GUIDON!
Kevin, le premier grand bloc de la saison est terminé. On vous a vu à l’attaque un peu partout, notamment au Tour des Flandres. Ce rendez-vous vous a-t-il donné
satisfaction ?
KEVIN GENIETS
Pas à 100%. Je m’attendais à un peu mieux, mais j’ai crevé au mauvais moment, à 60km de l’arrivée, juste avant l’enchaînement de tous les monts. Ce n’était pas l’idéal, mais bon, une 52e place, c’est OK.
GUIDON!
Le Ronde, c’est un rendez-vous particulier pour vous, non ?
KEVIN GENIETS
Oui, c’est une course que j’aime. J’ai de bons souvenirs sur ces routes. Je l’ai disputée trois fois chez les Espoirs et j’ai fait deux tops 10. C’est carrément ma course préférée. Les pavés et les monts, j’adore ça.
GUIDON!
Ça convoque des souvenirs de votre enfance ?
KEVIN GENIETS
Je l’ai toujours regardée à la télévision. Il y a tout le temps de l’action et les téléspectateurs ne s’ennuient jamais.
GUIDON!
On aurait pu vous voir sur Paris-Roubaix alors ?
KEVIN GENIETS
Oui, dans un tout premier temps, puis on a rapidement décidé de changer de programme en l’enlevant, avant de rajouter la Flèche brabançonne et l’Amstel Gold Race.
GUIDON!
Il y a tout de même une constante depuis le début de saison. Vous étiez déjà à l’attaque au Omloop Het Nieuwsblad, puis aux Strade Bianche, et enfin au Tour
des Flandres. Est-ce dans vos gènes ?
KEVIN GENIETS
C’était la tactique. Quand la bagarre commence avec les grands champions, j’ai encore un peu de mal à suivre. J’ai donc voulu prendre un coup d’avance. Au Ronde, je faisais partie d’un bon groupe, on a bien roulé, mais ça n’a pas duré longtemps. Il faut essayer pour ne pas nourrir de regrets. J’espère que dans le futur, je serai assez fort pour aller au
bout.
GUIDON!
Un détail technique nous a interpellés au Tour des Flandres. Vous aviez une selle profilée, non ?
KEVIN GENIETS
Oui, c’est voulu. On a fait des tests pour avoir une meilleure rotation du bassin car j’avais des problèmes de dos. C’est résolu.
GUIDON!
Passons aux courses en Italie et au premier Monument de la saison, Milan-San Remo. Quelles sont vos impressions ?
KEVIN GENIETS
J’avais pour mission de bien placer Arnaud (Démare) au pied du Poggio. On s’est malheureusement un peu perdus de vue, donc j’ai un peu de regrets. Il me manque encore
de l’expérience. C’était ma première fois et je ne me sentais vraiment pas mal. Mais si tu n’es pas bien placé à l’entame du Poggio, c’est fini!
GUIDON!
La spécificité de la Primavera, c’est cette barre symbolique des 300km. Cela vous a-t-il posé des problèmes ?
KEVIN GENIETS
C’est spécial, car tu fais ton effort après 280 ou 290km et tu te rends compte alors si tu es encore frais ou pas, alors qu’au Ronde, tu faiblis au fil de la course. La principale difficulté à Milan-San Remo, c’est de savoir exactement quand tu tournes à droite pour te placer dans le Poggio.
GUIDON!
Avant la Primavera, vous vous êtes testé sur une course d’une semaine, Tirreno-Adriatico. Un format qui vous convient ?
KEVIN GENIETS
Oui, c’est un autre grand rendez-vous qui m’a servi à préparer la deuxième partie des classiques. C’est bien de passer par là pour travailler et pour aller chercher la forme.
J’étais là sans pression. C’est la première fois que je courais avec Thibaut (Pinot). C’est une autre expérience.
GUIDON!
C’était aussi l’occasion de vous tester sur un chrono, ce qui n’est pas courant. Vous êtes-vous senti à l’aise ?
KEVIN GENIETS
Oui, j’aime bien, même si le niveau World Tour est très élevé. Mais c’était pas mal.
GUIDON!
Une course d’une semaine, c’est une chose. Un grand Tour de trois semaines, c’est autre chose. Prêt pour tenter l’expérience ?
KEVIN GENIETS
Ce sera un saut dans l’inconnu. J’ai fait le Tours de Suisse qui dure 10 jours. Mais deux semaines de plus, c’est encore autre chose. Je n’ai pas de repères, même si l’enchaînement
des courses lors de ce printemps m’a montré que je récupérais bien. C’est bon signe.
GUIDON!
On se donne rendez-vous où alors ?
KEVIN GENIETS
À la Vuelta. C’était déjà prévu la saison dernière, mais le Covid-19 en a décidé autrement. Je ne sais pas encore qui sera le leader. Les deux premiers grands tours sont toujours
susceptibles de redistribuer les cartes, même si les places sont, en principe, déjà attribuées.
GUIDON!
On ne vous verra pas au Tour de Luxembourg alors ?
KEVIN GENIETS
On ne peut pas tout avoir…
GUIDON!
Où se situe votre marge de progression ?
KEVIN GENIETS
Sur la longueur des épreuves. Un Tour des Flandres fait presque 260km et je sens que les derniers 20 ou 30km, il me manque cette résistance qui doit venir au fil des années. Je n’ai jamais que deux années pro derrière moi, mais je sens déjà d’énormes différences. Sur les plus grandes courses du monde, il faut du temps pour progresser.
