Poliment, Stefan Zachäus nous prévient un samedi en fin de matinée qu’il ne pourra pas répondre à nos questions avant la toute fin de journée. Il nous présente pour cela une sacrée excuse : une sortie longue à vélo pour affûter ses guiboles. Car dans moins d’un mois, le triathlète coaché par Thomas Andreos bataillera dans un Tokyo totalement alpagué par le contexte olympique. Ce sera exactement le lundi 26 juillet à 6h30 heure locale. Un départ donné au lever du soleil, dans le pays du soleil levant. Pour amoindrir cet effet dévastateur de chaleur et d’humidité qui asphyxie en cette pleine période estivale la capitale nippone. Zachäus ne débarquera pas pour autant en terre inconnue. En effet, depuis qu’il a composté son ticket pour sa première olympiade en terminant dix-neuvième à la Coupe du monde de Huatulco au Mexique, il ne cesse de reproduire des entrainements avec des conditions climatiques similaires de celles qu’il trouvera sur sa route au Japon. Il explique : « Grâce au Luxembourg Institute for High Performance in Sports, je bénéficie actuellement de superbes conditions d’acclimatation et d’entrainement. Des machines permettent de simuler les conditions que je vais trouver au Japon. Cet endroit m’offre pas mal de possibilités. »
Quand on parle d’opportunité avec le gaillard de 30 ans, on se rend compte qu’il va se les chercher lui-même. Au prix de sacrifices au cours de grosses charges d’entrainements. Il s’est mis un temps dans sa bulle en Australie du côté de Noosa dans le Queensland puis du côté de Saarbrücken en Allemagne, où il s’est infligé de rudes -très rudes- entrainements. C’est ainsi qu’il s’est affuté en perdant du poids tout en gagnant en puissance. Une combinaison idéale pour être performant.
En s’expatriant aux antipodes fin 2019, avant que la pandémie éclate à la face du Globe, le sportif d’élite de la Lëtzebuerger Arméi a pu s’entrainer dans de très bonnes conditions et de manière quasi normale avec des blocs de course à pied-vélo-natation, à raison de six jours par semaine. Il n’a donc pas connu de coup d’arrêts par rapport à d’autres athlètes basés dans d’autres pays. Puis, il est revenu au pays depuis le début 2021, sous la houlette de Thomas Andreos. Sa moitié de saison 2021 se résume à cinq courses en back to back. Zachäus l’a débuté finalement il n’y a pas bien longtemps. C’était le 15 mai dernier, déjà au Japon, mais du côté de Yokohama, où il a pris la 41ème place de la manche des World Triathlon Series en affichant un temps de 1h49 et 13 secondes.
Qualifié au dernier moment pour les Jeux
Une semaine plus tard, il enfilait sa trifonction du côté de Lisbonne pour une manche de coupe du Monde et terminait 47ème en 1h46. Le 29 mai, toujours en Europe, mais cette fois-ci du côté de l’Italie, il flirtait avec le Top 30 en finissant 31ème à Arzachena dans une nouvelle manche de coupe du Monde. Puis le 6 juin, à une date qui figurait comme un premier virage important pour la qualification olympique, à Leeds en Angleterre, se jouait un peu son destin olympique. Malheureusement, pour lui une crevaison l’a contraint à se ranger de côté. C’est finalement à Huatulco, au Mexique, lors de son dernier rendez-vous possible avec l’histoire olympique qu’il a su décrocher le précieux sésame pour Tokyo. Zachäus finissait à la 19ème place en 54 minutes et 10 secondes et réussissait avec brio l’objectif de faire mieux qu’une vingt-sixième place, condition sine qua non pour voyager en terre nippone. Il n’oublie pas pour autant que ce compostage de billet a été rendu possible grâce au travail de son compatriote Bob Haller, qui s’est mué pour lui en coéquipier de luxe : « C’est dommage que nous ne pouvons pas faire ce voyage à Tokyo ensemble. Mais je sais Bob déjà déterminé et tourné vers Paris 2024. En s’entrainant dur comme il le fait et sait le faire, il a énormément chance de se qualifier. »
En attendant l’Olympiade française, Stefan Zachäus va se concentrer donc sur Tokyo. Sur son chemin, il trouvera des mastodontes et les favoris au titre que sont le Français Vincent Luis, l’Austalien Jacob Birtwhistle ou encore le Sud-Africain Henri Schoeman. Parmi tout ce gratin mondial, le triathlète grand-ducal concède un aveu : « Si je finis dans le Top 20 au sein d’un plateau aussi relevé, ce sera comme si je finis tout en haut de la lune. Finir dans le Top 30 me parait plus raisonnable en termes d’objectifs et ce serait déjà super ! »
Le parcours, il le connaît bien pour y a avoir déjà concouru dessus lors du test event du 16 août 2019 dernier. Le Canadien Tyler Mislawchuk s’y était imposé en 1 heure 49 minutes et 51 secondes devant le Norvégien Casper Stornes et le Néo-Zélandais Wilde Hayden. Zachäus avait, quant à lui, bouclé l’épreuve (1 tour d’un kilomètre + une boucle de 500 mètres de natation, 8 tours de 5 kilomètres à vélo, 4 tours de 2,5 kilomètres de course à pied) en 1h59 et 37 secondes. Certes, loin derrière les premiers, mais deux années se sont écoulées et notre chance luxembourgeoise a dans les jambes toute une nouvelle méthode d’entrainement qui lui permettra d’approcher la compétition avec un mental d’acier.
Jocelin Maire
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