Partir aux Etats-Unis, aussi jeune, c’était tout de même assez atypique. Qu’est ce qui t’a convaincu de sauter le pas ?
Je n’avais pas signé pro au FC Metz, où j’avais fait toute ma formation. Et à 21 ans, après une année en National 3, je me suis rendu compte que les portes étaient fermées. Je voulais jouer à un niveau professionnel, et je me suis donc dit que les Etats-Unis étaient la bonne opportunité pour moi. J’avais d’autres options, notamment en Suisse ou en Luxembourg, mais l’Amérique me paraissait le meilleur choix.
Que retiens-tu de ton expérience sur place ? On a l’impression vu d’Europe, que le football est consommé de manière très différente…
C’est une expérience de vie exceptionnelle. J’ai vécu des choses incroyables. C’est une manière de vivre très différente, où tout est basé sur le sport mais aussi le spectacle. Ici, le football est un divertissement, qui n’a pas vraiment de culture de la gagne. C’est d’ailleurs quelque chose qui a pu me manquer sur la fin. En Europe, on a vraiment la recherche de la victoire, et c’est quelque chose de moins prononcé aux Etats-Unis. Au départ, ça me semblait bien, mais au bout d’un moment, je me suis rendu compte que, même si mon expérience américaine avait été géniale à tout niveau, il était temps de passer à autre chose.
Est-ce que selon toi le football continue de grandir aux Etats-Unis, ou a t-il atteint un plafond ?
Je pense qu’il continue de grandir, notamment sur le plan de la formation. Il y a d’ailleurs de plus en plus de joueurs qui s’exportent en Europe. Je pense notamment à Ricardo Pépy, qui était mon coéquipier l’an dernier et qui vient de signer à Augsbourg. Et évidemment des joueurs comme Alfonso Davies, Pulisic, qui sont en train de devenir des joueurs énormes en Europe, ce qui n’était pas le cas il y a vingt ans.
En termes d’engouement, te retrouves-tu avec des stades plein, ou pas nécessairement ?
Dans le football universitaire, cela va dépendre de la qualité des autres équipes sportives. Si vous vous retrouvez avec une équipe de NFL ou de basket – les deux sports les plus populaires – très forte, les gens s’intéresseront moins au football. J’ai eu la « chance » que notre équipe de football américain ne soit très bonne, et comme nous avions des bons résultats, nous avions beaucoup de public pour nos matchs. En professionnel, j’étais à Dallas, au Texas. C’est complètement différent de tout ce que j’ai vécu ailleurs aux Etats-Unis. La culture du foot est plus grande, ce qui s’explique par une forte communauté sud-américaine. Nous avions beaucoup de monde au stade, et un grand engouement.
Tu as vécu aux Etats-Unis durant une période politique qui semble très polarisée. Est-ce quelque chose que tu as ressenti ?
Les choses sont beaucoup plus mesurées que cela en réalité. Les gens ne votent pas pour le président, mais pour les grands électeurs, qui regroupent énormément de partis différents, comme en France. Donc on peut voir beaucoup plus de nuances que ce qui est généralement cru en dehors du pays.
Et vis-à-vis de la crise sanitaire, vois-tu des différences entre l’Europe et les Etats-Unis ?
C’est certain que les choses étaient moins strictes. À titre d’exemple, le masque en extérieur n’était pas une obligation. Dans le domaine du football évidemment, on nous demandait de l’avoir puisque nous fonctionnions en équipe. Mais c’est certain que les mesures étaient beaucoup moins présentes.
Pourquoi avoir décidé de revenir en Europe ?
Alors que j’ai fait toute la présaison avec l’équipe A, le recrutement d’un nouvel international m’a fermé les portes. Je me suis donc retrouvé dans l’équipe 2, qui est aussi professionnelle, mais joue au niveau d’en dessous. Tout cela a joué dans mes désirs de revenir en Europe.
Honnêtement, est-ce que tu aspirais à plus haut que la BGL Ligue ?
Je n’étais pas dans une position de fermer trop de portes sincèrement. Être passé par la MLS n’est pas forcément quelque chose qui plait ici et je l’ai ressenti dans mes recherches de clubs. Cela dépend le pays et la division, mais, notamment en France, on voit bien que ça n’est pas un avantage d’avoir joué en MLS. Après, il y avait évidemment des pays et des championnats que je favorisais, dont le Luxembourg. Je pense avoir trouvé un excellent club.
Est-ce que tu te vois rester sur le long terme au Fola, ou vois-tu le club comme un tremplin pour aller à un niveau plus élevé ?
Cela me convient très bien pour le moment. Je ne me pose pas énormément de questions. Je suis concentré sur la saison qui vient, je vais tout donner pour le Fola, et je suis très heureux là où je suis. Rester sur le long terme ne me dérangerait pas.
As-tu pu parler avec ton entraîneur Sebastien Grandjean sur ce qu’il attend de toi précisément ?
Oui, bien sûr. Il attend que je sois un leader d’attaque au sein de l’équipe, et que je sois performant dès le premier jour. Au quotidien évidemment, nous parlons de beaucoup de détails techniques et tactiques. J’ai la chance d’avoir un coach de qualité, qui a gagné le championnat l’année dernière. Je reçois des conseils qui sont pertinents.
Comment définirais-tu ton profil de joueur ?
Je suis un attaquant qui aime jouer, me déplacer, et participer au jeu. Je ne me vois pas comme un simple finisseur.
Dans quel état physique es-tu à l’heure actuelle ? Est-ce que tu aspires de suite à une place de titulaire ?
Une place de titulaire… on l'espère ! Mais en tout cas, je suis physiquement bien. J’ai fait les quatre semaines de préparation avec le Fola, je suis en forme, et je m’estime à 90%.
Le Fola est à l’heure actuelle en embuscade, avec une quatrième place dans une BGL Ligue plutôt serrée. À titre personnel, qu’ambitionnes-tu pour cette saison ?
Le titre tout simplement. Le minimum est évidemment de terminer européen, mais oui, j’ai pour objectif d’être champion.
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