GUIDON!
Les nouvelles mesures ont fait couler beaucoup d’encre ces
dernières semaines. Comment vous positionnez-vous ?
KEVIN GENIETS
Je trouve que c’est une bonne chose d’interdire le jet de bidons dans la nature. Sanctionner le geste lorsqu’on le donne à un spectateur, je ne comprends pas. On fait juste rêver des enfants ou des collectionneurs. Le sport, c’est aussi le partage de la même passion. Là, on va dans le mauvais sens.
GUIDON!
Et cette interdiction de vous asseoir sur le cadre dans une descente ?
KEVIN GENIETS
Ça ne me pose pas de problème, mais je trouve ça dommage car ça bride les courses. Si tu es seul ou à deux devant dans un faux plat descendant, tu as encore moins de chances
qu’avant car le peloton roule déjà plus vite. D’un autre côté, je pense à la sécurité des enfants. Et là, je peux comprendre.
GUIDON!
Vous êtes facilement reconnaissable avec votre maillot de champion national. Tricolore et sans la moindre publicité. Expliquez-nous !
KEVIN GENIETS
Ah, ça, c’est la volonté de Marc (Madiot). Il estime qu’un maillot de champion national, ça se respecte et que c’est comme ça qu’on doit le porter.
GUIDON!
Un sacré personnage ce Marc Madiot…
KEVIN GENIETS
De l’extérieur, il peut paraître volcanique, mais de l’intérieur, il est assez posé, très réfléchi. Même si on fait des conneries ou une erreur en course, il ne va pas s’énerver. Son image ne
renvoie pas toujours la réalité.
GUIDON!
Vous faites partie d’une structure française. Quelles sont les spécificités d’une équipe de l’Hexagone ? Y a-t-il une école « à la française » ?
KEVIN GENIETS
Pour une équipe française, on est très international. Les coureurs et le staff aussi. C’est bien car chaque nation a son approche du métier, sa stratégie. On va chercher les détails un peu partout et l’équipe progresse.
GUIDON!
Pourriez-vous imaginer faire toute votre carrière dans la même formation?
KEVIN GENIETS
La question ne se pose pas pour l’instant. Peut-être qu’à un moment donné, dans ton parcours, tu commences à stagner et que tu as besoin de quelque chose de nouveau, mais ce n’est pas le cas pour l’instant.
GUIDON!
Quelles sont les personnes qui jouent un rôle important dans votre carrière ?
KEVIN GENIETS
Mon entraîneur Julien Pinot. C’est la personne avec qui tu as le plus d’échanges dans l’équipe. On communique tout le temps. Depuis l’année dernière, j’ai aussi créé un pôle
performance, avec un kiné qui me masse à la maison, un préparateur mental, un agent, et aussi le LIHPS et le COSL, qui m’appuient pour la préparation physique. Tous ces
aspects sont intéressants.
GUIDON!
On connaît mal le boulot d’entraîneur de cyclisme. En quoi consiste-t-il ?
KEVIN GENIETS
Sa fonction, c’est de beaucoup analyser les chiffres. Nos capteurs de puissance délivrent toutes les données accumulées sur le vélo. Le soir, on télécharge tout ça et l’entraîneur
les dissèque. Il intervient aussi dans l’aspect psychologique en jouant un rôle important. C’est un peu notre homme de confiance. Quelqu’un capable de nous rassurer ou de nous
apaiser.
GUIDON!
Avez-vous changé quelque chose l’hiver dernier en termes de préparation?
KEVIN GENIETS
Oui, j’ai davantage profité de la vie. Je suis reparti en stage à Calpe en janvier, pendant 10 jours, puis trois semaines en altitude en Sierra Nevada. Du coup, je suis arrivé très frais
mentalement et physiquement en début de saison.
GUIDON!
Et vous bluffez tout le monde dès votre première course au Het Nieuwsblad ? Est-ce propre à vous de performer dès votre premier jour de compétition?
KEVIN GENIETS
C’est un peu spécifique à moi. Des coureurs ont besoin de courses, moi pas. J’arrive à me faire très mal à l’entraînement. Une semaine avant Het Nieuwsblad, j’ai fait une
simulation. J’ai choisi un petit parcours avec des bosses que j’ai fait à fond pendant une heure et 30 minutes. Je ne pense pas que tout le monde réussisse à se faire aussi mal.
GUIDON!
Que vous réserve la suite de la saison ?
KEVIN GENIETS
Un Dauphiné Libéré intéressant, des championnats nationaux très attendus, et j’ai, dans un coin de ma tête, les championnats du monde en Belgique et les Jeux olympiques de Tokyo.
Il faudra voir les critères de sélection.
GUIDON!
Qu’avez-vous comme autre passion dans la vie ?
KEVIN GENIETS
Le café. C’est une passion de cycliste. J’aime aussi prendre du temps pour moi, me déconnecter du cyclisme. J’habite à Annecy, où j’ai acheté un appartement il y a deux ans. Et quand j’ai un jour de repos, je vais au lac.
GUIDON!
Votre sœur, Mandy, est une basketteuse de bon niveau. Quel rôle joue-t-elle dans votre carrière ?
KEVIN GENIETS
On échange beaucoup, mais pas tant que ça sur le sport. On est déjà tout le temps dans le bain. En famille, on profite d’être frère et sœur. On aime bien garder ce lien familial.
GUIDON!
Elle reste votre première supportrice ?
KEVIN GENIETS
Je l’espère.
Mental Médias SARL
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