Apparu dans les années 1970 aux États-Unis, le breakdance s’est petit à petit fait une place en Europe et dans le monde entier au fil des années. Au point de devenir une discipline olympique pour la première fois de l’histoire aux J.O. de Paris l’année prochaine. Néanmoins, sa présence aux olympiades devrait être éphémère.
Il avait déjà fait son apparition aux Jeux olympiques de la Jeunesse en 2018, à Buenos Aires. Le breakdance, type de danse né dans les années 1970 dans les fêtes de quartier du Bronx, directement issu de la culture hip-hop, va bel et bien devenir une discipline olympique dès l’année prochaine aux Jeux de Paris en tant que sport additionnel, au même titre que le surf, le skateboard et l’escalade. Il devrait s’appeler « Breaking ».
Selon le comité d’organisation, la compétition sera composée de deux épreuves – une masculine et une féminine – qui verront 16 B-Boys et 16 B-Girls s’affronter dans des battles individuelles pour remporter les votes des juges, qui noteront les mouvements des athlètes. Les épreuves se dérouleront en plein cœur de Paris, sur la place de la Concorde, spécialement aménagée pour l’occasion.
Le Luxembourg n’y sera pas
Un événement auquel ne participera malheureusement pas le Luxembourg qui, faute de licence, n’a pas pu participer aux qualifications. Brandon Konrad, B-Boy luxembourgeois, explique : « On est en contact avec la Fédération luxembourgeoise depuis 2021, mais la communication n’a pas forcément été la plus optimale et les procédures ont été longues. Au final, on a eu nos licences un mois après la dernière qualification. » Des qualifications auxquelles auraient certainement participé plusieurs breakers luxembourgeois, « au moins pour représenter notre pays. Si on avait eu la possibilité de se qualifier, on aurait tenté notre chance, mais il faut rester réaliste. Les danseurs contre qui on serait tombés sont des professionnels qui sont soutenus par des sponsors comme Red Bull, Nike ou Puma. Il y a du potentiel, mais on sait que ça aurait été très compliqué », renchérit celui qui a plongé dans le breakdance en 2010. Alors, ils s’étaient donné pour objectif les Jeux olympiques de 2028, à Los Angeles. « Dans notre tête, au départ, notre projet était plus porté sur les J.O. de 2028. » Hélas, la décision est tombée mi-octobre : le breakdance ne sera pas de la partie aux États-Unis dans 4 ans et demi.
Los Angeles coupe court
Une décision que regrette évidemment Brandon Konrad. « C’est dommage parce que d’un point de vue sportif, c’est un très beau sport. C’est quelque chose de différent qu’il n’y a jamais eu aux Jeux olympiques, et ils n’ont pas laissé la chance de voir ce que ça allait donner avant de prendre une décision. Quand on regarde les nouveaux sports qui ont été introduits au Japon, beaucoup de gens étaient perplexes par rapport à l’arrivée du skateboard et finalement, c’était fou, il y avait énormément d’ambiance, c’était un renouveau pour les J.O. » Le skateboard a convaincu et sera de nouveau présent aux Jeux olympiques de Paris. Ce ne sera pas le cas du break – sa popularité face aux sports US traditionnels lui a certainement coûté sa place. À Bombay, mi-octobre, le CIO a validé cinq sports additionnels pour les Jeux de Los Angeles, dans lesquels figuraient le squash, le lacrosse (un sport où les joueurs se servent d’une crosse pour mettre la balle dans le but adverse), le flag football (du football américain sans placage), le baseball-softball et le cricket.
À Los Angeles, le breakdance a été délaissé au profit des sports universitaires américains
Le concept des sports additionnels, lancé par le Comité international olympique à partir des Jeux olympiques de Tokyo, permet aux comités d’organisation de chaque pays hôte de choisir entre un et cinq sports « qui correspondent à leur vision des Jeux », selon le directeur des sports au CIO, Kit McConnell. Une occasion pour des sports moins populaires – voire de niche – d’intégrer la célèbre compétition, mais aussi l’inconvénient de voir son nom disparaître de la liste quatre ans plus tard. Ce sera donc le cas du breaking, victime collatérale des choix du comité américain, qui s’est concentré sur des sports universitaires et pour la plupart collectifs. Une question de tradition… et d’argent. Le cricket, qui rapporte énormément en termes de diffusion en Inde, pourrait générer près de 200 millions de dollars en contrat de diffusion en 2028. Le break, à l’inverse, est à des années-lumière de ces montants, et aux États-Unis, ce ne serait pas USA Dance, mais le Comité national sportif américain qui financerait les B-Boys et B-Girls. Un déficit de puissance qui coûte cher comparé à la NFL et la MLB, respectivement porteuses des projets du flag football et du baseball-softball. D’autant plus que pour l’édition américaine, la Fédération internationale de danse a dû préparer un dossier de candidature, ce qui n’était pas le cas pour 2024, quand le comité français était allé chercher le break.
Tant de facteurs qui ont coûté cher à cette discipline, qui n’a pourtant pas dit son dernier mot, puisque la possibilité de voir la discipline réapparaître en 2032 aux Jeux olympiques de Brisbane est réelle, les Australiens étant potentiellement intéressés, à en croire les dires d’un responsable de la Fédération française de danse. La Fédération internationale, en tout cas, a déclaré être « plus que jamais dans la course pour Brisbane 2032 ».
Au Luxembourg, la nouvelle génération tarde à arriver
En attendant, s’il disparaît du paysage olympique senior après l’été 2024, le breakdance sera néanmoins de retour en 2026, à l’occasion des Jeux olympiques de la Jeunesse à Dakar, une compétition à laquelle aimerait participer le Luxembourg. « On espère avoir assez de jeunes pour y envoyer une délégation. En tout cas, on a des projets avec la fédération concernant les Youth Olympics. » Un espoir qui nécessitera malgré tout un travail de longue haleine, la jeune génération tardant à pointer le bout de son nez. « On participe aux championnats du monde, il y a régulièrement des battles dans la grande région, mais on arrive vers la trentaine, on commence à vieillir et pour l’instant, il n’y a pas vraiment de relève, regrette Brandon Konrad. On a une école de break et on essaie de promouvoir ce sport dans les écoles pour attirer des jeunes. » Mais la tâche est plus compliquée qu’auparavant, quand les espaces ruraux étaient plus répandus. « Avant, on était plus souvent dans la rue, au Hamilius, mais ça n’existe plus. Nous, on a découvert le breakdance dans les films et dans la rue. Au Luxembourg, il manque un point de rassemblement pour entrer en contact avec nous et découvrir ce beau sport. C’est difficile d’attirer un nouveau public. » Pour la trentaine de licenciés de l’école de danse Break Even, située à Beggen, l’avenir du breakdance luxembourgeois se jouera dans les prochaines années et attirer une nouvelle génération de danseurs sera l’objectif numéro 1 pour espérer donner une seconde jeunesse à une discipline qui pourrait, peut-être, redevenir olympique dans neuf ans, en Australie.
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