Après une saison riche en désillusions, le club d’Hesperange compte sur son nouveau coach Emmanuel Da Costa pour redresser la barre et renouer avec le succès.
La BGL Ligue reprend ses droits dans deux jours : dernier tour d’horizon des équipes de la division d’élite du football national avec le 2e de la saison passée : le FC Swift Hesperange.
À oublier. Le champion de BGL Ligue 2022-2023 aura perdu son titre, connu l’amertume d’une défaite aux tirs-au-but en finale de coupe, vécu une année chaotique en terme de vestiaires et de finances, avant d’être sanctionné d’un refus d’octroi de licence UEFA pour sa gestion économique calamiteuse. Sur le papier pourtant, tout semblait sourire au club de Flavio Becca : l’effectif qui donnait le plus de certitudes, le recrutement de Carlos Fangueiro et son staff, une aventure européenne jusqu’au troisième tour de Conference League pour se mettre en jambes.
Mais l’année a été jalonnée de déboires extra-sportifs qui ont terni une saison pourtant plus qu’enviable pour tant d’autres équipes. Car terminer dauphin de BGL Ligue et finaliste de la Coupe de Luxembourg, n’existe-t-il pas bien peu de meilleurs bilans ? Pas suffisant pour conserver Roland Vrabec qui avait pris la place d’un Fangueiro remercié, ni pour convaincre les stars de rester. La confiance est rompue de part et d’autre : entre grève des joueurs pour protester contre les impayés de tout ou partie de salaires et primes, mise au loft, absence de compétitions européennes, dettes fiscales et vestiaire pléthorique qui nuit à la cohésion du groupe sur et en-dehors du terrain, le Swift était devenu une bombe à retardement.
Il fallait donc un électrochoc. Repartir d’une page (presque) vierge. Dégraisser l’effectif quitte à se priver d’un Raphaël Holzhauser, recrue hivernale stratosphérique (10 buts et 5 assists en 14 matchs), à laisser partir un Clément Couturier, impérial et infatigable quand il était titulaire, et miser sur la jeunesse d’un Noah Scheidweiler, Dribble d’Argent de Meilleur gardien, de Kobe Bohets ou d’Adrien Kack. Ils seront bien encadrés, car tout a été fait pour garantir le passage de flambeau avec le capitaine Dominik Stolz, le portier Geordan Dupire ou le double Dribble d’Or Dejvid Sinani.
Surtout donner sa confiance à un coach expérimenté, issu du football professionnel, en la personne du Français Emmanuel Seara Da Costa, ancien entraîneur de Quevilly Rouen ou l’US Créteil : « La vie est faite d’opportunités, celle de venir au Swift était intéressante pour moi : découvrir un autre projet, un autre pays, et la perspective de gagner des choses. Le Swift travaille comme le monde professionnel, ce n’est donc pas un grand changement non plus moi. Toutes les planètes étaient alignées » pour l’ancien assistant de Laurent Battles à Saint-Étienne.
