Ce qui saute immédiatement aux yeux quand l’on visite le Conservatoire National de Véhicules Historiques, c’est la façade du musée. À première vue anonyme parmi les autres bâtiments de la rue de Stavelot à Diekirch, elle attire directement l’attention quand on y regarde de plus près, d’abord par l’enseigne murale « Wagner » qui a survécu à l’épreuve du temps, et ensuite surtout par l’architecture générale qui nous rappelle une toute autre époque, depuis bien longtemps révolue.
« C’est l’un des tous premiers garages qui a été fabriqué à partir de béton armé et qui ne comporte donc pas de poutre porteuse au milieu de la façade », nous expliquait Georges Carbon, le président du conservatoire. « C’est peut-être le seul garage de cette architecture qui a subsisté au Luxembourg. C’est ce qui le rend si intéressant et qui en fait une partie de notre patrimoine national. »
Le garage Wagner a habité ces lieux de 1871 à 1997. Jean Wagner, celui que l’on surnommait dans la région « Jean-répare-tout », puisqu’à l’aide de ses fils, il pouvait réparer une calèche sans devoir passer par un autre artisan, s’y était établi et y avait développé son activité. Conséquence de la révolution industrielle, les chariots qu’il concevait et réparait furent remplacés par des véhicules motorisés. L’entreprise familiale fut transmise de génération en génération et devint une concession Mercedes qui déménagea dans la zone industrielle de Diekirch. L’avenir de ce patrimoine à l’architecture si particulier était en danger.
Mais heureusement, il a été sauvé. « Des amateurs luxembourgeois d’oldtimers se sont alors regroupés et ont reçu l’aide de la ministre de la Culture et de la Commune de Diekirch pour créer un musée de l’automobile dans ces murs. En 2003, le musée a alors ouvert ses portes », nous relatait Georges Carbon.
À la base, le conservatoire était un musée classique. La surface était divisée en plusieurs époques, illustrées par des véhicules de cette période-là. Mais depuis 2020, sous la houlette de Georges Carbon, le concept a évolué. « Si on va dans un musée plusieurs fois et qu’on voit toujours la même chose, cela devient lassant après un certain temps », argumentait-il. Ainsi désormais, c’est par des expositions de six mois que le conservatoire se met désormais en évidence.
La première exposition a commencé en 2020 et était très spéciale, comme nous l’expliquait le président : « Elle a commencé en fin d’année 2020 pour terminer en été 2021 et traitait de la marque Mercedes-Benz et sur le Mercedes-Benz Club Luxembourg qui venait de fêter ses 20 ans d’existence. Mais l’exposition couronnait également deux autres anniversaires. Le garage Wagner avait été ouvert en 1871 et fêtait ainsi ses 150 ans. De plus, Carl Benz avait déposé en 1886 son premier brevet pour son tricycle motorisé. C’était donc une occasion très spéciale, d’autant plus que depuis le déménagement du garage, c’était la toute première exposition Mercedes-Benz dans ces locaux. »
À ce retour aux sources succédait ensuite une exposition sur les 100 ans de l’agriculture motorisée au Luxembourg, qui pour le président du conservatoire sonnait comme une évidence : « Un véhicule n’est pas nécessairement une voiture. Ça peut être un camion, un vélo, une calèche ou un tracteur. De plus, Diekirch se situe dans l’Ösling et possède une école agricole. On a donc très rapidement eu l’idée de créer une exposition sur les tracteurs. On a alors contacté quelques agriculteurs et collectionneurs et très vite, l’idée s’est matérialisée. »
Les premières machines agricoles étaient arrivées au Luxembourg vers 1920. Malgré un accueil sceptique au départ en raison de l’investissement conséquent qu’il fallait consentir, la machine allait très vite remplacer le cheval dans nos contrées et le Luxembourg allait connaître ses propres constructeurs à l’image de la famille Hentges qui créa la marque Lux-Trac et conçut ses propres tracteurs à Ettelbruck. L’un de leurs modèles était d’ailleurs exposé dans le musée.
L’exposition a pris fin ce weekend. Le musée ferme donc ses portes pendant une semaine, mais reviendra dès novembre avec une exposition qui satisfera à n’en point douter les fans de sports mécaniques. « La prochaine exposition portera sur la Renault Alpine et sera intitulée ‘Les Alpines en compétition et sur la route’. C’est un contre-pied total à l’exposition sur l’agriculture motorisée. Alpine est une marque qui est récemment revenue à l’avant-plan, quand elle a repris le flambeau à Renault Sport après une absence de 14 ans. À la base, Alpine tire son origine de Jean Rédélé qui a participé à des courses automobiles en Renault. Il voulait une voiture plus performante et a donc modifié sa Renault pour gagner en vitesse. De là est née la marque Alpine. Elle a créé des modèles absolument emblématiques, à l’image de l’A110, qui ont eu beaucoup de succès dans le sport mécanique. C’est ce que nous allons exposer à partir de novembre », se réjouissait Georges Carbon.
Trouver des véhicules n’a pas été chose aisée pour le comité du Conservatoire National de Véhicules historiques, puisque l’ambition était de trouver des voitures avec un pédigré et un palmarès. En effet, d’un côté, un certain nombre de voitures a été accidenté et n’est pas parvenu à notre époque, tandis que celles qui ont survécu appartiennent à des collectionneurs qui ne sont pas nécessairement favorables à l’idée d’exposer leurs joyaux à quatre roues dans un musée. Mais cette difficulté a été surmontée. « C’est justement ce qui rend notre travail passionnant », souriait Georges Carbon, « Nous mettons tout en œuvre pour offrir au visiteur une agréable et intéressante visite qui plaira à tout le monde ».
Les fans de l’emblématique voiture bleu électrique savent où aller à partir de novembre. La visite se fait à un prix très démocratique de cinq euros pour un adulte et trois euros pour enfants de plus de dix ans et étudiants. Compris dans le prix de la visite du Conservatoire National de Véhicules Historiques, vous pourrez également visiter le musée de la bière Diekirch. Mais n’oubliez pas, boire ou conduire, il faudra choisir.
Andy Foyen
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