Bob Bertemes (athlétisme, lancer du poids)
Comme de nombreux sportifs déjà qualifiés pour les Jeux olympiques de Tokyo, Bob Bertemes affronte le début d’année 2021 avec quelques incertitudes. Et si les JO étaient cette fois purement et simplement annulés ? Les rumeurs lancées notamment par le quotidien britannique The Times, mais rapidement démenties par le comité d’organisation des JO, ont tout de même fait frémir bon nombre de journalistes et d’athlètes. Bob Bertemes se montre plutôt philosophe à ce sujet, mais révèle aussi son inquiétude : «Ce n’est pas certain que les JO aient lieu. Tout le monde pensait que dès qu’on aurait un vaccin, tout irait très vite… Mais vu comment les choses évoluent, cela m’inquiète. C’est un peu compliqué. »
Dans ce contexte, entre des compétitions reportées ou annulées, il est également bien difficile de se préparer dans la sérénité. Mais l’homme au record national de lancer du poids établi à 22,22m raconte comment il parvient malgré tout à travailler : «J’essaie de ne pas penser à tout cela, c’est encore très loin. L’année dernière est passée tellement vite… En tant qu’athlète, on ne peut rien faire, c’est les instances qui prennent les décisions. Cet hiver, je me concentre sur le fait de faire une bonne saison hivernale, et ensuite on verra. La seule chose que je peux faire, c’est m’entraîner et rester en forme, je me concentre là-dessus.»
Cette préparation à l’olympiade est en tout cas atypique, et définir un programme qui est soumis aux aléas de la crise sanitaire, c’est finalement cela le vrai défi à relever pour les sportifs : «J’ai un plan fixe, mais en fait, de semaine en semaine, cela peut changer. On prévoit des compétitions pour un week-end, et finalement, la semaine précédente, on apprend qu’elle n’aura pas lieu ! C’est compliqué. Il faut s’adapter vite et je pense que tous les athlètes l’ont appris durant cette pandémie. »
Objectif CMCM
Parmi les rendez-vous importants de sa saison hivernale, Bob Bertemes, comme nombre de ses compatriotes, a coché depuis longtemps dans son calendrier la date du 13 février, date du meeting CMCM, en espérant bien entendu que la crise sanitaire ne vienne pas rebattre les cartes. Un événement que Bob va aborder avec un certain optimisme et avec une bonne forme physique : « La différence entre maintenant et l’année passée, c’est que l’on peut s’entraîner. On n’est pas obligés de rester à la maison sans rien faire. J’ai bien travaillé au niveau musculation, mais cette crise m’a appris des choses sur moi, je suis un athlète qui a besoin de bouger, de faire des sprints, des sauts… J’ai retenu de bonnes leçons, et cela joue maintenant sur la façon de me préparer. On peut s’entraîner, lancer, et c’est quelque chose de très positif. Et au niveau mental, je pense que je suis bien(rires). »
Rester optimiste et se serrer les coudes entre athlètes du pays, voilà deux facteurs importants pour tenter tant bien que mal de garder le moral durant cette crise sanitaire dont on ne voit pas encore le bout du tunnel. «Tout le monde bosse comme avant, on doit faire notre boulot, faire les choses qui comptent», martèle le colosse de Belvaux. Concernant l’obligation du vaccin pour les athlètes de haut niveau, le lanceur estime qu’il ne faut pas brûler les étapes : « Si c’est faisable… Mais il faut d’abord vacciner les gens qui travaillent dans les hôpitaux.»
Christine Majerus (cyclisme)
Mine de rien, Christine Majerus fêtera ses 34 ans le 25 février prochain. Le temps passe (vite), mais ne semble pas véritablement avoir d’emprise sur la meilleure cycliste luxembourgeoise de l’histoire. Elle devrait donc être (sauf coup de tonnerre) la tête d’affiche du cyclisme grand-ducal féminin lors de la prochaine olympiade de Tokyo 2021. Des Jeux olympiques qui seront les troisièmes de Christine, après Londres en 2012 et Rio en 2016. En 2012, aux alentours de la capitale britannique, elle termine 21e de la course en ligne, à 25 secondes du podium. En 2016, autour du fort de Copacabana et de Pontal, c’est à la 22e place de la course en ligne que Christine conclut sa deuxième participation à la plus grande compétition sportive mondiale. En outre, elle se classe 18e (sur 53 participantes) lors de l’épreuve du contre-la-montre. Des résultats plus qu’honorables pour la multiple championne du Luxembourg.
