Jeune promesse du demi-fond luxembourgeois, Vivien Henz commence à faire parler de lui avec insistance. En attendant de revenir en Europe pour les compétitions estivales, le coureur de 18 ans fréquente une des universités les plus prestigieuses au monde, celle de Harvard.
Vivien Henz est un jeune homme pressé. À 18 ans, il cumule déjà quatre titres de champions du Luxembourg et une 7e place lors des Championnats du monde U20 disputés à Cali en août 2022. Le demi-fondeur, spécialiste du 1 500 m, est certes un coureur accompli, mais c’est également un étudiant brillant qui s’est frayé un chemin jusqu’à l’une des plus prestigieuses universités au monde, celle de Harvard dans l’État du Massachusetts.
Avant d’entrer dans les détails, voici une petite présentation par l’intéressé en personne : « J’ai un père luxembourgeois et une mère française, je fais de l’athlétisme depuis l’âge de douze ans, et j’étudie aux États-Unis. » C’est devant les Jeux olympiques de Londres en 2012 que le jeune Vivien a un véritable coup de foudre pour l’athlétisme : « Je regardais cela à la télé, et en voyant Usain Bolt courir le 100 m, je me suis dit “c’est ce que je veux faire”. À l’époque, je jouais au foot, mais je n’étais vraiment pas bon. Cela ne me plaisait plus trop et j’avais envie de courir. »
Mais ce n’est pas sur les courtes distances que Vivien Henz va s’épanouir, loin de là : « Au début, je pensais que j’étais un sprinteur, mais cela m’est vite passé (rires). Je me suis donc dirigé vers le 800 m et le 1 500 m », précise-t-il. Licencié au club d’athlétisme de Metz afin de participer à des courses plus importantes de l’autre côté de la frontière, Vivien Henz avait également l’embarras du choix au niveau de sa nationalité sportive. Pourtant, il n’a jamais hésité pour choisir quel pays représenter : « C’était un choix facile. Je suis né au Luxembourg, j’ai grandi au Luxembourg. Je me sens plus luxembourgeois que français. »
Comme Josy Barthel
Au début du mois de février, lors du meeting international de Boston, Vivien Henz faisait à nouveau parler de lui. Cette fois en faisant tomber un record du Luxembourg qui datait de… 1954, en abaissant la marque de référence sur la distance du mile, peu usitée de notre côté de l’Atlantique, la faisant passer de 4:07.5 à 3:57.47. Un record qui appartenait à Josy Barthel, la légende de l’athlétisme au pays, lui aussi spécialiste du 1500. Des similitudes qui ne s’arrêtent pas là puisque le seul médaillé d’or aux Jeux olympiques de l’histoire du pays a lui aussi fait des études de chimie à… Harvard : « Le record de Josy Barthel ? C’est bien au niveau symbolique, mais cela ne me parle pas plus que ça », lâche l’adolescent.
Seul luxembourgeois dans l’institution universitaire séculaire, Vivien Henz explique comment il a réussi à se faire une place au soleil dans le Massachusetts : « Ce qui m’a beaucoup aidé afin de rejoindre Harvard, c’est d’avoir fréquenté l’école internationale à Luxembourg. J’ai évolué dans un milieu anglophone, et j’avais des copains et des profs américains. Donc je connaissais le processus d’admission pour entrer dans les facs américaines. Après, j’ai envoyé un mail au coach d’athlétisme de Harvard, on a discuté, et c’est lui qui m’a recruté. » Comme dans la plupart des grandes universités américaines, les moyens alloués au sport universitaire sont exceptionnels (voir encadré) : « On a notre piste indoor, une salle de récupération, un physio juste pour nous, le tout à côté du stade. Tout est centralisé, donc ça limite la perte de temps et améliore l’efficacité », détaille Vivien Henz.
À Harvard, le jeune étudiant envisage de se spécialiser dans les domaines relatifs à la politique ainsi qu’à l’économie, pour plus tard œuvrer dans l’adaptation au changement climatique. Entre les cours et le sport, le Luxembourgeois a en tout cas un programme chargé au quotidien : « Au niveau des cours cela dépend ; ceux qui font de la physique ont plus de travail que ceux qui font de la biologie, par exemple. Mais je n’ai jamais dû sacrifier un entraînement pour l’école. Je n’ai pas beaucoup de marge de manœuvre, j’ai beaucoup de travail, la charge est élevée, cela reste Harvard. Mais si on ne procrastine pas, il n’y a pas de problème. Je peux tout caser dans une journée qui débute à 8 h et se termine à 22 h. Cela fait de longues journées, mais c’est faisable. »
Objectifs mondiaux et J.O.
À l’entraînement six jours sur sept, avec un jour de repos, Vivien Henz se fixe des objectifs ambitieux pour cette année 2023, mais aussi 2 024 : « L’année scolaire se termine à la mi-mai, et je reviens en Europe à ce moment-là pour les courses estivales. Je n’ai pas encore de planning, mais je dois faire les Championnats d’Europe U20. » Outre cette compétition qui se déroulera à Jérusalem, en Israël, du 7 au 10 août prochain, Vivien Henz vise également une participation aux Championnats du monde du 19 au 27 août à Budapest.
Les prochains J.O. sont aussi dans le viseur du runner : « J’ai envie de me qualifier aux Jeux olympiques de Paris et d’y être compétitif. Les minimas sont de 3:34, j’ai un record personnel à 3:38 ». Outre Charles Grethen, le Luxembourg pourrait donc, grâce à Vivien Henz, avoir deux représentants sur le 1 500 m lors des JO de Paris. La jeune promesse de l’athlétisme grand-ducal a en tout cas de beaux jours devant lui et pourrait bien devenir le fer de lance du demi-fond au pays lors de la prochaine décennie. Cela tombe bien, les J.O. 2028 auront lieu à Los Angeles, désormais pays d’adoption du jeune sportif.
Harvard, culture de l’excellence
Plus ancien établissement d’enseignement supérieur des États-Unis (fondé en 1636), l’Université de Harvard a vu défiler de nombreux futurs prix Nobel (160), des médaillés Fields (18), des lauréats du prix Turing (14), des récompensés aux Oscars (10), des prix Pulitzer (48), mais également 108 médaillés olympiques, dont 46 avec de l’or autour du cou. Citons les exemples récents du basketteur Kyrie Irving (médaillé d’or à Rio 2016) ou encore de la sprinteuse Gabby Thomas (en bronze à Tokyo sur 200 m).
Car l’enseignement de l’excellence façon Harvard se traduit également au sein de son équipe sportive, le Crimson. Et pour cela, le club omnisports de l’université dispose d’installations impressionnantes comme le Lavietes Pavilion, salle où évoluent les équipes de basket, mais aussi le Malkin Athletic Center, énorme complexe qui comprend une piscine olympique, une piste de cyclisme et un centre pour le volley-ball, l’escrime et la lutte.
Le football américain occupe lui aussi une grande place dans la vie sportive de l’institution, avec notamment la fameuse rivalité entre Harvard et Yale. Les deux universités s’affrontent chaque automne depuis 1875 dans ce que l’on appelle « The Game ». La rivalité entre Harvard et Yale s’exprime également lors de la course d’aviron qui a lieu au mois de juin sur la River Thames, dans le Connecticut.
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