Sans même savoir s’ils évolueront en BGL Ligue ou en Promotion d’Honneur, Vítor Pereira et son staff ont été séduits par le projet de Bissen. Entretien avec un romantique du football qui pense projet avant prestige.
Jamais Vítor Pereira ne répond par « je » : il réfléchit et vit avec son staff. Bourreau de travail et perfectionniste, capable d’analyser un adversaire dans le détail jusque tard dans la nuit, le coach portugais est aussi un romantique du football qui a su séduire le président du FC Atert Bissen et se laisser convaincre par un projet ambitieux.
Le club de l’Atert Bissen a officiellement annoncé que vous serez le coach de l’équipe première la saison prochaine. On peut s’interroger sur le timing de l’annonce faite par le club, n’aurait-elle pas pu attendre une semaine de plus et le résultat du match entre l’Atert et Kaerjeng ?
Vitor PEREIRA : On voulait retarder au maximum l’information, c’était important de laisser les entraîneurs et l’équipe concentrés sur leur travail. Mais voilà, maintenant que tout le monde le sait, on fait avec et le club doit rester focus sur son objectif qui est la montée en BGL. Le comité a fait son travail, les joueurs aussi. Mais le Luxembourg est petit, tout le monde parle (Rires) !
Qu’est-ce qui vous a convaincu dans le projet du président Carlos Teixeira ?
La situation nous a permis à moi et mon staff de bien analyser les propositions. On s’est posé et on a bien réfléchi sans se presser après un an et demi de travail intensif [ndlr : à l’UNA Strassen]. On a pris le temps de se remettre en question, d’analyser avec recul certaines situations et le championnat. On a aussi profité de ce temps avec la famille, et au final, ce qui nous a décidés, c’est la marge de progression énorme de ce club. Avec bien sûr les ambitions du président.
On imagine que les infrastructures du Klengbousbierg ont aussi joué un grand rôle dans votre prise de décision ?
Je ne vais pas vous mentir, en tant qu’entraîneur, c’est même le numéro 1 ! Je vois des entraîneurs qui mettent en place une idée de jeu en été… Mais ils oublient qu’en hiver, avec leur terrain, ils seront obligés de casser les lignes, ils ne pourront pas prendre de risque ! Je l’ai vécu plusieurs fois. Avoir des structures qui te permettent de développer ton idée sur la durée, ça aide énormément ! C’est l’un des meilleurs gazons au Luxembourg. Sans parler des salles de gym, de l’appui de la commune… Les structures peuvent faire émerger des objectifs ; tu peux avoir des idées et un plan, si tu n’as pas de structures, tu resteras bloqué. Peu importe de ne pas être sûr de jouer en BGL Ligue, nous ne sommes pas dans le football pour le prestige ou l’argent. On y est pour aider à développer le foot, améliorer avec des présidents et des comités qui ont besoin d’aide. Ramener notre expérience et la mettre au service des ambitions, avec une structure comme celle-là : on a dit « oui » !
Ne pas savoir si vous officierez sur les bancs de PH que vous avez connue (avec Steinsel, Mamer ou Sandweiler) ou de BGL Ligue (Strassen, Rodange), est-ce que ça change votre perception ou votre préparation ?
La BGL Ligue est vraiment un monde à part par rapport à la PH. Surtout en termes d’organisation. Si on veut se maintenir dans l’élite sur plusieurs années, il faut une gestion parfaite. Si on n’a pas le budget, pas de marge d’erreur, il faut une qualité de travail énorme. Et sur ce point-là, quand le président te met à l’aise pour s’organiser selon une mentalité de BGL même si on était amené à rester en Promotion, ça change tout. Alors évidemment, si on reste en PH, on jouera notre saison avec beaucoup d’humilité, malgré nos ambitions. Car non seulement il faut savoir respecter le foot et le championnat, mais aussi se souvenir que la marge d’erreur est minime et qu’il faut beaucoup de travail.
Un travail avec des joueurs que vous avez déjà en tête pour renforcer le groupe ? Vous avez une idée de l’ossature de l’effectif que vous aurez à disposition cet été ?
Si le groupe fait la saison qu’ils sont en train de faire, de base on a un effectif de qualité ! Il faut saluer le travail de Pedro [ndlr : Teixeira]. Maintenant, on est en train d’étudier, d’analyser les plus et les moins… Là on arrive dans des semaines d’écoute de l’entraîneur actuel, d’étude. Et on va essayer de ramener des joueurs dans les idées qu’on va établir et qui vont nous aider. J’ai plusieurs noms en tête, mais dans les négociations, il y a des virages énormes… On pense une chose, deux jours après c’est l’inverse, des joueurs sur lesquels on comptait finalement ne restent pas… Avec les JT, les premières licences, c’est digne d’une étude d’ingénieur ! Bien sûr que de notre côté, on sait de quelle manière on envisage le jeu. On va essayer d’avoir les joueurs qui correspondent et il y aura des adaptations.
Avec deux joueurs très importants pour cette saison de Bissen mais qui ont de l’âge, Dani Da Mota (39 ans) et Fine Bop (35 ans) ?
Ça me rappelle l’histoire de Vova, quand je l’ai fait venir à Strassen. Tout le monde me disait « oui mais attention, il a déjà un certain âge »… Mais ce que je pense, c’est que la qualité n’a pas d’âge. Que tu aies 16 ou 40 ans, ce qui compte c’est ce que tu montres sur le terrain. J’avais mis Lukas Sever titulaire à 16 ans, et si à 40 ans Dani peut se donner même pour une saison, bien sûr que j’aimerais compter sur lui !… Dani Da Mota est un joueur qui prend soin de sa forme, et quand on voit l’intensité qu’il est capable de mettre sur 90 minutes, c’est quelque chose de remarquable. Fine Bop, je le connais depuis des années [ndlr : Pereira l’avait fait venir du Racing à Sandweiler alors qu’il avait un souci administratif]. Même s’il est moins performant cette saison, c’est l’un des grands buteurs du Luxembourg. C’est un joueur à maintenir à Bissen : je vois le cadre autour de ce style de joueurs !
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