Une saison et des questions

Une nouvelle saison de handball a démarré début septembre, avec son lot d’interrogations. De Dudelange à Esch en passant par Käerjeng, focus sur ces questions qui nous taraudent à l’aube d’un exercice aussi incertain qu’excitant.

Que va devenir le HB Dudelange ? 

En grande souffrance la saison dernière en championnat, le HBD a connu un exercice 2022/2023 plus que compliqué et a terminé à une triste 5^e place en playoffs. Mais pire que le classement, ce sont les résultats qui ont inquiété : entre novembre et mi-avril, le club dudelangeois n’a jamais connu la victoire contre des concurrents directs pour les places européennes. Il faut attendre le 19 avril pour voir le HBD retrouver le chemin du succès avec une victoire que l’on qualifierait presque de prestige face au Handball Esch, puis une autre face à Käerjeng un mois plus tard. Des motifs d’espoir qui n’ont pas évité le chamboulement en fin de saison. Exit Fabian Cruciani, qui a quitté la présidence du club, c’est désormais Christian Schott qui prend la relève et va tenter de renouveler le HB Dudelange. L’ex-joueur du club, approché en fin de saison dernière, a ressenti « une véritable volonté de renouveau, de faire les choses différemment d’avant » et affiche une philosophie centrée sur « le développement des jeunes talents. Il faut les encadrer et les intégrer au fur et à mesure dans les équipes seniors, chez les dames comme chez les hommes. C’est la philosophie que le club a toujours voulu avoir, mais il faut désormais l’ancrer une fois pour toutes pour que chacun puisse s’y identifier. » Une philosophie qui se traduit d’ores et déjà cette saison puisque 11 joueurs sur 18 ont moins de 23 ans.  

Esch pour la passe de 3 ? 

Champion d’AXA League en 2022 et 2023, le Handball Esch est logiquement favori à sa propre succession en cette saison 2023/2024. Pourtant, tout ne s’annoncera pas aussi facile pour le club aux 11 titres de champion de Luxembourg. Tout d’abord car Danijel Grgic n’est plus son entraîneur et qu’Esch est reparti sur un nouveau cycle, après le départ de plusieurs joueurs dans un effectif qui vieillissait. Le cadre s’est désormais rajeuni, mais des valeurs sûres sont restées. Au but, Hugo Costa Figueira gardera les cages du champion en titre. Julien Kohn, Luca Tomassini ou encore Moritz Barkow sont également restés pour tenter de décrocher un troisième titre de champion de Luxembourg consécutif, et un douzième dans leur histoire. Suffisant pour surclasser une saison de plus les autres prétendants au titre comme Differdange, Käerjeng voire Berchem ?  

Käerjeng a-t-il le potentiel pour de nouveau jouer le titre ? 

Sous les ordres de Yérime Sylla, il y a deux saisons, le Handball Käerjeng avait réalisé une saison plus que compliquée marquée par des tensions en interne. Des péripéties qui avaient amené à tout remodeler pour repartir sur des bases plus saines… Et ce fut une réussite. Car Käerjeng fut l’équipe surprise de la saison passée, notamment grâce au nouveau coach Zoran Radojevic – qui connaissait là sa première expérience en tant que coach d’une équipe masculine –, ancien joueur du club qui insufflait une nouvelle philosophie de jeu. Basé sur « une défense plus solide », car « on peut gagner des matchs grâce à l’attaque, mais les trophées se gagnent avec défense », l’effectif a semblé soudé de bout en bout. Pas assez pour faire chuter le Handball Esch de son piédestal, mais de quoi tout de même avoir fait trembler le champion en titre toute une saison durant. Les pensionnaires du Um Dribbel auront-ils les moyens, une fois de plus, de lutter pour la plus haute marche du podium jusqu’au bout de la saison et de redevenir, après 2014 et 2018, champions de Luxembourg ? Réponse en mai 2024, après une nouvelle et longue saison d’AXA League. 

L’écart entre les équipes du haut et du bas de tableau s’estompera-t-il ? 

C’est la même histoire depuis des années : l’écart entre les cadors du championnat et les autres est immense – pour ne pas dire abyssal – et les confrontations entre les deux parties durant la première moitié de la saison ne donnent jamais lieu à des surprises. Ainsi, on voit régulièrement Esch, Differdange, Käerjeng, Berchem et Dudelange caracoler en tête du classement et se disputer les places européennes, ou le titre pour deux ou trois d’entre eux chaque saison, et les autres clubs tenter d’accrocher tant bien que mal une sixième place qui leur offrirait un ticket pour les playoffs et, dans le même temps, un maintien assuré. La saison dernière, Diekirch avait obtenu le précieux sésame que Mersch avait arraché une saison plus tôt. Pour les autres, c’est une deuxième partie de saison qui se joue un peu dans l’anonymat. Et au vu des premiers matchs de cet exercice 2023/2024, les choses ne sont pas près de changer. La faute, entre autres, à une différence de moyens, qui ne permettent pas aux clubs de lutter pour le haut de tableau. 

Verra-t-on une équipe aller loin en Coupe d’Europe ? 

C’est la question qui taraude l’esprit des quatre clubs qui participent à l’European Cup cette saison. Mais à l’heure où nous écrivons ces lignes, l’un d’eux a déjà été éliminé au premier tour : le HC Berchem. Les joueurs de Marko Stupar ont échoué dès leur entrée en lice face aux Autrichiens du Aon Fivers, et constituent désormais un espoir de moins pour le handball luxembourgeois en Europe. Käerjeng a passé l’obstacle estonien du HC Tallinn et verra au moins le deuxième tour, lors duquel il affrontera le club ukrainien du Motor (dont la particularité est d’avoir participé au championnat de deuxième division allemande), qui s’était hissé jusqu’en seizièmes de finale d’European League la saison dernière. La double confrontation aura lieu en octobre, au même moment que l’entrée en lice du champion en titre et du dernier vainqueur de la Coupe, Esch et Differdange. Le Handball Esch devra vaincre le VIF, club des îles Féroé, tandis que les Red Boys auront affaire aux Islandais de Vestmannaeyjar. Des déplacements et des clubs pas forcément très connus au Luxembourg, qui annoncent des matchs à l’issue plus qu’incertaine. En espérant revoir au moins l’un des trois clubs restants en Coupe d’Europe se qualifier jusqu’en seizièmes. La dernière fois que cela a eu lieu, c’était Esch, il y a deux saisons de cela, qui avait échoué aux portes des huitièmes de finale face à une équipe de Plzen logiquement supérieure.