Le club de Feulen a séduit à bien des égards en ce début saison que ce soit par son jeu direct, par son public enthousiaste, ou par son jeune buteur Said Rammo. L’attaquant syrien a connu un itinéraire hors du commun, marqué par la fuite d’une terre natale meurtrie par la guerre et un passage dans l’académie du Besiktas. Nous avons voulu en savoir plus.
DRIBBLE! : Said, tu es né en Syrie, mais la guerre civile a complètement changé ton destin ?
Said RAMMO : Au début de la guerre civile, on a dû quitter la Syrie. J’étais encore enfant, j’avais une bonne dizaine d’années. Nous nous sommes installés en Turquie, où il a fallu commencer une nouvelle vie. J’ai toujours aimé le football et en Turquie, quand j’étais petit, j’ai joué pour les équipes de jeunes du Besiktas. À partir des U17 ou U18, j’ai ensuite joué pour Adana Demirspor. Après, je suis arrivé ici, il y a un an et quatre mois.
Quelle est la raison qui t’a fait choisir pour le Luxembourg ?
C’est très simple. Je connaissais déjà le Luxembourg, parce que ma grand-mère habite ici depuis 10 ans environ. J’ai immédiatement commencé à apprendre le français. Je ne le parle pas encore très bien.
Si au contraire ! Pourquoi avoir choisi l’US Feulen ?
Dès mes premières semaines ici, mon oncle m’a emmené faire un test à Differdange et leur coach a immédiatement voulu que je joue pour eux. Malheureusement, Differdange, c’est loin quand on habite à Diekirch. J’ai préféré refuser. Un ami de mon oncle a alors proposé mes services à Feulen. J’y ai envoyé des vidéos et j’ai joué quelques matchs amicaux. Ils m’ont pris et j’en suis très content. C’est un très bon club pour moi.
Avec une belle réussite dès la première saison : la première montée de l’histoire du club en Promotion d’Honneur !
Oui, tous les joueurs ont fait une grande saison, avec le coach (NDLR : João Pereira Figueiredo) et tout le staff. C’était important pour nous de jouer en PH. Dans l’ensemble, le niveau est meilleur en Turquie qu’au Luxembourg, mais le niveau de la Promotion d’Honneur et de la BGL Ligue est quand même très bon. Il y a beaucoup de joueurs de qualité. Jusque-là, on est content de notre début de saison, même si sur les deux derniers matchs (NDLR : défaites 0-2 contre Ettelbrück et 2-1 à Junglinster), on n’a pas bien joué. Mais on va vite se reprendre, il y a encore beaucoup de matchs.
Est-ce que Feulen va se maintenir ?
Si on va se maintenir ? Bien-sûr ! On est une bonne équipe avec des joueurs de bonne qualité. On travaille bien et on fait tout ce qu’il faut pour rester en PH. Et à la différence de pas mal d’équipes en PH, on a un public important qui vient nous soutenir à chaque match.
Quel est ton objectif ? Le monde professionnel ?
Oui, absolument. Je travaille beaucoup pour accomplir ce rêve. Je travaille tous les jours, même quand il n’y a pas d’entraînement. À court terme, je veux jouer en BGL Ligue. J’aimerais beaucoup aussi jouer en Belgique ou en France. Recevoir un jour ma chance en Challenger Pro League (NDLR : D2 belge), ce serait magnifique.
Est-ce que tu envisages de jouer pour l’équipe nationale de Syrie ?
C’est assez délicat. Le sélectionneur m’a contacté plusieurs fois pour que je joue avec eux, mais à cause de la situation du pays, mon père m’a fortement conseillé de ne pas accepter. Si je joue un jour pour une équipe nationale, ce sera pour celle du Luxembourg, quand j’aurai obtenu la nationalité.
On sent que le Luxembourg te tient à cœur…
Oui, c’est un très beau pays. C’est le pays idéal pour moi, pour progresser dans le football, mais aussi pour l’école. Je me sens très bien ici.
Andy Foyen
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