Nicolas Perez : « Un des plus beaux buts de ma carrière »

Auteur d’un des plus beaux buts de la saison ce week-end face au Progrès, Nicolas Perez a été déterminant dans la victoire capitale de l’UNA Strassen. Cette reprise de volée folle, la course à l’Europe, et le titre du meilleur buteur : l’attaquant n’élude aucun sujet dans cette interview.

On a l’impression que ça va beaucoup mieux depuis quelques matchs du côté de Strassen… Comment expliques-tu ce coup de moins bien que vous avez vécu à la reprise ?

Il y a beaucoup de facteurs qui sont rentrés en compte. La première partie de saison, on surfait sur une certaine euphorie et la trêve nous avait fait beaucoup de mal vis-à-vis de ça. La quasi totalité des joueurs travaille au sein de cette équipe, et on est sûrement sorti de notre état d’esprit. La dynamique a été cassée. La trêve hivernale est longue ici, et je pense qu’elle nous a fait plus de mal que de bien. Enchainer match après match sans se poser de questions, c’était ce qui faisait la force de cette équipe. Et cette pause nous a peut-être fait trop réfléchir, trop cogiter. Pour se remettre dans le bain, cela a été compliqué.

Est-ce que l’excellente première partie de saison a pu jouer dans vos têtes, et paradoxalement perturber votre reprise ?

En toute honnêteté, je pense que cela a joué sur le groupe inconsciemment. Si on demande aux joueurs « est-ce que vous vous êtes mis la pression ? », tout le monde répondra non. Mais cela a dû être un facteur à mes yeux. Il ne faut pas oublier qu’on est un groupe assez jeune, et Strassen n’a pas nécessairement l’habitude de jouer les premiers rôles. En regardant le classement, cela va vite à se dire « on n’a plus le droit à l’erreur », et donc de proposer un football moins spontané, ce qui faisait notre force. J’ai essayé d’accompagner le groupe et les jeunes, mais certaines choses, on ne peut vraiment les empêcher d’influer. Mais c’est certain que quand on voit les premières rencontres qui étaient contre Mondorf, Rosport, Ettelbruck et Differdange… En première partie de saison on aurait pris 8 ou 9 points, et là on n’en a engrangé que deux… Au niveau comptable, c’est sûr qu’on s’est loupé. Il n’est pas impossible que l’on se soit aussi vu trop beau, et ce mauvais départ est une bonne piqure de rappel que l’on doit toujours donner pour engranger.

Est-ce que le match contre le Fola, excellent en termes de contenu a pu jouer le rôle de déclic ?

Déjà à Differdange, dans le contenu, c’était intéressant. Même si on perd, on avait retrouvé en grande partie notre jeu, notre motivation, notre état d’esprit. Et en effet, la rencontre face au Fola a sûrement confirmé ce déclic. On fait 0-0, mais je n’ai pas peur de le dire, on doit gagner ce match. On a eu de vrais faces à faces qu’on a malheureusement raté, et on aurait du repartir avec trois points, mais le contenu a été excellent.

Et vous enchaînez avec une victoire capitale face au Progrès…

Face au Progrès, encore une fois, on a déroulé une excellente partition. Oui, ils ont eu beaucoup de situations, mais cela n’était pas nécessairement de grandes occasions, même si la domination était assurément de leur côté. Ils ne nous ont pas posé le maximum de souci, même s’il faut souligner que Koray Ozcan a encore fait un énorme match.

On va revenir sur ce but phénoménal… Qu’est-ce qui se passe dans ta tête ?

On récupère le ballon assez haut, et on se lance en contre. Une passe vers Babit en profondeur est contrée, je suis derrière à l’affût. Le ballon vient directement vers moi, et je ne me suis pas posé de questions. Je suis un grand amoureux des reprises de volée, donc moi généralement, un ballon en l’air, c’est boom (rires) ! Je n’ai pas particulièrement analysé la position du gardien, je l’ai juste bien senti. Mais c’est certain que c’est l’un des plus beaux buts de ma carrière.

Nul au Fola, victoire contre le Progrès qui était invaincu depuis douze rencontres… Est-ce qu’on peut parler à nouveau de l’Europe comme un objectif du côté de l’UNA ?

Ce n’est pas l’objectif principal, et ce n’est pas ce que l’on se dit dans le vestiaire. Quand on joue sans complexe, sans se prendre la tête, c’est là qu’on est les meilleurs. Evidemment, on a tous l’Europe dans le coin de la tête, mais ça n’est pas notre raison de vivre. Je parle ici honnêtement, ce n’est pas de la langue de bois : on ne se prend pas la tête avec ça. Encore une fois la force de ce groupe, c’est de prendre du plaisir lors de chaque rencontre, rentrer sur le terrain avec l’objectif des trois points, et voir derrière. On a réussi à créer un groupe dans lequel tout le monde est content de venir à l’entraînement, de retrouver les coéquipiers, et de jouer au football. C’est là-dessus qu’il faut continuer de s’appuyer, et on fera le bilan en fin de saison.

Depuis le début de saison, que cela soit face à Dudelange, le Progrès, le Fola, le Swift, vous avez toujours réussi à vraiment titiller les grosses équipes, et avec plus de difficultés face aux plus modestes… Tu te l’expliques comment ?

À mon avis, quand on joue les équipes plus modestes du championnat, on est trop focalisé sur l’objectif de marquer, et moins sur le développement de notre football. On se précipite un peu trop. Notre point fort c’est de rester très compact collectivement, et avec la qualité offensive que l’on a, trouver des solutions en jaillissant dès qu’on peut. Face aux petites équipes, le rapport est inversé : c’est eux qui mettent le bloc, et nous avons alors des difficultés à les percer, et on peut se précipiter.

Est-ce que le titre de meilleur buteur, c’est quelque chose auquel tu penses ?

Je ne vais pas mentir : évidemment que c’est un objectif. Mais comme je le dis à tout le monde autour de moi, ça n’est pas du tout une obsession. Il y a cinq ans, j’aurais peut-être été bien plus obsédé, à regarder si les autres meilleurs buteurs potentiels ont planté pendant le week-end. Mais à 31 ans, avec un peu d’expérience, honnêtement, même si je sais que cela va sonner comme des phrases classiques, je suis bien plus focalisé sur les résultats collectifs. Si on prend douze points sur douze et que je marque zéro buts, je serais bien plus heureux que si on en prend que sept mais que j’ai planté quatre fois. Le collectif est le plus important. Mais si je suis honnête, je pense que cela m’est peut-être un peu monté à la tête à la reprise. Je pensais trop au besoin de scorer, ce qui a pu être préjudiciable. Je voulais marquer absolument, à forcer certaines situations. Alors que, quand on regarde les derniers matchs où je refais mes décrochages, où je cherche la bonne passe, le contenu est bien meilleur. J’ai assez d’expérience et de maturité pour me rendre compte que c’est précisément en étant obsédé par ce titre, que je risque de ne pas l’avoir.

Est-ce que tu as un favori pour le titre ?

Avant ce week-end, j’aurais dit Hesperange. Mais j’ai été les voir hier, et je suis peut-être un peu moins convaincu. Mais je pense que cela va se jouer entre le Swift et Dudelange. Le championnat est très étrange cette saison, dans lequel tout le monde peut battre tout le monde. Mais allez, si je dois vraiment donner un club, je dirais Hesperange. Sur les dix derniers matchs, je ne les vois pas faire de nouveaux faux-pas, à part contre Strassen la semaine prochaine (rires) !

Dernières nouvelles