Calomnié par la presse allemande en 2016, le stade historique du F91 Dudelange qui compte 16 titres en Division Nationale et 7 Coupes du Luxembourg est cependant un monument dans le coeur des habitants de la Forge du Sud depuis 1930 qui s’est vu accueillir des matchs internationaux comme des campagnes mémorables en coupes d’Europe.
C’est devenu le foyer sportif de presque tous les jeunes Dudelangeois : cours de sport scolaires, entraînements d’un très grand nombre de clubs sportifs de la ville (footballeurs évidemment, mais aussi handballeurs, gymnastes, athlètes jusqu’aux spécialistes de l’aéroclub !). Le « Stade Municipal » est construit « auf dem Deich » (sur la digue)à partir de 1929 pour l’Union Sportive de Dudelange (USD) dont Jos Nosbaum sera président pendant presque 20 ans jusqu’à l’Occupation puis Président d’honneur jusqu’à sa mort. Le 17 août 1930, jour de l’inauguration du nouveau stade, le club de Gymnastique de l’Union organise une grande fête nocturne qui restera dans les mémoires.
À la suite de la fusion en 1991entre les trois clubs de la ville, le Stade, l’USD et l’Alliance Dudelange naît le F91 Dudelange, désormais incontournable dans le paysage de la BGL Ligue. Son terrain compte encore beaucoup dans l’esprit des habitants de la commune, mais ces dernières années de nombreux litiges ont mené à des travaux de réflexion sur la planification et la construction d’une nouvelle aire sportive, plus moderne et plus sûre, qui sont restés à l’état de projet, la Ville ayant préféré investir pour offrir une meilleure pelouse aux acteurs du jeu et une nouvelle buvette pour ses suiveurs.
Parmi les critiques, l’une d’elle ne passe pas. Pour Jean Engel, conservateur du Musée du sport de Dudelange, le papier du pourtant respectable magazine allemand KICKER en août 2016 est purement « misérable et honteux ». À l’occasion de la réception des Arméniens de Qarabag en tour préliminaire de la Ligue des Champions, le journaliste Carsten Schröter titrait : « C’est aussi ça la Champion’s League ! Entre les poules et les chevaux » Et de se moquer dans l’article du folklore de cette « campagne idyllique » où « sur la colline derrière le drapeau du coin, trois chevaux paissent » au-dessus d’un stade où l’ouvreuse « vend des friandises » et les joueurs comme les spectateurs « subissent le plein soleil ».
Nous préférerons retenir le formidable parcours du F91 jusqu’au 3e tour préliminaire de cette Champion’s League avec l’exploit à Jos-Nosbaum de Jonathan Joubert, Dani Da Mota et Aurélien Joachim le 17 juillet 2012 et une victoire 1-0 face au Red Bull Salzburg suivie au match retour par la qualification obtenue en s’inclinant 4-3.
D’une capacité totale de 4650 places dont 1700 places assises en tribune, le Stade Jos Nosbaum présente la particularité d’être une enceinte fermée, avec ses deux tribunes latérales garnies de sièges, l’une couverte abritant sous sa structure les bancs des deux adversaires, au plus proche des acteurs du jeu ; l’autre ouverte et adossée à la colline. Sa coursive à l’entrée dessert les gradins, les vestiaires et la buvette, et un filet clôture le quatrième côté. Une ambiance à nulle autre pareille au Grand-Duché quand l’équipe locale joue à guichets fermés. Mais une infrastructure forcément beaucoup plus difficile à moderniser, si bien que beaucoup estiment qu’il faudrait relocaliser l’enceinte du F91 et offrir un écrin digne des campagnes européennes.
Pourtant, le Stade Jos Nosbaum est le témoin d’une histoire et d’un patrimoine. Niché au coeur du paysage typique du bassin minier, entre vallons verdoyants et vestiges sidérurgiques, à deux pas de l’emblématique Château d’eau, la sélection nationale y est même venue parfois jouer ses gammes. En effet, dans l’entre deux-guerres, le stade municipal de Dudelange a été le théâtre en décembre 1937 de la défaite des Roud Léiwen contre la Hollande du Sud (0-5) puis en janvier 1939 de leur victoire 5-3 face à la Belgique B. Une dernière année faste juste avant la sombre période d’occupation, puisque l’USD a ramené à ses supporters la Coupe de Luxembourg en avril et la Coupe du centenaire en août.
En 1953 décèdent successivement les présidents du Stade Dudelange Fred Weyrich et de l’USD Jos Nosbaum, qui lèguera son nom au stade municipal au cours d’une cérémonie d’inauguration très sobre et digne, à l’image d’une ville et d’un club et de son stade.
Sources :
Jean Engel, « Diddelenger Sportbuch 1888-2018 »
Didellenger Sportmusee
CNA
Mental Médias SARL
15 Rue Emile Mark
L-4620 Differdange LUXEMBOURG
m : moien@mental.lu