Privée de championnat national de cyclo-cross en raison de la crise sanitaire liée au Covid-19, c’est en Belgique, à Ostende, que Christine Majerus a porté fièrement les couleurs du pays à la fin du mois de janvier dernier. Et sur un parcours difficile qu’elle redoutait, notamment en raison de la présence de nombreuses zones sablonneuses sur la plage ostendaise, elle a décroché une superbe 10e place au classement général, à 2 minutes et 8 secondes de la championne du monde, la Néerlandaise Lucinda Brand.
19e de la CDM
Une (courte) saison de cyclo-cross où Christine Majerus aura tout de même montré une belle régularité. 13e à Namur le 20 décembre, 11e une semaine plus tard à Dendermonde, elle a en revanche terminé plus loin à Overijse (21e). Au final, elle décroche la 19e place de la Coupe du monde féminine de cyclo-cross, tout en ayant fait l’impasse sur deux épreuves (absente à Tabor, en République tchèque, et à Hulst, aux Pays-Bas). Pour sa dernière course de l’année, c’est une 8e place qui l’attendait du côté de Bredene. Entre-temps, en tout début d’année, la Luxembourgeoise s’était imposée à Hittnau, en Suisse, pour la deuxième fois consécutive après 2020.
De bon augure donc avant le début de la saison sur route avec son équipe néerlandaise SD Worx, héritière de la feue Boels-Dolmans. Au programme de l’équipe pour les prochaines semaines, les traditionnelles épreuves de début de saison, comme le Het Nieuwsblad (27 février), le Samyn des Dames (2 mars), le GP Oetingen (10 mars), les Trois Jours de La Panne (25 mars), ou encore Gand-Wevelgem (28 mars).
Ni Xia Lian (tennis de table)
Si la plupart des athlètes déplorent les conditions difficiles d’entraînement imposées par les mesures sanitaires, Ni Xia Lian fait figure d’exception. Pour elle, son quotidien de travail n’a que peu changé du fait de sa situation atypique. « Je suis très chanceuse. J’ai la chance d’avoir une table de ping-pong à la maison, et aussi d’avoir mon mari pour entraîneur ; ce qui me permet de toujours être capable de me préparer », explique la pongiste, qui n’oublie pas de souligner le soutien du Luxembourg : « Ils sont très présents et me soutiennent en tout point. »
Alors pour Ni, peu de changements. Une aubaine pour l’athlète sur le point de disputer ses quatrièmes Jeux olympiques pour le Luxembourg et de devenir la pongiste la plus âgée à participer à des olympiades. « C’est vrai qu’un nouveau report serait compliqué pour moi, parce que je ne suis plus toute jeune et une année peut faire une grande différence », expose-t-elle en riant avec sa bonne humeur naturelle.
Quand on lui demande plus sérieusement son opinion sur la tenue des Jeux, Ni Xia Lian fait aussi preuve d’une véritable ouverture d’esprit : « Personne n’a la réponse. Si le CIO décide d’annuler, il y aura des avantages et des inconvénients. Mais cela sera exactement la même chose s’ils les maintiennent. Je peux m’adapter. Je me sens surtout très triste pour le Japon, un pays que j’aime beaucoup et qui est dans une situation quasiment impossible. Évidemment, en tant que joueur, on veut participer, mais on ne peut pas être égoïste. Tout ceci dépasse le sport. On parle de vies humaines ici. Je ne veux pas, par amour pour ma passion, être responsable de la mort de personnes », rappelle l’athlète.
Seul petit bémol de la préparation avant l’événement phare, le report de compétitions : « Pour les compétitions, c’est compliqué. Par exemple, l’‘Europe Top 16’ a été décalé au mois d’août, même s’ils pensent encore à le faire en mai, avant les JO. Aussi, normalement à la fin du mois de février, il y a les championnats du monde en Corée, qui sont actuellement reportés sans certitude à avril/mai. C’est difficile. Mais il ne faut pas oublier que c’est difficile pour tout le monde. Et tout peut changer à tout moment », tempère la mère de famille.
Lorsqu’on lui demande ce qu’elle pense de la possibilité de devenir la pongiste la plus âgée de l’histoire des Jeux olympiques, Ni décide encore une fois, et malgré une certaine fierté assumée, de valoriser les gens autour d’elle plutôt que sa performance personnelle. C’est alors son mari, véritable bras droit, qui la « soutient et motive tous les jours », qui récupère le plus grand nombre d’éloges. Suivent de peu, derrière la délégation luxembourgeoise, tous les membres de sa famille, et la fédération.
