À l’aube des confrontations en Islande et face à la Slovaquie qui pourraient mettre le Luxembourg
sur la voie royale pour une qualification à l’Euro 2024 en Allemagne, Luc Holtz a annoncé une liste
de 23 joueurs composée, à l’exception du gardien de Wiltz, Ralph Schon, uniquement de
professionnels. À titre de comparaison, il y a dix ans, à la même période et avant d’affronter la Russie et le Portugal, le sélectionneur ne disposait que de quatre « pros » : Maurice Deville, Mario Mutsch, Lars Gerson et Maxime Chanot. L’évolution du nombre de joueurs professionnels coïncide très certainement avec les très bonnes performances des Roud Léiwen ces dernières années avec en point d’orgue l’excellent résultat obtenu en Bosnie où la bande à Yvandro Borges, intenable ce soir-là, a terrassé une équipe composée de joueur du calibre de Miralem Pjanic, de Sead Kolasinac ou même d’Edin Dzeko.
D’un autre côté, entre un Swift Hesperange aux moyens quasi-illimités, des équipes comme le FC
Differdange, le Progrès Niederkorn et l’Union Titus Pétange qui attirent des joueurs évoluant dans
les meilleures divisions à l’étranger, et des clubs tels que Dudelange, la Jeunesse, Mondorf et Strassen qui sont plus que des faire-valoir dans ce championnat, il est indéniable de dire que le niveau de la BGL Ligue a aussi progressé d’un point de vue soit tactique, technique, voire même dans le professionnalisme des clubs. Malgré tout, les joueurs de division nationale ont-ils encore une chance d’être appelé par Luc Holtz ?
Pimentel, un retour aux sources puis le silence radio
Appelé en septembre 2022, lorsqu’il évoluait à Jammerbugt, au Danemark, Diogo Pimentel n’a plus eu de contact avec Luc Holtz depuis qu’il est a fait son retour en BGL Ligue. « Le coach m’a contacté après la blessure d’Olivier Thill lorsque je jouais au Danemark et que j’étais professionnel. Depuis que je suis revenu au Luxembourg, je n’ai plus de contact avec Luc Holtz. Il privilégie les joueurs professionnels et pour être honnête, je trouve ça normal. » Et s’il admet ne plus croire à une sélection, le milieu de terrain de l’UNA Strassen avoue qu’il serait honoré si on l’appelait à nouveau. Même son de cloche pour Artur Abreu, qui malgré deux saisons de haut vol ne semble jamais avoir eu les faveurs du coach. Si l’ailier n’y voit pas là une injustice, il avoue tout de même quelques regrets. « Je pense que même s’il y a certains joueurs qui sont titulaires dans les grands championnats, j’aurais pu mériter d’être appelé au moins une fois. Certains joueurs de notre championnat ont le niveau pour être pro ailleurs. Le coach semble donner plus de crédit à des joueurs qui ont le statut professionnel, mais c’est quelque chose que je peux comprendre. »
Si la différence de niveau entre des joueurs évoluant dans des grands championnats, comme Leandro Barreiro, et les tous meilleurs de BGL ligue est énorme, l’est-t-elle autant avec ceux qui évoluent dans les championnats de seconde zone ? Dejvid Sinani est peut-être le mieux placé pour en parler.
Alors qu’on n’attendait plus sa présence dans la liste, notamment après avoir décliné l’invitation du sélectionneur l’an dernier, le néo-hesperangeois a été rappelé à trois reprises et a connu plusieurs apparitions sous le maillot rouge, avec une titularisation face à la Hongrie et deux bouts de match face à Malte et la Bosnie. « Il y a effectivement une certaine différence entre eux et nous. Le rythme est plus élevé et ils savent garder la cadence. » Mais le milieu offensif, dont le petit frère compte déjà plus de cinquante sélections, estime que « tous les joueurs au pays doivent continuer à y croire. Le coach garde un œil sur nos prestations et je pense sérieusement que si je suis bon, je pourrai à nouveau faire partie du groupe. »
Pour Jeff Strasser, le joueur de BGL Ligue a encore sa place
Un espoir qui demeure intact et qui va dans le sens de Jeff Strasser. L’ancien international, aujourd’hui entraîneur du Progrès Niederkorn, estime quant à lui qu’un joueur de son championnat à toute sa place dans l’effectif du Luxembourg par rapport à un professionnel au temps de jeu sporadique. « Il faut sélectionner les meilleurs joueurs aux meilleurs postes. Il y a des joueurs qui évoluent à l’étranger, dans un autre championnat, qui sont remplaçants et qui rentrent peu voire pas du tout. Est-ce que ces joueurs-là sont plus qualifiés que d’autres qui sont titulaires indiscutables dans le top 4 au Luxembourg et qui sont performants ? Pour moi, ce n’est pas une question qu’on peut généraliser.
Mais il faut qu’on fasse le nécessaire pour développer encore plus le championnat national, pour
élever le niveau des joueurs, pour augmenter la concurrence. En un an, huit joueurs du Progrès sont partis en pro et certains sont internationaux. Il faut faire en sorte que les meilleurs partent en pro, mais pourquoi ne pourraient-ils pas être sélectionnés s’ils jouent au Luxembourg ? Le premier critère, c’est la qualité du joueur, pas l’appartenance à un niveau. » Mais le technicien de 48 ans le sait bien, « un joueur qui joue tous les week-ends avec une intensité plus élevée qu’ici est forcément plus adapté à jouer des matchs à très haute intensité comme ceux de l’équipe nationale. »
On pourrait alors croire que tant qu’il n’y aura pas seulement des joueurs titulaires dans un
championnat professionnel, les besogneurs de BGL Ligue pourront trouver, ici ou là, une petite place parmi la liste de Luc Holtz. Mais à l’heure actuelle et au vu des retours de Gerson Rodrigues et d’Olivier Thill, un temps blacklistés par le sélectionneur, les places sont encore plus chères qu’avant.
D’autant qu’une grande partie de la nouvelle génération qui pointe le bout de son nez et qui toque
légitimement à la porte de la A est composée de joueurs qui évoluent dans des clubs professionnels à l’étranger, à l’image des Fabio Lohei (FC Metz), Eldin Dzogovic (FC Magdeburg) ou même David Jonathans (Bayern Munich).
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