« J’avais dit en début de saison que Dudelange était le favori, et que nous venions pour le challenger. Jusqu’à présent, je constate que je ne m’étais pas trompé ». On ne peut qu’admettre que pour le coup, Pascal Carzaniga a su taper dans le mille. Car la situation actuelle se résume parfaitement avec un leader, et un challenger. Mais il serait faire injure au bilan des deux clubs de simplement parler de premier et second. Car, c’est aussi un match entre deux équipes qui n’ont jamais connu la défaite et qui, hormis un match nul du Swift contre Pétange, ont absolument tout remporté.
Avantage Dudelange
En début de saison, il était pourtant loin d’être assuré que le F91 réussirait une telle entame de championnat. Avec les départs de Van Den Kerkhof, Bettaieb, Cools ou encore Delgado, le tenant du titre avait perdu gros. Et a aussi dû digérer une élimination douloureuse contre Pyunik, dans une rencontre plombée par des erreurs individuelles. Pourtant, le club de la Forge du Sud a réussi à faire fi de cette désillusion, enchaînant les succès fleuves en BGL Ligue. « On a réussi à ne pas être influencé par notre élimination » confirme Samir Hadji. « On a su rester concentré ».
Hesperange de son côté, n’a pas eu à jongler avec les compétitions européennes. Mais le Swift a tout de même dû s’adapter à un nouveau coach, en la présence de Pascal Carzaniga. « L’année dernière a été compliquée » explique Clément Couturier. « Collectivement on y était pas. Cette année, grâce au coach, c’est plus huilé. On verra en fin de saison si c’est réussi, mais pour le moment on tient le bon bout ». Pour le capitaine Mehdi Terki, débarqué en janvier, le changement est énorme avec la saison précédente. « J’ai connu les six derniers mois de l’année dernière, et cette nouvelle saison. Il y a une grande différence entre les deux au niveau du collectif. Certains matchs qui sont difficiles, on va tenir le score, alors que l’an passé, c’était l’inverse, et on prenait le but qu’il ne fallait pas. L’ambiance dans l’équipe y est pour beaucoup aussi. Il y a une nette progression par rapport à l’année dernière ». Ce qui explique donc ce bilan faramineux de 10 victoires sur dix pour le F91, et neuf pour un petit nul du côté d’Hesperange.
Avec de tels résultats, il est toujours complexe d’apposer des critiques. Mais ainsi va notre travail, et dans l’analyse des dix premières journées, on se doit de donner un avantage à Dudelange, dont le contenu proposé demeure plus régulier. Avec un collectif qui se connait parfaitement et des recrues très vite intégrées, le F91 semble plus solide que jamais. Hormis face à Differdange, et une première mi-temps compliquée face à Hostert, le leader a toujours semblé un cran au-dessus. Ce que confirme Hadji, toujours deuxième meilleur buteur du championnat. « On encaisse peu, on marque beaucoup, tous les voyants sont au vert. Quand on commence un championnat, se dire qu’on va commencer par 10 victoires d’affilée, ça parait fou. Mais quand on prend match après match, c’est faisable. Il faut continuer sur cet état d’esprit ».
Pour le Swift dont le bilan tutoie la perfection, on ne peut que remarquer un contenu peut-être moins flamboyant depuis quelques journées. Face à Mondercange ou Differdange, Hesperange a en effet souffert par instant, arrachant souvent la victoire grâce à son facteur X, Rayan Philippe. Pas de quoi inquiéter le buteur néanmoins, bien au contraire. « Les difficultés récentes ne m’inquiètent pas car précisément, on arrive à sortir de la rencontre avec les trois points, même quand c’est plus difficile dans le jeu. Cela montre la capacité mentale du groupe ». Clément Couturier, passé par le F91, tempère un peu plus : « Les performances récentes ne nous inquiètent pas, mais on doit être attentif à ça. On sait très bien qu’on ne va pas gagner tous les matchs 8-1 comme contre le Fola. Mais il faut quand même qu’on soit meilleur dans le contenu. Les adversaires commencent à vraiment nous connaitre. Il y a des moments clés qu’il faut qu’on arrive à mieux gérer ». Des difficultés récentes que Mehdi Terki, met aussi sur une défense plus imperméable qu’en début de saison. « Il faut réussir à se renouveler, et retrouver une sérénité défensive. Lors des trois derniers matchs, on n’a pas réussi à maintenir notre cage inviolée, avec des buts évitables ».
Néanmoins, malgré ces petites analyses, le constat fait par le capitaine rappelle qu’avant tout, ce sont les deux écuries largement au-dessus de la mêlée qui s’affrontent aujourd’hui. « C’est le match entre les deux meilleures attaques et les meilleures défenses. Il y a énormément de qualité de chaque côté, avec deux clubs qui ont un vrai lien, avec beaucoup de joueurs qui ont joué sous les deux couleurs. Comme Clément, par exemple. Cela donne une connotation encore plus élevée au match ». Et, comme l’explique parfaitement Hadji, le début de saison de rêve des deux clubs les met dans une situation où, paradoxalement, un petit écart peut couter terriblement cher. « On fait tous un très bon début de saison, et un faux-pas et on passe derrière. C’est le jeu ».
Une finale ? Non. Un tournant ? Oui.
De tous les protagonistes questionnés, aucun n’a réellement parlé de finale. Comme l’avait déclaré Carlos Fangueiro dans nos colonnes, un champion ne se décide pas à la onzième journée. Cela n’empêche pas néanmoins de pouvoir voir en cet affrontement un tournant de la saison. Un avis confirmé par Charles Morren, qui voit en une victoire de son club, un véritable coup dur porté à l’adversaire. « Si on perd, ils n’ont qu’un point d’avance. Nul, on n’a qu’une petite marge. Après, en effet, si on gagne, on se retrouve avec cinq points d’écarts, cela devient intéressant. Donc si on gagne, c’est peut-être un tournant oui ».
Pour Hesperange, qui, paradoxalement, fait la meilleure entame de championnat de son histoire mais n’est « que » deuxième, l’objectif est évident : l’emporter, et enfin aller chercher ce titre que le club attend depuis maintenant de longues années. Et l’idée de finir un beau dauphin n’intéresse guère les joueurs, à l’image de Couturier. « Dans cinq ans, on aura beau avoir eu le meilleur nombre de points d’un dauphin, personne ne s’en souviendra. Donc oui, on pourra parler d’échec si on ne va pas chercher ce titre. Nous, notre objectif, c’est d’être champion ». Le ton est donné.
Et ce match, précisément ? Comment l’imaginent les protagonistes ? « Il y aura surement un petit round d’observation. Ils sont habitués à avoir la balle, nous aussi, donc cela promet d’être intéressant. Tout le monde va essayer d’avoir le ballon, et aller le chercher chez l’adversaire. J’ai hâte de voir » annonce un Charles Morren prêt à en découdre. Du côté des visiteurs, on s’attend à tout scénario, dans une rencontre où les qualités individuelles pourraient se mettre en lumière. « Cela peut être un match fermé, comme très ouvert. Dans ce genre de match, la différence peut souvent se faire individuellement. L’essentiel, c’est forcément de sortir de ce match avec les trois points » confirme Terki. De capitaine à capitaine, c’est Mehdi Kirch qui, en dernier, donne son opinion sur le clash à venir. « De ce qu’on voit sur la vidéo, ils ont les mêmes intentions que nous » conclut le capitaine du F91. « Ils pressent haut, avec une ligne défensive haute. Est-ce qu’ils le font aussi bien que nous ? On verra ça dimanche. Cela va être un combat de titans ». On ne l’aurait pas mieux dit.
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