S’il y a une certitude, c’est que le Fola sait surprendre. Depuis le début de saison, le club eschois a en effet vogué sa barque à des destinations où personne ne l’attendait. Opposé en campagne européenne contre le très modeste club de Tre Fiori, adversaire qui fleurait bon la qualification, le Fola était totalement passé à côté de la double confrontation, sortant sans gloire de la Conference League.
Avec un effectif encore une fois largement délesté de ses meilleurs éléments à la mi-saison, et une entame catastrophique en Europe, la saison semblait prendre un long chemin de croix pour Julien Klein et les siens. Pourtant, alors que les pronostics tablaient sur un championnat difficile, le Fola avait surpris son monde, débutant par deux succès et un match nul qui aurait mérité mieux face à Ettelbruck. Sept points sur neuf, un jeu cohérent et le sentiment qu’encore une fois, le troisième du dernier championnat allait renaître de ses cendres. Las, au moment où on pensait le club lancé, il s’est effondré. Une défaite sans véritablement lutter à Mondercange (3-0), une claque à Differdange (6-0), une nouvelle déception face à Mondorf (0-1) des suites d’une prestation non-récompensée, avant cette humiliation totale sur la pelouse d’Hesperange qui s’est régalé (8-1).
Pour Jules Diallo, les problèmes ont d’ailleurs véritablement commencé lors de la première défaite de la saison : « Le non-match à Mondercange a fait mal au groupe. C’est un tournant. Il nous met dans une spirale négative et a touché inconsciemment tout l’effectif ». Une chute sur le score de 3-0 qui sera suivi de trois autres, avant une trêve qui, selon l’attaquant, était fort nécessaire. « La trêve est arrivée au bon moment. Après la défaite face au Swift, mentalement, on était au plus bas. On a eu le temps de souffler après ce match. On a repris l’entraînement avec de meilleures dispositions ». Un avis partagé par Miguel Correia, intronisé T1 cette saison. « On a eu le temps de beaucoup parler, et cela a été très positif. Tout le monde doit comprendre que l’on doit fournir plus ». Un dialogue forcément nécessaire pour un groupe touché par ce déferlement de buts et cette impuissance offensive.
Comment expliquer un tel enchaînement de mauvais résultats ? Les avis, au sein du club eschois mettent bien la mauvaise série récente sur le coup d’une faillite mentale, et non technico-tactique. Et notamment de la difficulté de passer à une des équipes les plus offensives du championnat à un groupe qui doit apprendre à subir « C’est une nouvelle approche auquel il faut s’habituer et travailler dessus » confirme Correia. « Le jeu défensif n’est plus dans l’ADN du Fola. Il faut réussir à retrouver des valeurs qu’on utilisait plus avec Jeff Strasser et moins avec Sebastien Grandjean. Il va falloir s’adapter en fonction de certains adversaires et savoir changer notre état d’esprit ». Un premier changement tactique, qui peut aussi être difficilement assimilable pour les « anciens », habitués à jouer ces dernières saisons le podium ou plus. « Pour tout ceux qui ont vécu les dernières années où tu jouais pour le titre et participais aux compétitions européennes, se retrouver dans le bas du classement, cela peut être très frustrant » confirme Correia.
Reste enfin, selon l’entraîneur à trouver la bonne harmonie, dans un effectif dans lequel cohabitent jeunesse et cadres expérimentés de BGL Ligue. « Dans le vestiaire, il y a aujourd’hui beaucoup de jeunes et d’anciens et la symbiose ne s’est pas encore faite. Quand cela va un peu moins bien, on voit ces différences. Quand on arrivera à trouver le bon équilibre entre les différents profils, cela ira mieux » explique l’entraîneur.
Cet entraîneur justement. Fragilisé par ce début de saison délicat, se sent-il toujours l’homme de la situation ? À l’entendre, aucun doute, malgré une certaine usure mentale. « Forcément, je suis frustré au vu de ce qu’on a pu vivre ces dernières années au Fola. Le club a fait le choix de la continuité. C’est vrai que je n’ai pas forcément la fraîcheur que peut avoir un nouvel entraîneur qui vient d’ailleurs. Il peut y avoir une certaine forme de fatigue mentale après tout ce qu’on a vécu ensemble ces dernières années. Mais on reste sur un projet de formation avec beaucoup de jeunes et e pense être l’homme pour ce projet. On va s’en sortir et continuer de faire des bonnes choses. C’est un moment dur et il faut réussir à le dépasser ensemble. »
Une confiance en soi que partage Diallo, qui semble confirmer un soutien du groupe envers son coach. « On a un coach qui a des bonnes idées, qui aime le jeu, et c’est à nous d’appliquer ses consignes pour marquer plus de buts et de points ». Un besoin de résultats qui se fera au sein d’un effectif certes déplumé durant l’intersaison, mais qui, selon les dires du buteur, est absolument apte à mener à bien sa mission dans le championnat. « Quand je regarde l’effectif, je vois de la qualité. On a vraiment du beau monde. Il faut juste sortir de cette spirale négative. Avec des meilleurs résultats tout le monde va reprendre confiance et on va vite repartir de plus belle. Le problème est bien plus de l’ordre mental que footballistique aujourd’hui. Quand on regarde les jeunes joueurs qui sont talentueux, les cadres qui ont prouvé en BGL, on a de quoi faire… »
Une chose est certaine : la trêve, suivie d’un match de coupe est l’occasion idéale pour retrouver un semblant de confiance pour un groupe qui ne compte qu’un but marqué sur les cinq dernières journées. « Le match de coupe peut nous faire du bien » assure Jules Diallo. « Sans prendre Kehlen de haut, on va faire le maximum pour se remettre en confiance et revenir contre Dudelange avec des meilleures intentions. »
Car c’est le F91 qui se dressera faux aux folamen à l’heure de reprendre la BGL Ligue. Un adversaire à l’appétit gargantuesque cette saison, et qui a remporté l’intégralité de ses matchs en championnat. L’occasion idéale pour l’attaquant de montrer que la trêve a porté ses fruits, et que le club est reparti sur des bases bien plus saines : « C’est la meilleure des choses de reprendre face à Dudelange. On a besoin d’un match référence, d’un déclic mental. On a aussi besoin de points dans un championnat très compétitif où tout le monde peut battre tout le monde.»
Premiers éléments de réponse ce week-end, face à Kehlen, avant un choc, un vrai, contre le F91 Dudelange. Qui pourrait récompenser deux semaines de travail sans matchs, ou définitivement plongé le Fola dans la crise.
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