En conclusion, Ni Xia Lian confirme encore une fois que ce n’est pas l’inquiétude qui régit ses journées. Mère de famille et épouse heureuse, au parcours olympique aussi vaste qu’impressionnant, l’athlète naturalisée luxembourgeoise voit ces Jeux olympiques comme la cerise sur le gâteau d’une carrière bien remplie : « Je suis toujours positive. Si les Jeux ont lieu, je serai la plus heureuse au monde ! Si ça n’est pas le cas, je ne me plaindrai pas. » Positive, qu’on vous dit.
Nicolas Wagner (équitation, dressage)
Le cavalier luxembourgeois est déjà entré dans l’histoire en devenant le premier du pays à se qualifier pour des Jeux olympiques. À 29 ans, il fera en juillet prochain le long voyage vers Tokyo accompagné de sa fidèle monture, Quater Back Junior. C’est dans la discipline du dressage que s’illustre Nicolas Wagner, une compétition issue de la tradition de l’équitation classique, et sport olympique depuis déjà 1912 à Stockholm.
Un véritable art qui consiste à montrer l’excellence de l’apprentissage du dressage, et inventé pour permettre de mettre en valeur le cheval dressé et l’habileté de son cavalier, amenés tous les deux à réaliser des figures dont la difficulté repose sur l’exécution et l’enchaînement. Divers mouvements sont prévus dans les programmes, comme le piaffer, le passage, le trot allongé, la pirouette, ou encore les changements de pied au galop.
Un voyage à Doha prévu fin février
Les critères de qualification olympique pour les cavaliers sont basés sur les résultats obtenus en compétition, et seulement les quatre meilleures performances réalisées dans l’année sont prises en compte dans le classement final. Nicolas Wagner nous en dit plus : «En fait, il y a des ligues, avec différents pays dedans, et nous étions en Ligue B, avec la France notamment. Et les deux premiers cavaliers de chaque ligue sont qualifiés.»C’est notamment lors du concours disputé au Mans, lors du Grand Prix Spécial, que le Luxembourgeois a marqué des gros points lui permettant d’assouvir son rêve olympique.
Une fierté évidemment pour le cavalier, qui a même reçu la visite du Grand-Duc héritier lors de l’un de ses entraînements à Elvange en juillet dernier. Mais comment, malgré la crise sanitaire, Nicolas Wagner parvient-il à s’exercer afin d’arriver dans les meilleures conditions aux JO en juillet prochain ? «Je m’entraîne toujours à la maison malgré le coronavirus. Et à la fin du mois de février(25-27 février, ndlr), on a prévu d’aller à Doha disputer une grande compétition, ce qui est une bonne stimulation pour le cheval et moi, et aussi pour lui permettre de se préparer à faire un long voyage en avion.»
Un concours au Qatar qui sera donc le premier temps fort d’une année 2021 où l’équitation luxembourgeoise va bénéficier d’une exposition à nulle autre pareille grâce à son fer de lance, Nicolas Wagner.
Ils espèrent toujours voir Tokyo
Même si le parcours s’annonce tortueux et semé d’embûches, certains sportifs du pays n’ont pas définitivement tiré une croix sur les prochains Jeux olympiques. Le plus en vue ces derniers temps, c’est Charel Grethen du côté du demi-fond, qui espère poursuivre sur la lancée de ses belles performances hivernales encore quelques mois afin d’obtenir sont ticket via le ranking mondial.
Du côté du cyclisme, le Luxembourg bénéficie d’un quota de deux places en ce qui concerne la course en ligne masculine, mais personne pour le contre-la-montre. Les principaux favoris pour occuper ces places sont le champion national Kevin Geniets, Bob Jungels, ou encore Jempy Druker, voir pourquoi pas un jeune comme Michel Ries.
Du côté des sports de combat, Jennifer Warling rêve elle aussi d’une participation aux JO, où sa discipline fera sa première apparition lors d’olympiades en tant que sport additionnel. En ce qui concerne le judo, Claudio Dos Santos doit quant à lui miser sur de bonnes performances pour grimper dans le ranking mondial si il veut espérer voir le Japon. Au mois de février il disputait le Grand Slam de Tel Aviv avec malheureusement une élimination au premier tour à la clé.
Dans cette salle d’attente pour Tokyo on peut ajouter pèle-mêle la pongiste Sarah De Lutte, le nageur Julien Henx, ou encore Bob Haller au triathlon.
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