« Aujourd’hui on est dans une situation d’urgence«
Emmanuel Da Costa
Toutes sauf peut-être la planète joueurs, qui risque de mettre du temps à retrouver la sérénité d’un vestiaire et apprendre à jouer ensemble. Or Da Costa n’est « pas venu pour une saison de transition ». Et le coach français de renchérir : « Vous êtes bien placé pour savoir qu’à la tête de ce club, il y a quelqu’un qui aime gagner… Et de mon côté, j’ai beaucoup de défauts, mais j’aime gagner également. À partir du moment où on a les mêmes ambitions, les objectifs sont faciles à mettre sur la table. Mais il y a une différence entre la volonté et le concret. Chaque coach peut dire qu’on veut être champion, gagner la coupe et aller en coupe d’Europe, mais il faut la matière pour y arriver. Avant de gagner, il faut que la mayonnaise prenne très rapidement. Aujourd’hui on est dans une situation d’urgence. Ce n’est pas un manque d’ambition, de courage ou de volonté. C’est une analyse, un audit qui a été fait : il y a des choses qui nous manquent, on est en train de travailler pour les combler, staff, direction, joueurs, mais on n’est pas encore au point. Il faut que l’ossature prenne forme très rapidement. »
Pour y parvenir, Emmanuel Da Costa attend rigueur, discipline, mais surtout une atmosphère positive : « Je ne recrute pas 10 joueurs pour n’en faire jouer que 2. Le nombre pour le nombre ne m’intéresse pas. Ce qu’il me faut, c’est le profil adéquat et capital dans le projet de jeu et l’équilibre de l’équipe. Aujourd’hui il manque encore deux ou trois joueurs pour avoir une équipe solide et mettre en place un jeu de qualité. »
Et arrivé tardivement, le tacticien n’a pas vraiment eu la main sur un recrutement déjà bien avancé. Pour exemple, la venue de l’espoir Scheidweiler qui devrait jouer les doublures : « La rotation des gardiens de but, je n’aime pas du tout. C’est un poste bien spécifique comme le poste d’attaquant, ils ont besoin d’être en confiance, frais et léger mentalement. Noah a fait le bon choix de venir au Swift, avec le planning d’entraînements et les infrastructures. Il est prometteur et encore dans son process de développement. »
L’objectif est clair : ne pas reproduire les erreurs du passé avec un effectif pléthorique et des feuilles de match qui ne peuvent répondre aux attentes de ce trop-plein de joueurs, et une masse salariale impossible à honorer. Da Costa a d’ailleurs eu la garantie que le refus de licence UEFA est une situation qui ne se reproduirait pas, regrettant de ne pouvoir accélérer le recrutement avec la perspective de jouer une compétition européenne. « Mais tout ce qui s’est passé la saison dernière ne me regarde pas. Je subis encore les conséquences mais je l’ai accepté, je suis venu en connaissance de cause. Désormais on est focus sur le présent et le futur, il faut vite tourner la page. » Une page pourtant encore fraîche dans les mémoires d’un groupe pas encore apaisé après les affrontements entre joueurs et comité : « C’est toujours fragile. Je suis intervenu auprès de la direction par rapport à ce problème délicat car c’est mon rôle de facilitateur du quotidien de mes joueurs. Il faudra rester vigilant. Aujourd’hui, j’ai besoin de tout le monde, de joueurs concernés et positifs. Ils ont vécu tellement de traumatismes et il y a tellement de cicatrices par rapport à la saison dernière qu’il faut rester dans un état d’esprit positif. »
Faire avec le reliquat des querelles antérieures et surtout construire un projet de jeu avec les principaux acteurs : « Je suis un ancien milieu offensif, j’aime que mon équipe produise du jeu, aie le ballon, marque des buts. Je préfère gagner 4-3 que 1-0 sur un coup de pied arrêté. Le football doit rester un plaisir pour les spectateurs et pour les joueurs. J’aime que ça vibre, qu’il y ait des émotions et qu’on produise du spectacle. Mais pour ça il faut du talent, et accepter qu’une saison est longue et qu’il y a des obstacles. » Un constat lucide également sur l’état de forme de son groupe, loin d’être prêt à 100% au niveau athlétique pour reprendre en BGL Ligue. Malgré un début de calendrier accessible et à double tranchant ? : « Toutes ces équipes vont nous jouer au bon moment. Je suis aller superviser Pétange personnellement, et c’est une belle équipe, courageuse, disciplinée, avec un nouveau coach qui a déjà réussi à mettre sa patte et des joueurs de talent. Je m’attends à un match très compliqué. À nous de bien négocier cette ouverture de championnat et ne pas nous mettre une pression inutile. »
Calendrier des cinq premières journées du Swift Hesperange :
J1 (04/08 à 16h) : Swift – Pétange
J2 (11/08 à 16h) : Hostert – Swift
J3 (18/08 à 16h) : Mondercange – Swift
J4 (24/08 à 18h) : Swift – Jeunesse
J5 (01/09 à 16h) : Bettembourg – Swift
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