 janvier 2025 par
Boris Saint-Jalmes

Les championnats les plus suivis au Luxembourg

8 janvier 2025 par
Boris Saint-Jalmes

Quand les Lions rugissent hors de leurs frontières

7 janvier 2025 par
Marco Noel

Restez informés

Abonnez-vous à notre newsletter
Suivez-nous !

Mental Médias SARL
15 Rue Emile Mark
L-4620 Differdange LUXEMBOURG

m : moien@mental.lu

Abonnez-vous à notre newsletter
Suivez-nous !